FDSEA et JA Loire
Se préoccuper des prix pour éviter la destruction des filières

Contexte agricole de flambée des charges, loi Egalim 2 et mise en œuvre de la contractualisation, répartition des marges dans les filières, autant de sujets interdépendants qui ont été abordés en fin de semaine dernière lors d’une conférence de presse organisée par la FDSEA et Jeunes agriculteurs Loire.

Se préoccuper des prix pour éviter la destruction des filières
C’est sur l’exploitation du Gaec des Chataigniers, à Saint-Just-Saint-Rambert, que les responsables de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs Loire ont rencontré la presse.

Les responsables de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) et de Jeunes agriculteurs Loire avaient donné rendez-vous à la presse vendredi 11 février sur l’exploitation du Gaec des Châtaigniers à Saint-Just-Saint-Rambert. Quentin Bastide et Claude Goutagneux produisent 380 000 litres de lait chaque année (60 vaches laitières) en agriculture biologique. Le Gaec a également un atelier porcin naisseur-engraisseur (35 truies). « Avoir deux productions a permis à l’exploitation d’être toujours là aujourd’hui », assurait Claude Goutagneux. Cet équilobre est désormais remis en question en raison des charges.

Prix de vente inférieurs aux coûts de production

Cette conférence de presse a été l’occasion de poser quelques chiffres concrets quant à l’augmentation des charges dans les exploitations agricoles et de réaffirmer la nécessaire augmentation des prix, notamment en appliquant la loi Egalim 2.

Contractualisation obligatoire

« Egalim 2 est en phase de mise en œuvre. Même si cette loi représente un gros chamboulement pour les producteurs et la filière, elle doit s’appliquer », insistait Jean-Luc Perrin, secrétaire général de la FDSEA. « Heureusement, le ministre de l’Agriculture est très offensif sur la loi Egalim », complétait François Garrivier, vice-président de la FDSEA. « Aux agriculteurs de se prendre en main pour proposer des contrats à leurs acheteurs », répétait Gérard Gallot.

Des négociations attendues

Comme chaque début d’année, les négociations entre les entreprises de transformation et la grande distribution sont en cours. Pour Gérard Gallot, « l’objectif est de revaloriser le prix des produits agricoles. Ces négociations sont primordiales pour l’avenir de l’agriculture ». Puisque la loi oblige à la contractualisation, le syndicalisme majoritaire estime que la construction du prix de vente au consommateur doit désormais se faire en tenant compte des coûts de production sur les exploitations. Les responsables syndicaux conviennent que les prix des produits agricoles ont tendance à remonter un peu actuellement, mais surtout sous l’effet de la rareté des denrées. Ils ne compensent pas la flambée actuelle des charges sur les exploitations. « Aux entreprises d’en tenir compte dans les négociations actuelles », insistait Rémi Jousserand, secrétaire général adjoint de la FDSEA.

Pouvoir d’achat

Selon le syndicalisme majoritaire, le pouvoir d’achat des consommateurs est un débat qui masque la réalité du fonctionnement des filières. Gérard Gallot dit comprendre qu’il faut « défendre le pouvoir d’achat des consommateurs, mais sans pour autant détruire la valeur des produits alimentaires ».

La vente directe du producteur au consommateur permet, en théorie, d’ajuster plus facilement le prix de vente selon les charges. Même si ce système de vente est porteur dans notre département, toutes les exploitations ne peuvent pas se lancer dans la vente directe. Rémi Jousserand indiquait également que, certes, les achats en direct au producteur se sont développés pendant et après le premier confinement, mais, deux ans après, les consommateurs ne sont plus là. « Depuis 50 ans, la France conduit une politique de prix bas pour les produits alimentaires et la part de l’alimentation dans le budget des consommateurs diminue sans cesse. Naturellement, les consommateurs sont retournés acheter à manger dans les grandes surfaces. »

Pour François Garrivier, « les citoyens français ont tendance à faire différemment de ce qu’ils disent. S’ils exigent un certain mode de production et une certaine qualité des produits agricoles, ils doivent accepter, en tant que consommateurs, d’y mettre le prix. C’est vrai pour les repas pris à la maison, mais aussi pour les repas hors domicile (écoles, hôpitaux…) ». 

Souveraineté alimentaire

Le président de Jeunes agriculteurs estime qu’en France, « nous sommes à deux doigts de perdre la souveraineté alimentaire, car le nombre d’agriculteurs et le nombre d’animaux baissent. Le risque est de devoir acheter à l’étranger les denrées alimentaires ». « Des denrées dont le mode de production n’est pas accepté en France par la population », rebondissait Jean-Luc Perrin. Pour Gérard Gallot, « la France a un vrai choix sociétal à faire » en matière d’alimentation. 

La totalité de l'article est à retrouver dans la version papier de cette semaine.

 

Lucie Grolleau Frécon