Déchets verts
Le co-compostage, une solution « gagnant-gagnant »

Depuis plus de 20 ans, le co-compostage s’installe dans la Loire. Neuf déchèteries  et environ 70 agriculteurs ligériens ont intégré cette filière. Une pratique qui se veut respectueuse de l’environnement et vectrice d’avantages pour les différents acteurs.

Le co-compostage, une solution « gagnant-gagnant »
À l’heure où la question écologique et environnementale devient une des préoccupations les plus importantes, le co-compostage s’inscrit comme une pratique respectueuse de l’environnement puisqu’elle permet en effet de recycler en privilégiant des circuits courts.

La technique du co-compostage consiste à composter des effluents d’élevages humides, comme les fumiers mous, avec des déchets verts (tailles de haies, tontes, etc.). Pour organiser et réglementer cela, la Chambre d’agriculture de la Loire a mis en place une convention tripartite avec plusieurs déchèteries ligériennes (Pouilly-sous-Charlieu, Pouilly-les-Nonains, Riorges, Saint-Symphorien-de-Lay, Saint-Germain-Laval, Balbigny, Arthun, Estivareilles, Panissières, Pélussin), dont cinq sur le territoire du Syndicat d’études et d’élimination des déchets du Roannais (Seedr), et des exploitants agricoles. Son but : contrôler cette filière. « La Chambre d’agriculture doit vérifier que l’exploitant agricole respecte bien l’utilisation de la composteuse et s’il est à même de recevoir les tonnages qu’il demande », explique Alexandra Dumont, technicienne au Seedr. Une technique vivement contrôlée pour veiller à son bon fonctionnement.

Une filière qui sollicite les particuliers

La solution écologique qu’est le co-compostage fonctionne seulement si les citoyens sont impliqués. « Ce sont des apports uniquement faits par les particuliers, les dépôts de professionnels ne sont pas acceptés dans les déchèteries du Seedr », affirme Alexandra Dumont. Son fonctionnement est simple. Tout commence avec l’arrivée de déchets verts, qui varie en fonction des saisons. « Actuellement, plus de tonte nous est amenée alors qu’en automne c’est plus de la taille », complète-t-elle. Des agents veillent à ce qu’ils soient conformes aux conditions souhaitées. «Ils doivent répondre à certains critères, dont notamment le diamètre des branchages déposés qui doit être inférieur à 10 cm », précise la technicienne. Ce tri constant des indésirables assure la qualité du broyat final.

Une fois que les apports sont acceptés, les neuf plateformes de la Loire les stockent en fonction de leur taille. «Pour les plus petites, on attend d’en avoir 200 tonnes avant de faire passer le broyeur et dans les plus imposantes comme celle de Riorges ou de Pouilly-sous-Charlieu, cela peut aller jusqu’à 600 à 700 tonnes », indique la professionnelle du Seedr. Dès que le broyage est terminé, les collectivités se chargent de son acheminement vers les structures agricoles membres de la filière de co-compostage. Avant son convoi, la matière produite est partagée selon des besoins définis par la Chambre d’agriculture de la Loire lors de l’étude faite avant l’adhésion au réseau. Par le biais de leurs dépôts, les citoyens sont la pierre angulaire de ce cercle vertueux de recyclage.

Un système viable et durable

À l’heure où la question écologique et environnementale devient une des préoccupations les plus importantes, le co-compostage s’inscrit comme une pratique respectueuse de l’environnement. Elle permet en effet de recycler en privilégiant des circuits courts : « le partenariat se fait avec des agriculteurs proches, ce qui nous évite de transporter les déchets vers d’autres plateformes. Ce qui réduit d’une part l’empreinte carbone qu’engendre ces transports, et d’autre part le coût financier de ces derniers et du traitement de cette verdure. Autre aspect économique, certains agriculteurs utilisent le broyat comme de la paille en le plaçant en sous couche de litière ou encore comme substitut d’engrais chimiques, ce qui leur offre la possibilité de diminuer les coûts. De plus, en utilisant du compost, le volume à épandre est réduit de près de moitié. Le co-compostage a aussi des avantages agronomiques puisque « le broyat dispose d’un potentiel hydrogène (pH) neutre, ce qui réduit l’acidité des sols qui ont tendance à le devenir au fil du temps», déclare Alexandra Dumont. Ce qui contribue à l’entretien de la structure des sols. Un autre aspect agronomique est relevé par la technicienne du Seedr : «Avec son utilisation, on voit l’apparition de nouvelles espèces de graminées qui n’étaient plus présentes dans les parcelles ». Cette méthode a aussi des atouts réglementaires. Les exploitants qui utilisent ce mode de fonctionnement peuvent réduire les distances d’épandage vis-à-vis des tiers. Ils bénéficient également d’un calendrier d’épandage plus souple en zone vulnérable nitrates.

À travers cette pratique, plusieurs acteurs en ressortent grandis. D’un côté, les citoyens qui peuvent se débarrasser rapidement et simplement de leurs déchets verts tout en sachant qu’ils seront valorisés. De l’autre, les collectivités qui réduisent leur empreinte carbone. Et enfin les agriculteurs qui, s’ils respectent certaines obligations, obtiennent de nombreux bénéfices. Une solution « gagnant-gagnant ».

Sylvain Bruyas