Julien Patard
Remplacements de l’été : besoin de bras et d’anticipation

Ancien salarié du Service de remplacement Loire, Julien Patard est désormais agriculteur. Adhérent et membre du bureau depuis peu, il donne quelques recommandations aux agriculteurs pour que les remplacements de l’été soient assurés et incite les potentiels salariés à se manifester.

Remplacements de l’été : besoin de bras et d’anticipation

Que retenez-vous de vos années de salariat au Service de remplacement Loire ?

Julien Patard : « Après mon BTS Acse par apprentissage, je cherchais à travailler avant de m’installer sur l’exploitation familiale. J’avais entendu parler du Service de remplacement pendant mes études et mon père était adhérent. J’ai donc postulé, car c’était l’occasion pour moi de me faire une expérience professionnelle avant de devenir agriculteur. Finalement, j’ai travaillé deux ans au Service de remplacement. J’ai pu découvrir de nombreuses exploitations, rencontrer de nombreux agriculteurs, voir divers systèmes. On ne peut pas bénéficier de cette diversité quand on est salarié dans une seule exploitation. Etre agent de remplacement permet aussi de se faire une idée sur ce qui plaît ou pas et ce qu’on veut mettre en place ou pas sur sa propre exploitation. Même si j’ai été amené à parcourir de nombreux kilomètres, j’estime que travailler au Service de remplacement a été pour moi un bon apprentissage pour le métier d’agriculteur. Je retiens de ces deux années les nombreuses discussions, très enrichissantes, avec les agriculteurs rencontrés. Finalement, c’était génial ! »

Alors que vous êtes désormais agriculteur, pourquoi adhérez-vous au Service de remplacement ?

JP : « J’ai quitté le Service de remplacement pour m’installer en Gaec avec mon père, à Saint-Thurin, en 2019. Nous avons un élevage de vaches laitières et deux bâtiments de poulets label. J’ai souhaité adhérer au Service de remplacement car on ne sait pas ce qui peut arriver : personne n’est à l’abri d’avoir besoin de main d’œuvre un jour. J’ai également souscrit au contrat de Groupama pour bénéficier d’un remplacement en cas d’accident ou maladie. Le coût n’est pas astronomique ; il ne faut pas s’en priver… »

A l’approche de l’été, la situation est-elle aussi tendue que ces dernières années ?

JP : « Oui, il faut jongler entre les vacances des salariés et les vacances des agriculteurs. Comme chaque année avant l’été, le Service de remplacement est à la recherche de nouveaux salariés pour répondre à la demande de remplacement des agriculteurs qui veulent prendre des vacances. Mais aussi pour permettre aux salariés en CDI de prendre des vacances et avoir des solutions de secours pour gérer les imprévus, comme par exemple un remplacement pour accident. Comme chaque année, les candidatures ne sont pas aussi nombreuses qu’espérées. Nous diffusons régulièrement des annonces sur internet. »

Quels sont les conseils dispensés aux agriculteurs par le Service de remplacement pour qu’un maximum de demandes bénéficient d’une réponse favorable ?

JP : « Nous conseillons aux agriculteurs de faire le plus tôt possible leur demande de remplacement pour congés. Ensuite, nous les incitons à rechercher un potentiel salarié qui pourrait assurer le travail en leur absence et qui serait embauché par le Service de remplacement pour l’occasion. Solliciter un remplacement et proposer un salarié assure de pouvoir prendre ses vacances comme prévu. Par contre, un agriculteur qui ne propose personne est dépendant jusqu’au dernier moment de la disponibilité ou non d’un agent. On se rend également compte qu’un jeune dit plus facilement « oui » quand la demande de travailler par l’intermédiaire du Service de remplacement vient d’un agriculteur qu’il connaît. Il se dit qu’il s’engage pour une semaine, et pas forcément pour tout l’été. Pour certains jeunes, ce peut-être un déclic pour un contrat plus long. »

Que diriez-vous à un potentiel salarié qui hésiterait à pousser la porte du Service de replacement ?

JP : « Il ne doit pas hésiter à téléphoner au bureau pour demander des renseignements. Il pourra faire un essai de quelques jours ou quelques semaines avant pour voir si le travail lui plait ou pas. Je pense que c’est difficile de se rendre compte avant d’essayer si on a la fibre ou pas pour travailler au Service de remplacement. L’équipe administrative du Service de remplacement se charge de monter le dossier du salarié, qui doit fournir les documents nécessaires. Il n’y a rien de compliqué. »

Quels sont les freins avancés par d’éventuels salariés sur des périodes plus longues ou à l’année ?

JP : « Même si la période estivale est tendue, les salariés se font rares toute l’année. Je pense que certains jeunes n’ont pas envie de travailler le week-end, d’autres appréhendent d’avoir à changer régulièrement d’exploitation. C’est vrai que la première des qualités à avoir quand on est agent de remplacement, c’est la capacité d’adaptation. On change régulièrement de ferme, mais surtout, on peut être amené à intervenir sur une exploitation suite à un décès ou un accident. Il faut donc avoir un minimum de connaissances pour être autonome dans ces cas-là. »

 

Propos recueillis par Lucie Grolleau Frécon