Elevage allaitant
Race Hereford : la perle des prairies ?

Mi-octobre, l’association d’éleveurs Hereford France tenait son assemblée générale dans la Loire. Retour sur une journée qui a mis en évidence les principales caractéristiques de la race Hereford et les objectifs fixés par les responsables de cette structure, notamment la communication sur les qualité de la viande via une marque.

Race Hereford : la perle des prairies ?
La race Hereford tend à gagner du terrain en France car elle répond aux attendes des éleveurs, notamment les jeunes : simplification du travail pour limiter les contraintes journalières ; animaux rustiques, qui se débrouillent seuls, qui engendrent peu de charges...

Un ordre du jour chargé attendait les éleveurs de race Hereford, réunis le 17 octobre à Saint-Jean-Saint-Maurice-sur-Loire : dégustation à l’aveugle de viande hereford, présentation de la marque Perle de prairie, remise des prix du concours national 2020, assemblée générale statutaire (rapport d’activité, compte, actualités, projets…), visite de l’exploitation du Gaec d’Odenet (Corine Descombe et Sophie Cremonesi). Habituellement, cette réunion annuelle se tient dans le cadre du Sommet de l’élevage. Puisque cet événement n’a pas eu lieu cette année en raison des mesures liées au Covid-19, c’est sur les hauteurs des gorges de la Loire, à la ferme-auberge La marguerite (famille Garet, Gaec d’Odenet), offrant un lieu d’accueil et la possibilité de découvrir un élevage avec des animaux de race Hereford, que les responsables de l’OS avaient donné rendez-vous aux adhérents.

L’association de la race Hereford a été transformée en Organisme de sélection (OS) en 2014. Pascal Bastien, éleveur en Meurthe-et-Moselle, en est le président depuis cette année-là. Actuellement, l’association compte une centaine d’adhérents, la majorité en France et quelques-uns en Belgique (une dizaine), représentant autour de 1 500 vaches de race Hereford. « La plupart des adhérents sont localisés en Bretagne, dans l’Est de la France et en Saône-et-Loire. Les autres sont répartis sur tout le territoire français», indique Pascal Bastien. Notre race gagne du terrain. Les éleveurs, notamment les jeunes, ont envie de changement, de se simplifier le travail pour limiter les contraintes journalières. Ils veulent privilégier les animaux rustiques, qui se débrouillent seuls, qui engendrent peu de charges, comme par exemple les frais vétérinaires, qui sont dociles», et, de plus en plus, « des animaux sans cornes. Nous avons les deux souches, avec et sans cornes dans notre race. » Ainsi, l’objectif de l’OS est de « répondre à ce que veulent les éleveurs, mais aussi les consommateurs, ainsi qu’à toutes les contraintes environnementales ».

Peu d’éleveurs détiennent un troupeau 100 % de race Hereford ; ils augmentent progressivement le nombre dans leur élevage. Beaucoup d’éleveurs commercialisent leurs animaux de race Hereford en vente directe car « la viande correspond bien aux attentes des clients, mais aussi parce qu’il n’y a pas encore de filière » valorisant les animaux de cette race. « Il n’y a pas de marché pour le maigre. Par contre, il existe des niches via des bouchers ou des restaurateurs. Je souhaite vivement qu’une filière dédiée à la race Hereford se développe pour valoriser les animaux gras, qui sont de plus en plus nombreux. Mais il faut une filière assurant un prix rémunérateur pour notre viande de qualité.» D’ajouter : «Les animaux de race Hereford sont moins gros que ceux des races traditionnelles. L’objectif des éleveurs n’est pas de produire des animaux avec du volume, mais bien de produire de la viande de qualité. »

Lancement d’une marque

C’est pour cela que Hereford France a créé sa propre marque, dénommée Perle de prairie. Le lancement officiel s’est fait le jour de l’assemblée générale dans la Loire et la première présentation au public a eu lieu dans le cadre d’Agrimax, salon des professionnels de l’élevage qui s’est tenu courant octobre à Metz. « Cette marque est un nouveau support de communication pour les éleveurs auprès des consommateurs, précise le président de l’OS. Le cahier des charges engage l’éleveur sur l’alimentation et le bien-être des animaux pour certaines catégories. » Avec cette nouvelle marque, « notre but n’est pas de faire de la communication à tout va, mais d’encourager les éleveurs ».

Dans cette logique de commercialiser de la viande de qualité, Hereford France est précurseur dans l’échographie pour mesurer l'épaisseur de gras et de muscle, et évaluer visuellement le persillé sur animaux vivants, au niveau de l’avant-dernière côte. Une démonstration avait été faite au Sommet de l’élevage en 2019. « L’objectif est de voir si l’animal est fini ou pas », et ainsi adapter son alimentation. « C’est une garantie pour le client. Cette technique fonctionne aux Etats-Unis. Un logiciel est en cours de création en France. »

Pour sensibiliser les éleveurs, et notamment les nouveaux adhérents, à produire de la viande de qualité, les responsables de Hereford France ont proposé, dans le cadre de l’assemblée générale, une dégustation de viande (trois catégories servies : bœuf, vache et génisse). Hereford France avait fait appel aux services d’Eléonore Sauvageot, spécialiste dans ce domaine, pour expliquer aux éleveurs comment reconnaître une viande de qualité en mettant des mots sur des critères comme la tendreté, l’acidité, la fermeté, le gras, la couleur… «Les participants ont apprécié cette expérience, qui sera pourquoi pas à renouveler, rapporte Pascal Bastien. Je pense que tout éleveur devrait être sensibilisé aux critères de reconnaissance d’une viande de qualité. »

Utilisation de la génomie

Depuis un an, Hereford France a mis en place la sélection génomique en collaboration avec l'entreprise écossaise Neogen. « Nous travaillons avec la base de données des Etats-Unis et du Canada. » Les éleveurs français réalisent eux-mêmes l’échantillon, qui est envoyé à l’éleveur responsable de l’OS. Celui-ci envoie les échantillons en Ecosse. « Nous travaillons sur les critères habituels, ainsi que sur l’épaisseur de gras de couverture, le persillé, la tendreté et l’efficience alimentaire (capacité d’un animal à valoriser le fourrage). On devient vite accro à la génomie, avoue Pascal Bastien. C’est intéressant de lier le phénotype de l’animal à la qualité génétique. »

L’assemblée générale de Hereford France était aussi l’occasion de remettre les prix du concours national virtuel. Effectivement, celui-ce se déroule habituellement dans le cadre du Sommet de l’élevage. Pour l’édition 2020, les éleveurs se sont vus proposer d’envoyer photos et pedigrees de leurs animaux prévus pour participer au concours. Le juge britannique qui avait été sollicité a procédé au classement sur la base de ces éléments. Le prix de championnat mâle a été attribué à un taureau de M. Deslandes, éleveur en Bretagne, et le prix de championnat femelle à une vache suitée appartenant à M. Rémy, éleveur en Belgique.

Dans l’après-midi, les participants à l’assemblée générale ont pu visiter l’exploitation du Gaec d’Odenet, qui élève une majorité de vaches charolaises (cent), une vingtaine de vaches de race Herford, ainsi que des poulets en Label rouge. « Nous avons notamment découvert des bœufs et des jeunes mâles en cours de finition. Cette visite a mis en évidence que la race Hereford a toute sa place dans une région comme celle-ci. »

Lucie Grolleau Frécon