Budget
Le Département veut contribuer à la relance

 Malgré la crise sanitaire et économique, le président du Département de la Loire, Georges Ziegler, et son vice-président aux finances, Hervé Reynaud, ont présenté un budget 2021 offensif de 829,8 millions d’euros dont 111 millions d’euros d’investissement, un record. Explications.

Le Département veut contribuer à la relance
Le président Georges Ziegler et son vice-président aux finances, le maire de Saint-Chamond, Hervé Reynaud, se félicitent de ce « budget exceptionnel qui montre l’engagement de la collectivité en faveur de l’aménagement et du développement de l’ensemble du territoire. »


L’exercice budgétaire 2020 du Département de la Loire a été contrarié, c’est le moins que l’on puisse dire. Avec deux confinements et un ralentissement économique marqué, on pouvait s’attendre au pire.  Mais le pire n’advient pas toujours. En effet, grâce aux droits de mutations perçus sur les transactions immobilières, en hausse de 5 % sur l’année alors que les élus s‘attendaient à une baisse de 10 %, les rentrées ont été plus élevées que prévues.
« Les chiffres étaient très bons en janvier et février puis avaient plongé avec le confinement. Il y a eu un revirement à partir de septembre et surtout en novembre », constate soulagé le Président. « On a fini avec 89,5 millions d‘euros ce qui nous a donné des marges de manœuvre », précise le vice-président aux finances, Hervé Reynaud. Prudents, les élus n’ont budgété « que » 80 millions d’euros de recettes en 2021. 
A l’inverse, et sans surprise, la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) est, elle, en recul de 8,2 % sur l’année 2020.
Malgré tout, c’est un budget 2021 ambitieux que les élus de la majorité départementale ont fait voter le 5 février. Un budget de relance de plus de 829 millions euros dont 111 millions d’euros d’investissement (+ 26 %). « Du jamais vu », insiste Georges Ziegler tout en rappelant que 15 millions d’euros provenaient directement du plan de relance gouvernemental. 


Faire travailler le plombier ligérien 


Le Département est un important donneur d’ordre et, à ce titre, entend tenir toute sa place dans la relance économique. « On va investir sur les territoires en faisant travailler les entreprises locales : l’électricien du coin, le plombier du coin, etc. » Un chauvinisme ligérien assumé par les élus locaux. « Il faut que l’argent des contribuables de la Loire aillent dans les poches des artisans de la Loire ! » Une attention particulière sera portée à la rénovation des collèges et au réseau routier.
Dans ce contexte si particulier, la collectivité entend aussi assumer pleinement son rôle protecteur : « Accompagner, soutenir et protéger les plus fragiles est dans l’ADN de notre collectivité. Nous allons aider les gens qui souffrent, notamment à cause de la crise. On va soutenir les associations caritatives, nos agriculteurs, nos étudiants, les associations sportives, le monde culturel… ».
Et d’espérer que l’ensemble des collectivités avanceront main dans la main sur le chemin de la relance car la commande publique sera sans aucun doute un facteur clef de la reprise économique. « L’ère des concurrences stériles est terminée. On s’en sortira tous ensemble et le Département sera l’initiateur de coopérations entre les collectivités. » Ce ne sont pas moins de 30 millions d’euros que le Département versera aux municipalités et aux intercommunalités.


Hausse significative des bénéficiaires du RSA


Le Département consacre deux-tiers de son budget au social dont une grosse partie en faveur de l’autonomie des seniors et des handicapés (voir graphique). Le versement du RSA est un autre pôle important de dépenses (106 millions d’euros) et le nombre de bénéficiaires a augmenté de 8 % l’an passé pour s’approcher des 20 000. « Nous avons planifié une hausse à peu près identique en 2021 », prévoit le maire de Saint-Chamond. Ce ne sont pas moins de 180 agents qui œuvrent quotidiennement au reclassement des bénéficiaires du RSA.
Les élus regrettent que la contribution du Département soit de plus en plus importante car l’Etat n’a pas augmenté sa contribution alors que le budget global du RSA s’est largement élevé ces dernières années. « Ce n’est pas normal, l’Etat ne tient pas ses engagements et reste sourd à nos demandes », se lamente le Président.


La tournée de Macron


Georges Ziegler en profite pour envoyer un tacle au gouvernement. « Quand le Président Macron annonce une hausse du RSA, je suis très heureux pour les bénéficiaires, mais ce n’est pas lui qui paye ! C’est comme commander une tournée et la faire payer par d’autres. »
Et de préciser qu’une réflexion avait lieu au sein de l’ADF (Assemblée des départements de France) sur une éventuelle recentralisation du RSA au sein de l’Etat.


Vendre des propriétés


Pour gonfler les recettes, le Département a prévu de vendre des terrains. « Notre collectivité est un gros propriétaire. Il y a des biens qu’il est utile de conserver et de mettre en valeur comme notre patrimoine culturel (Bâtie d’Urfé, le prieuré de Pommiers, etc.) et d’autres dont on n’a pas la nécessité et qu’on peut mettre en vente. » Cela peut être par exemple des résidus de surfaces acquises lors d’une opération de création d’une déviation routière.
Quoi qu’il en soit, le contexte économique actuel ne sera pas sans impact. « Notre épargne brute se dégrade de 14 millions d’euros », reconnaît Hervé Reynaud. Mais la collectivité assume son choix. « On va s’endetter un peu plus mais on veut contribuer à la relance de l’économie des territoires », insiste le président tout en rappelant que la Cour régionale des comptes avait salué « notre bonne gestion » et avant de qualifier le budget 2021 de « frugale, responsable et maitrisé ».
Georges Ziegler a en revanche regretté d’avoir perdu le lien de l’impôt avec les Ligériens. « Aujourd’hui, avec la réforme voulue par l’Etat, on ne touche plus la taxe sur le bâti. L’Etat nous reverse une fraction de la TVA. Ce n’est pas sain de perdre ce contact avec les contribuables. »
 
David Bessenay