Chambre d’agriculture
De nombreux défis à relever, parfois contradictoires
Retour sur la session de la Chambre d’agriculture de la Loire, qui se tenait mercredi 30 novembre à Feurs. L’énergie, que ce soit pour sa production ou pour l’augmentation du montant des factures, et la gestion des usages de l’eau étaient au coeur des débats.
Après les confinements et encore plus depuis le début du conflit russo-ukrainien, la souveraineté alimentaire a été replacée au cœur des enjeux pour la France. L’agriculture a un rôle majeur à tenir. C’est ce qui a été redit lors de la session de la Chambre d’agriculture de la Loire, en milieu de semaine dernière. Néanmoins, selon Rémi Jousserand, secrétaire général, « l’agriculture ne pourra pas relever tous les défis : assurer la souveraineté alimentaire et en même temps produire de l’énergie ». « On ne peut pas développer un PAT (Projet alimentaire territorial) et en même temps vouloir multiplier les projets de méthanisation et photovoltaïques au sol. Si l’agriculture perd de la surface, elle ne pourra pas nourrir la population du territoire », assurait également Nicolas Charretier, membre du bureau.
Les sujets de la méthanisation et du photovoltaïsme étaient largement abordés lors de la session. Pour les responsables de la Chambre d’agriculture, le développement du biogaz ne doit pas déstabiliser l’économie agricole des territoires et des filières agricoles alimentaires, ni les systèmes d’exploitation. Plus concrètement, les végétaux dédiés à l’alimentation des animaux ne doivent pas être méthanisés et les digestats (ceux qui ne seraient pas issus de l’agriculture) servant d’amendement ne doivent pas aller à l’encontre des cahiers des charges des productions agricoles.
L’énergie, un problème et une solution
Raymond Vial, président de la Chambre d’agriculture de la Loire, convenait que « la méthanisation et le photovoltaïsme sont des sujets sensibles. La profession agricole doit écrire un cadre pour afficher clairement sa position. » Une motion sur le photovoltaïsme proposée par la Chambre d’agriculture et allant dans ce sens a été adoptée. Raymond Vial annonçait que « le groupe de travail sur le photovoltaïsme sur les toits devrait être en mesure de sortir un vrai plan d’action dans les prochains mois. Les industriels doivent aussi s’emparer de ce dossier, tout comme les collectivités. » Il poursuivait : « La stratégie est avant tout l’auto-consommation. Nous nous devons d’accompagner les agriculteurs dans ce sens. Ils doivent réfléchir à comment réduire leur facture d’énergie. »
L’énergie est un enjeu et le monde agricole a sa place. Mais l’énergie est aussi actuellement source d’inquiétudes en raison de son coût qui ne cesse d’augmenter. Mickaël Mazenot a souligné « la détresse » et « le désarroi » des arboriculteurs : ils sont prêts à arrêter leurs frigos où sont stockées les pommes, mais les prix de celles-ci sont au plus bas. Véronique Murat prenait quant à elle l’exemple des producteurs laitiers ayant un atelier de transformation. « Les salaires ne suffisent pas à payer l’augmentation de la facture d’électricité… » De nombreux agriculteurs ne sont pas concernés par les mesures mises en place par l’Etat pour diminuer la facture énergétique. La préfète assurait comprendre la situation et la faire remonter à l’échelle nationale.
Faire évoluer l’agriculture pour économiser l’eau
Une fois de plus, le sujet des usages de l’eau s’est invité dans les débats de la session, alors que les multiples réunions du retour d’expérience (RetEx) sur la gestion de l’eau en 2022 initié par la DDT se terminent et que la restitution est programmée avant la fin de l’année. « Ces réunions se sont déroulées dans un esprit d’échanges entre les acteurs et dans une ambiance cordiale », avouait Nicolas Charretier. Il déplorait néanmoins que l’agriculture soit régulièrement pointée du doigt. « Je veux bien entendre qu’il faille faire évoluer l’agriculture » pour qu’elle s’adapte au changement climatique et optimiser les usages de l’eau, « mais je ne peux pas admettre le terme de " métamorphoser ". Si des contraintes sont mises trop brutalement aux agriculteurs, ils ne le supporteront pas et ils quitteront le métier. » « C’est bien dommage que, dans ce pays, l’agriculture soit toujours considérée comme la seule variable d’ajustement », poursuivait le président de la Chambre d’agriculture, en ramenant le sujet à l’échelle nationale.
Lucie Grolleau Frécon
La totalité des articles relatifs à la session de la Chambre d'agriculture sont à retrouver dans le journal du 9 décembre.