Salariat agricole
Services de remplacement : communiquer positivement

Vendredi 31 mars se tenaient simultanément trois assemblées générales : celle du Service de remplacement Loire Nord et celle de Loire Sud, qui assurent le remplacement des agriculteurs sur les deux territoires, et celle du Service de remplacement Loire, qui a en charge les aspects administratifs.

Services de remplacement : communiquer positivement
Au centre, Véronique Murat, présidente du Service de remplacement Loire, entourée de Laëtitia Plassard, présidente de Loire Nord, et Gilles Rouchouze, président de Loire Sud.

La difficulté de mettre en adéquation les demandes de remplacement des agriculteurs avec les disponibilités en salariés est chaque année plus criante. Alors que le niveau d’activité a retrouvé une stabilité à un niveau d’avant Covid, les recrutements d’agents de remplacement se complexifient. « Depuis 2021, nous sollicitons de plus en plus les éleveurs pour qu’ils proposent un agent pour leur remplacement, expliquait Véronique Murat, présidente du Service de remplacement Loire. Nous sommes convaincus que cette nouvelle façon de procéder fonctionne : les agents répondent plus favorablement aux demandes des adhérents, les remplacements sont plus fluides et les adhérents s’absentent plus tranquillement de leur exploitation. » Ce mot d’ordre est le même pour les congés maternité et paternité. « Attention, nous ne demandons pas aux adhérents de faire le recrutement à la place du Service de remplacement, mais bien de faire vivre notre structure. »

A la recherche de nouveaux talents

La présidente poursuivait : « Il n’y a jamais eu autant d’offres d’emplois agricoles qu’aujourd’hui et de salariés sur les exploitations. Nos adhérents ont besoin de se libérer du temps et de s’absenter, que ce soit pour des raisons professionnelles ou personnelles. Malgré les 325 agents de remplacement qui ont travaillé en 2022, nous sommes en perpétuelle recherche de nouveaux talents. » Elle demandait de cesser de colporter l’image négative de manque de salariés. « Adhérents et élus, osons promouvoir ce métier. Osons reconnaitre les capacités de nos agents. Osons leur faire confiance. Et osons nous absenter, apprenons à déléguer et à être employeurs. »

Les motifs de remplacement sont priorisés dans le règlement intérieur du Service de remplacement. « Parfois, des choix doivent être faits lors de l’élaboration du planning, indiquait Véronique Murat. Oui, le congé maternité n’est pas une priorité. Oui, nous ne réalisons pas les congés paternité comme nous le souhaiterions. Oui, nous demandons aux Gaec de libérer des agents certains week-end. Oui, nous demandons que les vacances commencent le samedi soir et se finissent le samedi matin suivant. Oui, nous sommes conscients que ces règles sont contraignantes, mais soyez sûr qu’elles sont les mêmes pour tout le monde. » Ces décisions sont en adéquation avec la réalité actuelle du marché de l’emploi : « Nos agents souhaitent des vacances et des week-end. Nous sommes obligés de leur les assurer à l’avance. Nous sommes aussi bien évidemment obligés de respecter la réglementation du travail. » Ce constat des exigences de plus en plus marquées de la part des salariés est « le reflet de notre société ».

Un outil solide

Dans son rapport moral, Véronique Murat se faisait la porte-parole des administrateurs : « Nous allons continuer à communiquer positivement et à nous donner les moyens de recruter. Surtout, nous allons trouver des solutions pour former de candidats motivés. » L’appel aux agriculteurs volontaires pour former de nouveaux agents a d’ailleurs été lancé. « En tant qu’adhérents, soyons employeurs. Protégeons nos salariés et consolidons cet outil qu’est le Service de remplacement. »

Le rapport financier a mis en évidence un résultat déficitaire tant pour Loire Nord, où les charges ont augmenté plus vite que les produits, que pour Loire Sud, où les produits ont diminué. Le résultat pour le Service de remplacement Loire est également déficitaire. « Les charges de personnel augmentent notamment en raison de la revalorisation du Smic, indiquait Véronique Murat. La trésorerie permet néanmoins de rester sereins et de faire face aux aléas. »

« Nous reverrons la grille de tarifs pour 2024 en octobre prochain, prévenait la présidente. Nous perdons environ 1 euro par heure travaillée, ce n’est pas négligeable. » Quant aux tarifs 2023, ils ne présentent pas de gros changements par rapport à 2022, sauf pour le motif complément de main d’œuvre qui évolue selon le coût calculé de la journée. De plus, « le Service de remplacement met des fonds propres sur certains motifs, comme par exemple pour les enfants malades, que nous avons décidé de passer de trois à douze journées. Les aides de nos partenaires financiers nous aident bien dans ces cas-là. » Elle citait notamment le Département, la MSA, Groupama et le Crédit agricole, avant de préciser : « Il faut savoir que l’agriculteur paie en moyenne 35 % du coût réel. »

Renouvellement des membres du CA

La volonté des responsables en place est d’intégrer des jeunes dans les conseils d’administration. « Un travail a été engagé depuis l’automne pour le renouvellement des administrateurs. L’équipe a besoin de sang neuf. Il faut penser à l’avenir, anticiper demain et faire en sorte que les futurs responsables aient le temps de s’acclimater avant que les “ plus anciens “ cèdent leur place. » L’assemblée générale a été synonyme de renouvellement d’un tiers des administrateurs. De nouveaux ont été proposés et élus. « Ne restons pas sur nos lauriers et osons nous engager, osons nous investir pour faire vivre notre Service de remplacement. »

 

Lucie Grolleau Frécon