Anciens exploitants
Calcul des retraites agricoles : une belle victoire syndicale

Le président de la section régionale des anciens exploitants d’Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-Claude Chalencon, salue l’adoption, par l'Assemblée nationale, des 25 meilleures années de revenu pour le calcul de la retraite des non-salariés agricoles. Une revendication portée de longue date par la FNSEA et JA.

Calcul des retraites agricoles : une belle victoire syndicale
Jean-Claude Chalencon, président de la section régionale des anciens exploitants de la FNSEA.

Le 1er décembre, la proposition de loi portée par le député Julien Dive (LR-Aisne) visant à calculer la retraite des non-salariés agricoles sur leurs 25 meilleures années de carrière a été adoptée à l'unanimité ? C’est une victoire ?

Jean-Claude Chalencon : « C'est une très bonne nouvelle. Les anciens exploitants du réseau FNSEA réunis au sein des sections régionales et départementales se battent depuis de longues années pour obtenir cette mesure. Rappelons que les agriculteurs étaient en effet les derniers à calculer leur retraite sur la totalité de leur carrière tandis que les salariés la calculent déjà sur les 25 meilleures années de revenu et les fonctionnaires sur les six derniers mois… La proposition de loi portée par Julien Dive (LR-Aisne) et adoptée à l'unanimité le 1er décembre répond donc tout à fait aux revendications que l'on porte auprès du gouvernement ou des parlementaires. En revanche, cette mesure ne permettra pas de rattraper le niveau des pensions des autres catégories socioprofessionnelles. De plus, mieux vaut à ce stade rester prudent tant que nous n'avons pas connaissance des décrets d'application. En effet, pour les actifs actuels, on ne sait pas à partir de quand ces 25 meilleures années vont être calculées : dès l'installation de l'agriculteur ou bien à partir de l'entrée en vigueur de cette loi programmée pour 2026 ? Enfin, il ne faut pas oublier que le cheminement de cette proposition de loi est loin d'être terminé puisqu'il appartient maintenant au Sénat de se prononcer. Nous avons tout de même bon espoir et j'espère que les sénateurs suivront le vote de l’Assemblée nationale. »

Les 25 meilleures années font partie des revendications portées par les anciens exploitants, mais ce ne sont pas les seules ?

Jean-Claude Chalencon : « Oui, en effet, notre combat continue sur bien d'autres points. Nous demandons la suppression du coefficient d'adaptation et la modification de la courbe pour le calcul des points de la retraite proportionnelle. À ces deux revendications, s'ajoutent aussi le souhait d'obtenir le retrait des pensions de réversion versées aux veuves et veufs et de la bonification pour avoir élevé trois enfants et plus, du plafond de calcul des retraites. Mettons fin à une protection sociale au rabais. »

Le projet de réforme des retraites prend forme au gouvernement. Que pensez-vous de la première trame qui a été communiquée récemment ?

Jean-Claude Chalencon : « Je suis contre l'allongement de l'âge de la retraite à 65 ans. Tant que nous n'avons pas atteint le plein-emploi des jeunes sur le marché du travail, je ne vois pas pourquoi on obligerait les plus anciens à rester au travail ! Mais à l'heure actuelle, ce qui m'inquiète beaucoup c'est l'inflation et la baisse de notre pouvoir d'achat. Le coût des assurances a augmenté de 10 %, celui de l'alimentation atteint 12 % quant à l'énergie, on n'a malheureusement pas encore tout vu... Pour aider les anciens exploitants dont les pensions de retraite atteignent à peine les 1 100 € bruts (pour une carrière complète), il existe des solutions. On demande le relèvement des seuils de 25 % des revenus imposables en vue d’exonérer les retraités de la CSG ; c'est en tout cas une demande que nous portons au sein de la section Auvergne-Rhône-Alpes.

Propos recueillis par Véronique Gruber

Entrée en vigueur le 1er janvier 2026

Dans l’amendement du rapporteur, afin d’éviter qu’une telle réforme ne fasse des perdants, le texte prévoit aussi la remise d’un rapport au Parlement, dans les trois prochains mois, qui précisera tous les paramètres retenus et les conséquences que cette réforme pourraient avoir sur les cotisations, les prestations et l’équilibre financier du régime. « Cet amendement précise plusieurs points rendant ce texte acceptable par notre majorité, a justifié le député Renaissance Didier Le Gac. Tel qu’il était rédigé avant cet amendement, ce texte courait le risque de ne pas être applicable et de susciter de faux espoirs dans le monde agricole. Un compromis a été trouvé avec le gouvernement, ce qu’il faut saluer », a-t-il ajouté. Autre point qui a été modifié par rapport au texte d’origine, la date d’entrée en vigueur de la réforme. « Les auditions menées par Julien Dive ont mis en lumière le fait qu’une entrée en vigueur en 2024 n’était pas envisageable compte tenu des mises à jour qu’une telle réforme induit pour les systèmes d’information de la MSA », est-il écrit dans l’amendement. Sa date de mise en place a été fixée au 1er janvier 2026 et se fera de manière progressive. Pour les non-salariés agricoles, les 37 meilleures années seraient prises en compte en 2026, le chiffre passerait à 34 pour ceux qui prennent leur retraite en 2027, à 31 pour une retraite en 2028, 28 pour une retraite en 2029. La mesure de la prise en compte des 25 meilleures années serait donc réellement effective pour les agriculteurs prenant leur retraite en 2030. Le texte doit désormais être examiné par les sénateurs.

Sophie Chatenet