Salon de l’herbe et des fourrages
Un carrefour de solutions à ciel ouvert

Entre démonstrations en conditions réelles, ateliers techniques et espace conseil, le Salon de l’herbe, organisé la semaine dernière à Villefranche d’Allier (03), a drainé des milliers d’agriculteurs en quête de solutions pratiques pour optimiser leur conduite d’exploitation.

Un carrefour de solutions à ciel ouvert
Nouveauté de l’édition 2022 du Salon de l’herbe, les organismes de conseil ont été réunis au sein du village de l’autonomie protéique et fourragère. © SC

Sous un soleil généreux, à peine perturbé par une légère averse matinale, le Salon de l’herbe et des fourrages a encore une fois fait le plein de visiteurs, la semaine dernière, du côté de Villefranche d’Allier, dans l’Allier. Après deux ans d’absence, sur une parcelle aménagée de 40 hectares, tout avait été conçu pour répondre au mieux aux interrogations des éleveurs, venus en nombre.

Ainsi, la part belle a été faite aux démonstrations des géants des champs, aux matériels combinant les usages promettant toujours des gains d’efficacité, mais aussi aux conseils de techniciens sur les mélanges les plus opportuns, les variétés les plus résilientes face à la sécheresse.

Une sécheresse déjà bien présente, puisque l’ensemble du grand bassin allaitant, terreau du salon de l’herbe, rencontre un déficit hydrique préoccupant depuis quelques semaines déjà. A Villefranche d’Allier, les parcelles de démonstration ont été irriguées à trois reprises dès la fin du mois d’avril. Et force est de constater que cela n’aura pas suffi à amortir les coups de chaud des derniers jours de mai.

« Plus que jamais, le Salon de l’herbe et des fourrages se veut le reflet de ce que traverse le monde agricole, et à ce titre, difficile d’occulter la nécessaire adaptation au changement climatique », explique Frédéric Bondoux, commissaire général du salon et président de Profield Events, société organisatrice.

Si côté machinisme certains constructeurs manquaient à l’appel, faute notamment de matériels disponibles à exposer, en raison des difficultés d’approvisionnement liés à la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, ceux qui étaient présents témoignent d’une envie réciproque de renouer le contact avec les agriculteurs après deux ans chaotiques.

Conseils

Côté distribution, là aussi, le salon est un rendez-vous attendu. « Tous les acteurs du secteur sont présents pour référencer les produits qui seront vendus à l’automne », témoigne Frédéric Bondoux. A l’heure où l’agriculture doit composer avec de multiples défis, du sol jusqu’à la ration, les conseils sont essentiels, comme en témoigne Bertrand Daveau, l’un des soixante experts mobilisés autour du pôle Cap protéines. Il a animé l’espace variétal, avec un focus sur les méteils grains et fourragers, deux mélanges prisés pour leur robustesse face aux conditions séchantes. « C’est un bon compromis entre productivité et valeur alimentaire, en fonction de la valeur zootechnique souhaitée », témoigne l’ingénieur.

Un peu plus loin, au sein de l’espace récolte, les visiteurs ont pu constater les résultats obtenus selon les hauteurs de fauche. « Les questions récurrentes concernent l’itinéraire technique pour l’ensilage, le groupement des andains et le conditionnement ou non », explique Fabien Gayet, de la Fédération régionale des Cuma d’Auvergne-Rhône-Alpes.

En effet, lorsqu’il est question de valeur protéique, certaines précautions s’imposent pour éviter la perte de feuilles au moment de la fauche. Selon le matériel utilisé, Arvalis a ainsi constaté des pertes en volumes de 10 % et de 20 % en qualité. Autant dire que cela vaut le coût d’optimiser sa conduite et son type de mécanisation, qui plus est à l’heure où le prix du gasoil flambe.

A ce titre, si les combinés de fauche trois-en-un promettent des débits de chantier inégalés, le technicien invite à la prudence : « Sur le papier, c’est une bonne idée, mais dans sa mise en œuvre, il a ses limites, avec des superpositions d’andains, qui, s’ils ne sont pas suffisamment écartés, conduisent à des problèmes de séchage voire de fermentation ».

 

Sophie Chatenet