Nouvelles technologies
Des capteurs pour faciliter le travail de l’éleveur

Les capteurs, couplés aux nouvelles technologies de la communication et du traitement des données, sont définitivement entrés dans les élevages pour des utilisations variées. Etat des lieux et perspectives.

Des capteurs pour faciliter le travail de l’éleveur
L’essor de l’élevage de précision a commencé au début des années 2000 grâce à l’utilisation conjointe de bio-capteurs dans les troupeaux et de nouvelles technologies dans les domaines de la microélectronique, de l’informatique, des télécommunications et des nanotechnologies.

Une taille de troupeau qui augmente et une main d’œuvre qui, dans le même temps, se restreint sur les exploitations conduisent les éleveurs à chercher des solutions qui les aident dans leurs tâches quotidiennes et qui permettent également à leur élevage de gagner en productivité et efficience. Ils trouvent une partie de leurs réponses dans l’élevage de précision.

L’essor de l’élevage de précision a commencé au début des années 2000 grâce à l’utilisation conjointe de bio-capteurs dans les troupeaux et de nouvelles technologies dans les domaines de la microélectronique, de l’informatique, des télécommunications et des nanotechnologies. Ces dernières ayant bien souvent été développées et utilisées dans d’autres domaines (industrie par exemple), leur coût s’en trouve diminué et profitent ainsi au milieu agricole (essor des téléphones mobiles, des technologies de communication sans fil…). Le but de l’élevage de précision est l’amélioration de la conduite des troupeaux, tant d’un point de vue des performances des animaux que de la simplification du travail des éleveurs.

On peut aussi considérer que l’utilisation d’automatismes qui permettent de  décharger l’éleveur  de certaines astreintes, comme par exemple la traite ou l’alimentation, est associée à l’élevage  de  précision, à condition que ces automatismes soient couplés  à  l’utilisation  de capteurs  et  de  technologies  de  transfert  d’informations.

Les capteurs se sont déployés dans les élevages de la Loire, comme en France, ces dernières années. Ils sont utilisés dans les bâtiments, directement sur les animaux ou intégrés dans un automate (traite, pesée, alimentation…). Les capteurs permettent de contrôler de nombreux paramètres sur les animaux (physiologiques, comportementaux ou de production) ou dans leur environnement, des paramètres qui peuvent être relevés par l’éleveur (pesée, observation) ou des paramètres qui sont difficilement détectables à l’œil ou mesurables.

Piloter et anticiper

Les capteurs apportent des réponses en matière d’allègement des charges de travail et de gestion des animaux. Ils permettent de mieux piloter l’élevage dans les domaines du sanitaire, de la reproduction, de l’alimentation, de la santé, du bien-être des animaux. Dans certains cas, ils permettent d’anticiper une situation qui pourrait devenir délicate, voir critique, pour l’animal.

Des systèmes permettent par exemple de définir le meilleur moment pour inséminer une vache, de détecter un déséquilibre nutritionnel, de détecter des anomalies au niveau de l’ambiance d’un bâtiment. Ces capteurs ont l’avantage d’avoir un suivi en continu, sans même que l’homme n’intervienne. Les anomalies sont détectées grâce au développement d’algorithmes, c’est-à-dire que des valeurs anormales sont comparées aux valeurs habituelles de l’animal ou de l’environnement, ou bien à des références calculées par ailleurs, ce qui déclenche une alerte auprès de l’éleveur (le plus communément sur son smartphone), qui peut alors agir en conséquence. Dans certains cas, les outils sont directement reliés au système mécanique, qui corrige lui-même l’anomalie.

Voici un panorama de l’utilisation des capteurs en élevages de ruminants :  

- position de la queue pour les vêlages ;

- température vaginale pour les vêlages ;

- note d’état corporel pour l’alimentation et la santé ;

- géolocalisation pour la surveillance ;

- identification électronique pour le tri, le Dac, le robot, la pesée ;

- quantité d’aliment ingérée pour l’alimentation et la santé ;

- comportement (activité, ingestion, rumination) pour les chaleurs, l’alimentation, la santé ;

- température et pH ruminal pour la santé et l’alimentation ;

- nombre de pas pour les chaleurs et la santé ;

- poids vif pour la croissance, la santé, l’alimentation ;

- analyse du lait (progestérone, LDH, urée, BHB) pour les chaleurs, la santé, l’alimentation ;

- quantité et composition du lait (TB, TP, CCS) pour les performances, la santé, l’alimentation ;

- chevauchement pour les chaleurs.

Combiner les informations

Jusqu’à il y a peu, les capteurs servaient en majorité à fournir un seul type de service, par exemple la détection d’un vêlage, sur la base d’une simple mesure en continue. D’autres types de capteurs, comme par exemple les accéléromètres, nécessitent un traitement des données plus complexe avant leur traduction en information pour l’éleveur. Au fil du temps, les besoins et les technologies ont évolué. Désormais, un seul et même capteur est susceptible de rendre plusieurs services à l’éleveur (par exemple comportement alimentaire + vêlage + chaleurs). Les constructeurs travaillent sur l’agrégation d’informations issus des capteurs avec d’autres informations pour apporter des conseils spécifiques aux éleveurs les aidant à la prise de décision. Des outils sont déjà sur le marché.

Mais il ne faut pas perdre de vue que bien souvent adopter ces technologies représente un coût, qu’il convient de raisonner selon les besoins et les compétences. L’éleveur doit aussi avoir conscience que si elles facilitent certaines tâches, elles peuvent en engendrer d’autres : apprentissage lors de la prise en main ; entretien ; surveillance de l’outil ; consultation et interprétation des données. Ces outils étant adoptés à l’origine pour aider l’éleveur ne doivent pas, à l’inverse, être sources de stress (alarmes et alertes diverses, risque de pannes, complexité des informations…).

 

Lucie Grolleau Frécon

Sources : Inrae, Institut de l’élevage, Rencontres recherches ruminants 3R