Régionales 2021
Chantal Gomez : « Ceux qui nourrissent le pays ne peuvent pas vivre de leur travail »

Réunis à Agrapole (7e arrondissement de Lyon), lundi 31 mai, les membres du Caf Auvergne Rhône-Alpes (1) ont convié les principales têtes de liste candidates aux élections régionales des 20 et 27 juin prochains à présenter leurs programmes pour l’agriculture régionale. Après un tirage au sort effectué le matin même, elles se sont exprimées à tour de rôle, en visio-conférence. Elles ont chacune présenté en quinze minutes leurs intentions et ambitions en cas de victoire.

Chantal Gomez : « Ceux qui nourrissent le pays ne peuvent pas vivre de leur travail »
© Apasec - Capture d'écran

Chantal Gomez - Lutte Ouvrière

Je conduis la liste Lutte ouvrière. Pour faire entendre le camp des travailleurs dans cette élection, je m’adresse à ceux qui n’ont que leur travail pour vivre, qui n’exploitent personne et qui créent toutes les richesses de cette société. Les petits exploitants, les petits producteurs et tous les ouvriers agricoles qui comme les salariés sont victimes d’un système dominé par la dure loi du marché et une minorité de grands groupes, qu’ils soient de l’agrobusiness, de l’industrie ou de la grande distribution, sans oublier la finance et les banques. Je souligne au passage la complicité de l’Etat : les ministres, qu’ils soient de gauche ou droite, sont tous à genoux devant ces grands bourgeois du capital. Ce système nous mène droit au mur. Les grands groupes comme Lactalis ou les coopératives n’ont de coopérative que le nom, comme Sodiaal : l’agriculteur a beau avoir l’impression d’être un patron, il n’en demeure pas moins soumis aux capitalistes de l’agroalimentaire, de la grande distribution et des banques qui imposent leur quotas et leurs lois. Sur le prix d’un poulet, 30 % revient au producteur et près de 56 % aux transformateurs et distributeurs.

Il faut une lutte collective des producteurs

Si aujourd’hui certains paysans font faillite ou sont au bord de la faillite, mettent fin à leurs jours et leurs enfants ne s’imaginent pas reprendre l’exploitation, c’est à cause de cette économie capitaliste de plus en plus folle. Dans ce système absurde, ceux qui nourrissent le pays ne peuvent pas vivre de leur travail et doivent parfois survivent avec le RSA et toucheront des retraites de misère. Je mets en avant des mesures indispensables : un emploi pour tous, un salaire correct. Je tiens aussi à rappeler que beaucoup d’agriculteurs souhaitent vivre de leur travail et non des aides. Mais ce n’est pas la philosophie des gros agriculteurs, qui engrangent la majorité des subventions dans l’opacité la plus totale. Les petits eux, doivent se contenter des miettes et attendre des mois pour toucher les subventions, de la Pac notamment. Les collectivités locales comme les régions sont finalement les vaches à lait des capitalistes, elles leur versent des subventions sous des formes diverses et variées. Les travailleurs et producteurs qui vivent de leur travail doivent contester la main mise d’une minorité de grands bourgeois. Ils seraient bien plus à même de diriger la société et de permettre à chacun de vivre de son travail. Je suis pour le contrôle ouvrier sur l’économie et pour en finir avec le secret commercial et bancaire : il faut une lutte collective des producteurs.

Propos recueillis par Alison Pelotier et Zoé Besle

(1) Caf : le Conseil de l’Agriculture Française d’Auvergne-Rhône-Alpes réunit les organisations professionnelles agricoles représentatives et mutualistes de la région : FRSEA, Jeunes Agriculteurs, La Coopération Agricole, Crédit Agricole, Groupama, MSA, chambre régionale d’agriculture.

Vidéo à retrouver ci-dessous.