Fête de la librairie indépendante
« Un rôle de passeurs de livres, de textes, mais aussi d’idées »

Samedi 15 avril, quelque 500 librairies en France, en Belgique et en Suisse francophones participeront à la 25e édition de la Fête de la librairie indépendante. Sept établissements de la Loire sont concernés, dont ceux de Charlieu, Montbrison et Saint-Chamond, qui s’expriment ici.

« Un rôle de passeurs de livres, de textes, mais aussi d’idées »
Samedi 15 avril, sept établissements de la Loire participeront à la 25e édition de la Fête de la librairie indépendante.

Qu’est-ce qu’une librairie indépendante ? 

Christelle Hamelin, Le Carnet à spirales (Charlieu) : « Elle ne dépend pas d’un groupe. De la même manière qu’une boutique de vêtements, nous sommes donc plus libres des choix que nous proposons. Notre rôle est celui de passeurs, de livres, de textes, mais aussi d’idées. Personne ne nous impose les œuvres à exposer ou non, nous avons le total libre arbitre sur ce que nous souhaitons vendre et ce que nous souhaitons défendre.

Cécile Saez, La Librairie de plaisance (Saint-Chamond) : « Nous mettons à disposition, en termes de diversité, plus de choses qu’une plateforme ou qu’un magasin faisant partie d’une chaîne. Le choix que l’on propose est certes plus restreint quantitativement, mais plus en adéquation avec les goûts de notre clientèle. On peut également l’orienter vers des lectures peu médiatisées parce que l’édition en question est plus indépendante ou discrète. Nous avons aussi un rôle de commerce de proximité : on se trouve dans le centre-ville et on est un acteur de la ville. Et puis, nous sommes également un lieu de rencontres, de conseil, où l’humain apporte une véritable plus-value. »

Comment résister face aux grosses plates-formes de vente en ligne ?

C.S. : « Le poids des grosses plates-formes comme Amazon est embêtant car c’est le premier nom qui sort sur un moteur de recherche. Par contre, j’ai des clients qui y recherchent des livres et viennent ensuite le commander chez nous. C’est une belle initiative car cela soutient le commerce de proximité. On les informe alors de l’existence de notre propre site internet où ils peuvent directement commander. Après la crise sanitaire, il y a eu un gros regain de clientèle physique. Cet élan est retombé depuis, il ne faut pas se voiler la face, mais il est vrai que les gens aiment avoir quelqu’un en face d’eux, de bon conseil, avec le sourire et la politesse. Dans cette logique, on propose aussi des ateliers, des lectures et on participe de temps à autres à des petits salons. Rappelons un point important qu’ignorent encore beaucoup de gens : avec la loi Lang, le prix du livre est identique partout en France. Une fois que les clients en ont pris conscience, ils viennent vers nous. » 

C.H. : « Nous nous différencions par nos choix. On retrouve bien sûr des best-sellers chez nous, mais nous pouvons également choisir de mettre en avant des petites maisons d’édition. Sans faire d’élitisme car nous aimons le fait que notre librairie soit ouverte à tous, on va réussir à faire une différence par des textes et des éditeurs qui ne sont pas disponibles partout. Ce qui est très important aussi, ce sont les animations. Nous organisons régulièrement des tables thématiques : sur un sujet donné, nous regroupons des nouveautés mais aussi des textes plus anciens issus de notre fond littéraire. Au-delà de simples séances de dédicaces, nous proposons aussi de véritables rencontres avec des auteurs et éditeurs. Enfin, plus que la littérature, nous faisons la promotion de la culture en général. Nous accueillons donc également des expositions de photos et des concerts. On essaie de faire de la librairie un lieu culturel, de mélange. En parallèle, nous faisons partie de l’association des Libraires en Rhône-Alpes, qui met à notre disposition le site internet chez-mon-libraire.fr. Nous adhérons aussi à Initiales, association regroupant une cinquantaine de librairies françaises et belges qui défendent des textes plus ou moins confidentiels. Quatre fois par an, un magazine est écrit par les membres, qui mettent en avant les livres qui leur tiennent à cœur. »

Voyez-vous le numérique comme un tremplin ou une menace ?

Isabelle Lavigne, Librairie Lavigne (Montbrison) : « Il faut savoir vivre avec son temps. Avant, on pouvait penser que c’était une menace ; maintenant, c’est une réelle opportunité, qui nous rend plus visible. On doit s’inspirer de ce que font les autres pour l’adapter à notre offre. En attendant que notre site internet devienne marchand, il est possible de savoir si un livre est disponible chez nous et de le réserver, un service que beaucoup utilisent et sur lequel on communique régulièrement. »

C.S. : « Nous le proposons aussi. L’avantage d’être dans une petite ville, c’est qu’ils peuvent ensuite facilement venir le chercher en magasin. »

C.H. : « Il ne faut pas regarder derrière, mais aller de l’avant. Pour nous, le livre numérique n’est pas forcément une concurrence, on sent que le lecteur est attiré par l’objet papier. Certains de nos clients utilisent d’ailleurs les deux supports : physique et numérique, avec une liseuse pour lire dans le train par exemple. »

C.S., A.P et F.T.

Article complet à retrouver dans notre édition papier datée du 7 avril 2023

 

ÉVÉNEMENT/ 

Rendez-vous le 15 avril

500 librairies se préparent à participer à la 25e Fête de la librairie indépendante, qui aura lieu le 15 avril. Un événement qui trouverait son origine dans la Sant Jordi, célébrée à Barcelone, indique Christelle Hamelin, de la librairie Le Carnet à spirales à Charlieu : « C’est une fête catalane organisée tous les 23 avril, durant laquelle les couples s’échangent un livre (pour l’homme) contre une rose (pour la femme). Cette tradition a été reprise et est aujourd’hui devenue la journée mondiale du livre et du droit d’auteur. » À cette occasion, les membres du Syndicat de la librairie française (SLF) sont invités à marquer le coup en organisant un événement qui rappelle leur importance et encourage le public à se rendre en librairie indépendante.

La librairie de Charlieu recevra ainsi Volodia Petropavlovsky, auteur de La Dernière frontière, qui reviendra sur son aventure en canoë en Alaska et dédicacera ses livres. À Montbrison, la librairie Lavigne offrira des roses avec Opalys, artisan fleuriste local. Ces professionnels remettront aussi en cadeau à leurs clients un ouvrage édité à cet effet et tiré à plus de 25 000 exemplaires. Créé avec de nombreux partenaires dont les éditions Gallimard, il a pour dénomination cette année Plumes et comprend les textes de 25 écrivains, chacun ayant rédigé le portrait d’un oiseau : Stéphane Audeguy, Joël Baqué, Bertrand Belin, Éric Chevillard, Patrick Deville, Diaty Diallo, Yannick Haenel, Claudie Hunzinger, Régis Jauffret, Simon Johannin, Alexandre Labruffe, Marie-Hélène Lafon, David Lopez, Marielle Macé, Clémentine Mélois, Laurence Nobécourt, Lucie Rico, Jean Rolin, Jacques Roubaud, Tiphaine Samoyault, Pierre Senges, Anne Serre, Fanny Taillandier, Laura Vazquez et Emmanuel Venet.