David Duperray
IBR : « Il est urgent d’agir, dans l’intérêt de tous »

Le président du Groupement de défense sanitaire (GDS) de la Loire revient sur la gestion des cas d’IBR décelés l’hiver dernier dans des élevages bovins et sur l’intérêt des contrôles à l’introduction d’animaux dans le troupeau.

IBR : « Il est urgent d’agir, dans l’intérêt de tous »
Le GDS de la Loire encourage le contrôle à l’introduction pour rechercher l’IBR, mais il ne faut pas oublier les autres maladies.

Pourquoi l’équipe du GDS de la Loire a-t-elle fait le choix de mesures strictes pour la gestion de l’IBR ?

David Duperray, président du GDS 42 : « La LSA (Loi de santé animale) est une loi européenne qui s’appliquera totalement en 2026. Tous les élevages devront être qualifiés “ indemnes d’IBR “ à cette date, sinon les contraintes commerciales s’appliqueront. Dans la Loire, nous avons fait un travail sérieux et rigoureux vis-à-vis de l’IBR ; cette loi nous conforte dans nos décisions. Des animaux positifs ont quand même été trouvés l’hiver dernier dans des cheptels ligériens. Plus on se rapprochera de 2026, et plus ce sera risqué. Nous avons donc tout intérêt à accélérer pour assainir les troupeaux. Il est urgent d’agir collectivement, dans l’intérêt de tous. »

Comment les cas d’IBR de l’an dernier ont-ils été gérés ?

DD : « Les éleveurs dont le troupeau a été contaminé n’ont pas fait d’erreur flagrante. Les animaux l’ont probablement été par manque de rigueur dans certaines régions. La preuve que, même en travaillant bien, un élevage n’est pas à l’abri d’être contaminé. Il faut aussi savoir qu’il y a eu des cas positifs dans des élevages où aucun animal n’avait été acheté. Certaines contaminations sont difficiles à expliquer. Une chose est sûre, plus la pression virale est abaissée, plus la situation est sécurisée.

A la suite de la découverte de ces cas positifs, le GDS a aidé financièrement les éleveurs pour éliminer les animaux positifs, mais c’est tout l’élevage de la Loire qui a finalement été aidé. Plus des animaux positifs sont gardés dans les élevages, plus le risque de contaminer les voisins augmente. Mais on n’élimine pas 80 ou 90% de son troupeau en un jour. C’est pour cela que le GDS a mis des protocoles en place pour protéger le voisinage. Dans le doute, certains éleveurs ont recontrôlé des animaux dans l’année, entre les deux prophylaxies. Aucun nouvel élevage du voisinage n’a été déclaré positif. Nous avons réussi en mettant de l’argent et de la rigueur. Tous les élevages où les animaux positifs avaient été trouvés en 2020-2021 sont dans une démarche de requalification. Les éleveurs ont compris l’intérêt de requalifier leur troupeau, même si ce n’est pas facile d’éliminer des animaux. Il leur a fallu plus ou moins de temps pour accuser le coup, le GDS a travaillé avec eux »

Est-ce que des cas positifs ont été retrouvés dernièrement ?

DD : « Le GDS a eu à prendre des décisions dans le courant de l’hiver 2020-2021 : alors qu’il était possible d’alléger le protocole des prophylaxies, la Loire a été le seul département à ne pas le faire. Je remercie d’ailleurs au passage les membres du bureau et du GDS pour avoir regardé avant tout l’intérêt du collectif. Alléger les prophylaxies signifie faire des économies sur le court terme ; ne pas le faire signifie avoir une vision à long terme. Au cours de la nouvelle campagne de prophylaxies, des cas positifs d’IBR ont été trouvés. Si les prophylaxies avaient été allégées, nous serions peut-être passés à côté de ces animaux. Nous avons donc eu raison de ne pas aller dans cette direction. Il faut savoir que des départements ont fait le choix d’alléger les prophylaxies, alors même que l’IBR est présent dans les élevages de ces départements. Les éleveurs doivent donc être vigilants s’ils y achètent des animaux. »

Quelle est la conduite à tenir pour un éleveur qui aurait des cas d’IBR dans son troupeau ?

DD : « Un éleveur qui aurait un ou plusieurs animaux positifs n’a pas 50 solutions : il doit les éliminer rapidement, ceci dans l’intérêt du collectif. L’IBR peut arriver à tout le monde. Ce n’est pas honteux. L’éleveur ne doit pas hésiter à prévenir ses voisins pour gérer intelligemment la situation. Le GDS ne peut pas prévenir les voisins, mais il répond présent si l’éleveur a besoin d’un accompagnement dans la gestion de la maladie. Par contre, les éleveurs qui ont des animaux positifs et qui ne souhaitent pas les éliminer doivent assumer en totalité les coûts liés à l’IBR. Tout comme les éleveurs qui ont délibérément fait des erreurs. Le GDS joue le jeu du collectif quand l’éleveur fait bien les choses. »

Comment faire pour éviter que l’IBR n’arrive dans un troupeau ?

DD : « L’IBR est encore présent sur le territoire français. Avec l’allègement des prophylaxies, nous ne sommes pas à l’abri de passer à côté de quelques cas. Le contrôle des animaux à l’introduction dans le troupeau est donc indispensable. Il faut continuer les efforts pour faire des économies demain. Les responsables du GDS reconnaissent que cela engendre des coûts supplémentaires, mais le cheptel ligérien est sain et il doit le rester. Le GDS encourage le contrôle à l’introduction pour rechercher l’IBR, mais il ne faut pas oublier les autres maladies. »

Quelles autres maladies doivent actuellement être surveillées ?

DD : « Un gros travail a été fait dans la Loire pour limiter les cas de BVD. Le GDS a demandé aux éleveurs de la Loire de faire des efforts avant les autres départements. Désormais, quasiment tous les animaux Ipi ont été éliminés et la pression virale a fortement baissé. C’est comme cela que nous préparons l’avenir. Le GDS a également décidé de travailler sur la Besnoitiose tant que la situation est encore gérable et à des coûts raisonnables. On sent que les cas se multiplient en France et que d’autres pays ont pris de l’avance dans le contrôle de cette maladie. C’est pour cela que nous avons fortement incité les éleveurs à détecter la Besnoitiose ces derniers mois. Un élevage sain aujourd’hui, où les contrôles à l’introduction sont rigoureux, restera sain. »

Pourquoi lutter contre toutes ces maladies ?

DD : « Je reconnais que le GDS conduit des actions contre plusieurs maladies, mais je reste convaincu que nous pourrons faire de grosses économies à terme. Ce choix est pleinement assumé par les membres du bureau et du conseil d’administration. Chacun comprend les enjeux. La LSA est une bonne chose car tous les départements et tous les pays sont soumis à la même réglementation. Nous pourrons alors faire des économies, lorsque les maladies seront éradiquées et que les protocoles seront allégés. Malheureusement, en France, nous sommes parfois longs à prendre des décisions et à comprendre l’intérêt du collectif. Il ne faut pas oublier que les animaux accéderont ou pas à certains marchés pour des raisons politiques ou pour des raisons sanitaires. On a donc tout intérêt à maîtriser le sanitaire. »

 

Propos recueillis par Lucie Grolleau Frécon