Statut de fermage
La transmission au cœur du 75e congrès des fermiers

Les délégués sont attendus nombreux, du mardi 21 au jeudi 23 février, salle de la Papeterie, à Villerest, pour la nouvelle édition du congrès de la SNFM. Et qui dit nouvelle édition, dit nouvelle thématique ! Après l’évaluation de l’entreprise agricole en 2021 et le portage du foncier en 2022, la transmission s’invite pour cette 75e édition.

La transmission au cœur du 75e congrès des fermiers
Du 21 au 23 février, la 75e édition du congrès de la SNFM se tiendra à Villerest, dans le Roannais. Son thème cette année ? La transmission.

Du mardi 21 au jeudi 23 février, Villerest sera la ville-hôte de la 75e édition du congrès de la Section nationale des fermiers et métayers (SNFM). Une satisfaction pour son président, Bertrand Lapalus, agriculteur ligérien, qui apprécie d’autant plus le lieu choisi : « À Villerest, on est dans le Roannais, c’est un territoire à l’image des fermiers. Ce ne sera pas un congrès ”bling-bling”, mais plutôt accessible, simple et efficace. »

Si, selon le président, l’objectif de ce rassemblement est de « mettre un peu plus en lumière nos difficultés territoriales, notamment en permettant aux participants de se rendre compte par eux-mêmes de l’environnement des fermiers de la Loire », cela permet par ailleurs aux congressistes de côtoyer des bénévoles du département, lesquels peuvent faire passer des messages. « Le but premier du congrès, c’est de valider nos travaux, de faire venir des intervenants pour donner de la matière à nos problématiques et de sensibiliser ces derniers. »

Se mobiliser pour défendre le statut du fermage

S’adressant aux délégués désignés par les départements et régions, l’évènement est aussi vu comme un moyen de redynamiser la section départementale : « Nous allons faire appel à des bénévoles, bien qu’aujourd’hui trop peu acceptent de donner de leur temps durant trois journées pour préparer le congrès », regrette le président. Avant d’avertir : « C’est dans ce genre de moment que l’on voit à quel point notre système est fragile. Si cela continue, à terme, on pourra se retrouver sans personne pour défendre le statut de fermage. Les agriculteurs se sentent en sécurité via ce statut, pourtant, ils oublient ou ignorent que dans le même temps, des lobbys tentent de le faire disparaître. Et s’ils parviennent à affaiblir le statut, ces mêmes agriculteurs qui ne s’investissent pas nous le reprocheraient. » Aussi Bertrand Lapalus appelle-t-il à la mobilisation, « en faisant front par l’unité et la masse », craignant que les agriculteurs individualistes ne précipitent les chances de perdre leurs acquis et leurs solutions pour l’avenir.

Pour l’heure, 120 à 130 délégués sont attendus à huis clos les deux premiers jours, environ 200 le jeudi. Réparti sur deux jours et demi, le congrès ne pourra toutefois pas consacrer de temps à une thématique exclusivement ligérienne. « On compte bien faire passer des messages via la présentation du département (introduction et petit film), mais aussi par des interventions du président de la Section départementale (Raphael Reynaud, NDLR), ou encore de la Chambre d’agriculture et/ou de la FDSEA pour mettre en lumière les problématiques locales », ajoute toutefois Bertrand Lapalus.

Avec cette 75e édition, si les sujets peuvent donner l’impression de s’essouffler, Bertrand Lapalus exclut cette idée : « C’est vrai que cela pourrait paraître rébarbatif. Mais de l’intérieur, nous avons plein de nouvelles problématiques très intéressantes où les fermiers ont tous leur place : l’agrivoltaïsme, la mise en place d’un statut d’agriculteur professionnel, les montages sociétaires, les ZNT (Zones de non-traitement), la fiscalité et son évolution, etc. »

Trois éditions complémentaires

Concernant les derniers congrès, où les rapports d’orientation ont systématiquement été validés par les délégués, Bertrand Lapalus se veut fier du travail accompli. En 2021, la thématique portait sur l’évaluation de l’entreprise agricole. « Il semble important, si l’on veut réussir une installation, de bien préparer la transmission. Il faut donc partir sur des bases justes. L’évaluation de l’entreprise agricole est réclamée par bon nombre, car aujourd’hui, on s’écarte beaucoup de la réalité économique et on tend trop vers une évaluation patrimoniale. Avec cette dernière, un barrage est alors fait aux jeunes candidats à l’installation. » L’an dernier, le thème de la 74e édition était le portage du foncier agricole et ses solutions. « Nous avons parlé du fond de portage mis en place par les Safer, mais aussi des GFA (Groupements fonciers agricoles), des investisseurs privés qui se comportent en bailleurs, etc. » Avec la thématique de 2023, à savoir la transmission, ces trois derniers congrès se veulent complémentaires. « Cette année, nous terminons avec le sujet de la transmission, car pour que celle-ci réussisse, il faut que les deux sujets abordés avant voient le jour. »

Guidés par le sujet du renouvellement des générations, les travaux ont permis de mettre en lumière le constat suivant : « Nous savons qu’en 2026, 50 % des agriculteurs auront atteint l’âge légal de la retraite. 70 % d’entre eux n’ont pas de successeur connu. Donc cela veut dire que l’on aura du sang neuf, des hors cadres familiaux qui viendront et donc, des profils d’agriculteurs différents. Ils auront besoin de partir sur de bonnes bases, d’avoir un outil de travail sécurisé et estimé à sa juste valeur. »

Axel Poulain