Chambre d’agriculture
Crise sanitaire : Et maintenant ?

Les membres de la session de la Chambre d’agriculture de la Loire étaient réunis mercredi 8 juillet à Feurs. La gestion des conséquences de la crise sanitaire, pendant le confinement et après, a concerné grand nombre d’interventions.
Crise sanitaire : Et maintenant ?

Jamais l'accueil n'aura été aussi rapide pour une session de la Chambre d'agriculture de la Loire. Les gestes barrières à respecter ont restreint les conversations autour d'un café ou d'un jus de fruit, limitant la convivialité mais permettant un début des travaux dans les délais impartis. Le départ programmé de Monsieur le préfet en milieu d'après-midi a également imposé un bon rythme pour le déroulement du programme. Ceci n'a pas empêché les échanges, notamment sur les conséquences de la crise sanitaire.
Gérard Gallot, vice-président de la Chambre d'agriculture et président de la FDSEA, évoquait une réunion initiée par la Préfecture et à laquelle était invités les représentants des banques et assurances. « Les banques ont dit ne pas avoir décelé de problème sur les comptes des agriculteurs. Mais les fournisseurs n'ont peut-être pas tous été payés, des achats ont été reportés..., je crains que les difficultés soient devant nous. » Evence Richard, préfet de la Loire, convenait que «la situation sanitaire génère un contexte d'incertitude pour la fin de l'année. » Il proposait de « conserver les points de rendez-vous pour voir comment évolue la conjoncture agricole et comment s'y adapter », rendez-vous réguliers mis en place pendant le confinement en présence des représentants de l'agriculture et des filières aval de l'agriculture. Raymond Vial, président de la Chambre d'agriculture, remerciait d'ailleurs Evence Richard pour « toutes les rencontres organisées pendant la crise sanitaire », rencontres par téléphone ou en visio bien évidemment.

 

Circuits de distribution

Un préfet qui a effectivement été à l'écoute de la profession agricole pendant le confinement. La preuve avec la délivrance de dérogations pour la réouverture des marchés de producteurs aux maires qui en ont fait la demande. «Quand le Premier ministre dit de fermer les marchés, le préfet n'a pas le choix. Quand il a été possible de les ouvrir à nouveau, nous avons examiné les critères, intervenait Evence Richard. Dans la Loire, aucun maire ne peut dire que j'ai refusé la dérogation. Certains maires n'ont pas sollicité cette dérogation, d'autres l'ont fait tardivement. » Au cours de la session, une motion a été adoptée pour demander que « si une telle situation de confinement venait à se reproduire, aucune décision de fermeture des marchés alimentaires ne soit prise par les maires ». Cette motion propose également la création d'une commission mixte « marché » dans chaque commune où se tient un marché, pour assurer un lieu d'expression pour les producteurs.
Les agriculteurs ont effectivement mal vécu le fait que la grande distribution puisse rester ouverte pendant le confinement, alors que certains marchés étaient fermés. « Les GMS ont eu un régime particulier, mais elles ont une gamme de produits plus large que les producteurs fermiers, intervenait monsieur le préfet. Mais l'un ne doit pas exclure l'autre. »
Chantal Brosse, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l'agriculture, rebondissait sur le sujet des marchés en précisait que le Département a été actif pendant le confinement en créant la plateforme « Aider les autres » et en y intégrant des informations venant de la Chambre d'agriculture sur les producteurs fermiers et leurs modes et lieux de commercialisation. Pour monsieur le préfet, « il faut profiter de l'engouement qu'a suscité la crise sanitaire chez les consommateurs pour l'achat de produits locaux. Il faut essayer de rebondir sur cette crise, voir comment mettre en place des outils et des circuits de distribution pour répondre aux besoins d'une plus grand nombre ». « Je ne suis pas sûr que le comportement des consommateurs change », même après la période de confinement, estime Philippe Dumas. « La filière viande a une vraie volonté de remettre de la valeur » aux producteurs, mais, au final, « ce sont les consommateurs qui sont les décideurs à travers leur acte d'achat».
Dans ce contexte de crise sanitaire, le demande d'application de la loi alimentation est revenue dans la discussion. Pour Nicolas Lenoir , président de Jeunes agriculteurs Loire, «les GMS ont eu besoin de l'agriculture française pendant le confinement. Maintenant, l'argent doit retomber dans les caisses des agriculteurs en faisant appliquer la loi Alimentation». Monsieur le Préfet convenait que le confinement « est venu perturber le programme de travail » sur l'application de la loi Alimentation. Il assurait cependant que « du travail avait été fait avant et que des avertissements avaient été donnés ». Chantal Brosse indiquait que le Département a pris note de la demande d'Interbev de consommer de la viande issue du local. «Nous l'avons fait suivre aux gestionnaires des collèges et des IMS » (Institut médicaux-sociaux), structures dont le Département est en charge.

 

Pac

Le confinement a également perturbé les habitudes en matière de déclaration Pac. Finalement, « la mobilisation de tous a fait que la campagne de déclaration s'est bien déroulée et dans les temps », intervenait Elise Regnier, directrice de la DDT de la Loire. Le traitement des dossiers a ainsi pu commencer dans les délais fixés.
Le report de la nouvelle Pac, en raison du Brexit et de la crise sanitaire qui ont retardé les discussions, inquiète les responsables professionnels de la Loire, notamment avec les incertitudes relatives à la période de transition de deux ans entre la Pac 2015-2020 et la nouvelle Pac qui devrait désormais se mettre en place en 2023. « Comment va par exemple être traité le PCAE pendant cette période ? » interrogeait Gérard Gallot. Pour les règles de la Pac pendant cette période de transition, «je pense que nous sommes plus proches d'un passé que l'on connaît que d'un avenir que nous ne connaissons pas», rassurait le préfet.
Nicolas Charretier soulevait une autre conséquence du confinement : le souhait de nombreux urbains de venir habiter à la campagne. « C'est une vraie inquiétude pour le monde agricole car souvent le bâti est vendu avec quelques hectares, ce qui représente une perte de surface pour l'agriculture, des contraintes supplémentaires et des prix qui flambent. Et les agriculteurs peuvent difficilement se positionner pour acheter du bâti. »

 

Nuisibles

La problématique des nuisibles a inévitablement été abordée au cours de la session de la Chambre d'agriculture. « Les agriculteurs vivent une vraie problématique de dégâts de sangliers et de corvidés », rappelait Gérard Gallot au préfet et à la directrice de la DDT. Il invitait également les élus de la Chambre d'agriculture à inciter les agriculteurs à prendre part à l'enquête initiée par la FDSEA sur les dégâts de nuisibles de manière à avoir un état des lieux au plus proche de la réalité. Monsieur le Préfet confirmait qu'il faudra « monter un bon et gros dossier » pour faire évoluer le classement du choucas des tours, jusqu'ici classé en espèce protégée. Quant aux dégâts de sangliers, même si le confinement a empêché les battues, des ordres de chasse particulière ont pu être donnés aux exploitants touchés, rappelait Elise Regnier. « Ils permettent de répondre à des situations particulières. Nous sommes constamment à la recherche de solutions spécifiques au département. »

 

Motions

Au cours de l'après-midi, il a également été question de la revalorisation des retraites agricoles, à travers de motions proposées par la Confédération paysanne et la Chambre d'agriculture, qui ont finalement fusionné en une seule. Les récentes avancées ont été reconnues, mais il reste encore des points à améliorer, notamment les bénéficiaires.
Une motion a également été adoptée au sujet de la multiplication d'implantations en zone agricole d'antennes relais pour la téléphonie mobile. « C'est un dossier qui part dans tous les sens, lançait le président de la Chambre d'agriculture. Il mérite de mettre autour de la table les opérateurs, l'agriculture et les services de l'État. » Des écarts entre les surfaces bétonnées déclarées et la réalité ont été relevés, des propositions d'indemnisations irrationnelles ont été faites, l'implantation d'antennes très proches l'une de l'autre ont été évoquées... « On ne peut pas laisser tout faire, intervenait Nicolas Charretier. Un cadre doit être fixé. » Le préfet rappelait que les installations d'antennes relèvent d'une réglementation spécifique. Leur instruction passe en CDPenaf. « Mais il n'est pas impossible que des réalisations ne correspondent pas au projet. D'après le code de l'urbanisme, le maire peut mener des poursuites. Cela nécessite une grande vigilance en amont et en aval. » Evence Richard assurait au président de la Chambre d'agriculture que les services de la DDT profiteraient d'une réunion avec les opérateurs pour aborder ce sujet.

 

Collecte de plastiques et pneus

Danielle Petit, présidente de la Fédération départementale des comités de développement, a annoncé que la collecte de bâches, initialement prévue ce printemps, a été reportée après l'été en raison du confinement. Elle devrait commencer fin août et se prolonger jusqu'à mi-novembre en fonction des comités de développement. Elle expliquait également que la collecte de pneus prévue pour 2020 était reportée à début 2021, de manière à entrer dans la démarche Recyvalor, ce qui engendrerait des coûts inférieurs pour les agriculteurs. Danielle Petit tenait d'ailleurs à préciser que « la fédération des comités de développement ne fait pas de bénéfice sur la collecte de pneus ».

 

Lucie Grolleau Frécon