Chevriers
Flambée des prix : « on ne maîtrise plus rien »

Dans le cadre de son assemblée générale, l’association des chevriers de la Loire a presque fait carton plein. Pas moins de 25 de ses membres y ont participé lundi 28 novembre. La journée se déroulait dans le Pilat et se divisait en deux parties : assemblée puis visite d’une exploitation.

Flambée des prix : « on ne maîtrise plus rien »
Agnès Chazelle, présidente de l’association des chevriers de la Loire et Philippe Allaix, conseiller élevage caprin et ovin à la Chambre d’agriculture de la Loire, ont présenté les différents rapports de l’assemblée générale, ainsi que la conjoncture économique sur les systèmes caprins.

Anciennement syndicat des éleveurs caprins, l’association des chevriers de la Loire est le nouveau nom attribué à l’organisme présidé par Agnès Chazelle : « Nous avons revu notre statut et notre dénomination, car nous avions l’impression que ”syndicat” était trop orienté et cela ne nous représentait pas. Nous nous voulons éleveurs de chèvres toutes races et origines confondues, sans distinctions ni politiques ou syndicales », introduisait-elle.

A l’heure des différents rapports propres à toute assemblée générale – moral, d’activité et financier –, la présidente dressait un bilan contrasté de l’année écoulée, « compliquée comme les dernières ». Sur le plan climatique, la sécheresse au printemps a engendré une forte irrégularité entre les différentes zones et parcelles : « Rien n’était stable et garanti d’avance, que ce soit sur le plan de la qualité comme de la quantité ». Avec un été très chaud et sec ensuite, la plupart des stocks d’hiver ont été bien entamés, « car il nous fallait nourrir nos bêtes et on n’avait plus rien », poursuivait Agnès Chazelle.

Avant d’ajouter : « Bien que nos chèvres aient l’avantage de supporter plus facilement la chaleur que l’humidité, la situation restait tout de même compliquée. Car des questions que l’on ne se posait pas auparavant ont été mises sur le tapis, comme par exemple de savoir si nos bâtiments sont toujours bien équipés pour résister à des chaleurs pareilles. » Toutefois, l’automne a, en revanche, permis aux éleveurs de rattraper la situation : « s’il n’y a pas eu d’eau en grande quantité, elle est tombée quand il fallait, ce qui aura permis de refaire un peu de stocks dans le département ».

Mais une autre préoccupation, de l’année comme pour l’avenir, semblait être dans toutes les têtes : la flambée des prix depuis un an. « On ne maitrise plus rien, on ne sait pas où l’on va, mais on est conscient de la grande augmentation des coûts en termes d’aliments et d’énergies », déclarait la présidente de l’association. En contrepartie de ces aléas, les chevriers ont évoqué une bonne production de lait, où « les animaux ne s’en portent pas plus mal lorsqu’il fait sec. Leur production l’a bien montré », nuançait Agnès Chazelle.

Côté activité, l’association s’est réunie trois fois cette année (janvier, avril et septembre), avec notamment la finalisation de l’évolution des statuts. S’il n’y a pas eu de concours de fromages cette année, il devrait avoir lieu en 2023 à Saint-Héand. « Devrait », car tout reste à préciser et à organiser. Par ailleurs, un calendrier ”spécial caprin” pour 2023 a également été réalisé par et « aux frais du syndicat caprin », précisait la présidente. Du côté des finances, le rapport a fait état de 3 153 euros de produits et de 3 893 euros de charges, conduisant à un résultat déficitaire de 740 euros.

Conjoncture économique et cas types

Au terme de la présentation des différents rapports, Philippe Allaix, conseiller élevage caprin et ovin à la Chambre d’agriculture de la Loire, rendait compte de l’incidence de la conjoncture économique sur les systèmes caprins.  A commencer par relever la hausse du prix de vente du lait de mi-2020 à mi-2022 et celle du prix des matières premières.

Le conseiller a ensuite présenté différentes simulations de résultats basées sur les cas types des réseaux d’élevage Inosys (Idele – Chambre d’agriculture). Trois d’entre eux (selon les productions) ont ainsi été passés au crible pour ensuite donner des pistes d’amélioration d’adaptation au contexte. Celles dédiées aux exploitations caprin laitier ”avec pâturage” et ”en zéro pâturage” se veulent semblables, à savoir : éliminer les animaux improductifs ; produire du fourrage de qualité ; maîtriser les charges de concentré ; travailler sur la génétique ; optimiser les charges de structure. Seule différence notable et logique : optimiser le rendement à l’hectare avec un pâturage tournant pour l’exploitation en pâturage. Dernier cas-type, le caprin fromager moyen, outre les pistes déjà évoquées, doit travailler sur le rendement fromager ; calculer son prix de revient pour établir le prix de vente ; pâturer le plus possible ; travailler sur ses modes de commercialisation et pâturer le plus possible.

Au cours de l’après-midi, les membres de l’association se sont ensuite rendus chez la famille Rouchouze, au Gaec du Vernollon à Colombier. Cette visite au sein d’une exploitation laitière en Agriculture biologique (AB) – 170 chèvres, 53 hectares de SAU, dont 30 de terres labourables, système en pâturage – aura permis de clore la journée avec un exemple concret.

Axel Poulain