Troupeaux allaitants
Maîtriser la reproduction pour optimiser les résultats économiques

Intervalle vêlage-vêlage, pourcentage de veaux sevrés, rapport IA premières / IA totales, répartition des vêlages dans l’année, taux de renouvellement des femelles… autant de critères qui donnent des informations sur la conduite de la reproduction dans un troupeau allaitant.

Maîtriser la reproduction pour optimiser les résultats économiques
Le coût d’un constat de gestation par échographie est minime par rapport à ce que coûte une vache vide gardée dans le troupeau. Connaître l’état physiologique d’une vache permet de l’orienter rapidement : vers le lot des gestantes, vers le lot à remettre à la reproduction, vers le lot à engraisser.

L’étude des résultats de l’enquête conduite par la Chambre d’agriculture de la Loire au cours de l’hiver 2020-2022 auprès des éleveurs allaitants du Roannais a mis en évidence la nécessité de rappeler quelques points fondamentaux relatifs à la conduite du troupeau et aux bâtiments. Deux journées techniques sur la conception des bâtiments ont été mises en place. De plus, pour sensibiliser les éleveurs allaitants ligériens à la conduite de la reproduction, la Chambre d’agriculture leur a adressé un bilan sur la campagne écoulée dans l’objectif que chacun puisse situer son élevage par rapport à la moyenne et ait des repères sur certains critères. Deux réunions techniques axées sur ce thème ont également été programmées dernièrement. L’une d’elles se déroulait sur l’exploitation du Gaec de l’étang de l’horloge à Changy. Les chiffres et les commentaires de l’éleveur (Ludovic Laval, associé à sa mère, Marie-Antoinette) ont servi de base à la discussion.

Une conduite stricte

Dans ce troupeau, l’IA est pratiquée sur 90% des femelles, sur une période allant du 1er décembre au 31 janvier, soit trois cycles. Un constat de gestation est pratiqué un mois après. Les femelles non gestantes sont remises avec le taureau pour quelques semaines (deux cycles).  « Je mets 170 femelles à la reproduction pour viser 140 vêlages », indiquait Ludovic Laval. Son objectif est que les derniers vêlages soient en janvier, et pas après. Pour cela, insistait-il, « il faut être strict sur les dates de saillie et sélectionner sur la fertilité ».

La préparation au vêlage des vaches par l’alimentation favorise les mises-bas faciles, ce qui induit ensuite en général la bonne venue en chaleurs. Ludovic Laval prévoit une cure d’une semaine d’oligo-éléments, de minéraux et de céréales, au pré, avant le vêlage des vaches. Après le vêlage (en bâtiment), les couples mère-veau restent quelques jours à proximité de la stabulation, puis, si tout va bien, ils sont emmenés dans des prés plus éloignés. « L’objectif est de limiter la concentration de veaux au même endroit. » Les vaches sont rentrées en bâtiment au moins une semaine avant la mise à la reproduction. Un peu plus tôt pour les génisses et les primipares.

Ludovic Laval pratique le vêlage à deux ans. Les femelles sont choisies selon leur précocité et leurs origines. « Elles restent un mois et demi avec le taureau. Si elles sont fécondées, tant mieux ; sinon, elles sont remises à la reproduction un an après. Mon objectif n’est pas de généraliser le vêlage à deux ans. »

Attention aux vaches improductives

Antoine Tisseur, référent reproduction à Coopel, commentait les chiffres techniques et économiques du Gaec. Sur la campagne 2020-2021 : 136 IAP (Inséminations animales premières), 162 IAT (Inséminations animales totales), 146 vêlages, 160 veaux nés. Le coefficient d’utilisation des paillettes est de 1,19. Il correspond au nombre d’IA par vache inséminée (IAT/IAP). « Plus il est bas, mieux c’est. Pour un élevage allaitant sans taureau, l’idéal est de viser 1,35 à 1,40. » En moyenne, « le coût de l’IA oscille entre 50 et 55 euros par veau né » (mise en place, dose, déplacement, doses pour le retour), ajoutait Antoine Tisseur. Au Gaec de l’étang de l’horloge, le coût de l’IA est de 48 euros par IAP, et de 41 euros par veau né. Outre une gestion rigoureuse de la reproduction, Ludovic Laval a la chance d’avoir eu plusieurs paires de jumeaux (10% ; moyenne de la race Charolaise de 5%).

155 constats de gestation par échographie ont été réalisés sur la campagne 2020-2021, représentant un coût de 3,4 euros par échographie. Stéphane Brisson, conseiller élevage de la Chambre d’agriculture de la Loire, rappelait qu’une vache allaitante vide coûte 1,5 à 2 euros par jour. « Ramené à un cycle de trois semaines, ça représente un certain coût. » D’où l’intérêt d’avoir de bonnes performances de reproduction. « Le coût d’une échographie est minime par rapport à ce que coûte une vache vide…, poursuivait-il. Une échographie permet d’avoir l’assurance qu’une vache est gestante ou pas. Si l’éleveur détecte tôt qu’elle est vide, il peut rapidement la diriger vers l’atelier d’engraissement. »

L’élevage de Ludovic Laval présente un excellent Intervalle vêlage-vêlage (IVV) moyen, de 371 jours. L’IVV pour les primipares est de 373 jours. Preuve que, pour la plupart d’entre elles, la première IA est pratiquée rapidement après le premier vêlage et qu’elle est suivie d’une gestation. L’IVV moyen des éleveurs roannais enquêté est de 397 jours. Mais de grandes disparités sont à noter : le quart inférieur est à 370 jours en moyenne et le quart supérieur à 440. Un IVV de 30 jours supérieur à la moyenne engendre un surcoût alimentaire de 2 200 euros pour un troupeau de 50 vaches. Selon le conseiller de la Chambre d’agriculture, l’IVV moyen « s’est dégradé ces dernières années », notamment parce que « des éleveurs dont les vêlages ne sont pas groupés gardent des vaches non gestantes. Certains ne se rendent pas compte que leurs vaches ne font pas un veau par an. »

Autre très bon résultat du Gaec de l’étang de l’horloge : le nombre de veaux sevrés par vêlage, qui est de 99%. « La preuve que c’est possible ! commentait Stéphane Brisson. Le nombre de paires de jumeaux aide à atteindre ce résultat, mais la conduite y est également pour beaucoup. » Et d’ajouter : « Les éleveurs doivent viser au minimum 95% de veaux sevrés par vêlage. - 2% signifie 500 euros de marge en moins pour un troupeau de 50 vaches. » La mortalité moyenne des élevages enquêtés est de 8,5%. Le quart inférieur est en moyenne à 2% et le quart supérieur à 16%. Des chiffres qui font réfléchir à la conduite du troupeau.

Lucie Grolleau Frécon