Sanitaire
IBR : tout faire pour éviter d’avoir des animaux positifs

La recrudescence de l’IBR dans le département alors que la Loi de santé animale va entrer en application prochainement inquiète le président du Groupement de défense sanitaire (GDS), David Duperray. Face au désarroi des éleveurs dont le cheptel est déqualifié, les réponses manquent parfois.

IBR : tout faire pour éviter d’avoir des animaux positifs
En règle générale, il faut éviter les contacts entre animaux par les clôtures pour se prémunir de toute transmission du virus de l’IBR. La double clôture est à privilégier.

Pourquoi le GDS incite-il les éleveurs, depuis plusieurs années, à qualifier « indemne en IBR » leur troupeau ?

David Duperray, président du GDS 42 : « Le GDS de la Loire a toujours poussé les éleveurs à qualifier leur élevage vis-à-vis de l’IBR car les professionnels, mais aussi l’équipe technique, étaient persuadés qu’il serait un jour difficile pour les éleveurs de commercialiser leurs animaux positifs. La Loi de santé animale (LSA), qui va bientôt entrer en application, nous donne raison. Dans la Loire, tout le monde avait pris conscience des enjeux de l’IBR. Il ne restait que peu d’élevages à qualifier. Mais ces dernières semaines, de nombreux animaux positifs à l’IBR ont été détectés dans des troupeaux indemnes. C’est une catastrophe pour les éleveurs à qui cela arrive, notamment pour la commercialisation des animaux. Ils ont pleinement conscience de la situation et la vivent difficilement. C’est également dur pour les responsables et les équipes du GDS : nous pensions tous avoir gagné collectivement, et tout est remis en question. »

Comment a évolué la situation depuis un mois ?

DD : « Nous sommes maintenant à 11 élevages ayant perdu leur qualification dans le département (ndlr : en date du 15 mars). D’autres élevages sont en attente de confirmation. Les élevages touchés ont introduit des bovins, mais pas tous. Nous sommes surpris par la vitesse de contamination de l’IBR au sein d’un élevage. Dans certains troupeaux, c’est presque la totalité des animaux qui sont positifs. On a l’impression que le virus est beaucoup plus virulent qu’avant et que la transmission ne se fait pas que par contact, mais aussi par l’air. La virulence de la maladie interpelle. Dans les cheptels où la maladie passe, il y a vraiment des dégâts. Dans un élevage, des animaux en sont même morts. »

Comment envisagez-vous les prochaines semaines et prochains mois ?

DD : « J’ai une forte inquiétude : que des animaux positifs non détectés soient mis à l’herbe ce printemps, qu’ils contaminent les cheptels voisins de pâtures et que l’on retrouve des animaux positifs lors de la prochaine prophylaxie dans les élevages, à l’automne et l’hiver prochains. Il faut vraiment que les éleveurs soient vigilants entre voisins. »

Quelles sont les précautions à prendre ?

DD : « Une chose est sûre, que l’élevage voisin ait des animaux positifs détectés ou pas, il faut vraiment être vigilant jusqu’à la prochaine prophylaxie. Plusieurs foyers ont été identifiés dans le département ; nous ne sommes pas à l’abri d’en découvrir d’autres. C’est pour cela que le GDS encourage les éleveurs à échanger entre eux.

Il faut éviter les contacts entre animaux par les clôtures. La double clôture est à privilégier. Quand des animaux de deux voisins se retrouvent malheureusement ensemble, les éleveurs ne doivent pas hésiter à faire des prises de sang pour éviter une catastrophe à l’automne. Cette année, la prudence est vraiment de mise. Lorsqu’un camion vient chercher des animaux sur sa ferme, l’éleveur doit être vigilant : le chauffeur doit avoir des bottes propres ; bien évidemment, aucun animal ne doit re-descendre du camion ; le chargement doit s’effectuer à l’extérieur du bâtiment. Mais il ne faut pas tomber dans la psychose. Une bétaillère ou du matériel de contention soigneusement nettoyés et désinfectés peuvent tout à fait être utilisés par plusieurs éleveurs. Ces gestes-là devraient d’ailleurs toujours être pratiqués, en période d’IBR ou pas. »

Que doit faire un éleveur détenant des animaux positifs ?

DD : « Tous les animaux détectés positifs seront vaccinés ce printemps avant la mise à l’herbe. L’excrétion étant presque nulle chez un animal vacciné, le risque est moins élevé pour les voisins de pâtures. Nous demandons aussi aux éleveurs détenant des animaux positifs de mettre en place des mesures pour protéger les cheptels voisins. »

Pourquoi suspendre la dérogation à l’introduction des animaux pour l’IBR ?

DD : « Depuis plusieurs années, si un éleveur qualifié vendait un animal à un autre éleveur et si le transport était direct, une dérogation pour ne pas faire de prise de sang pour l’IBR pouvait être demandée. Désormais, vu le contexte, les mesures doivent être plus strictes pour ne pas faire prendre de risques aux éleveurs. Les membres du conseil d’administration du GDS ont donc décidé, à l’unanimité, le 10 mars, de suspendre les dérogations à l’introduction. Je reconnais que cela engendre un surcoût pour les éleveurs, mais c’est un moyen de protéger l’élevage ligérien. La qualification IBR est indispensable pour que les éleveurs puissent continuer à travailler. »

Pourquoi le contrôle à l’introduction ne doit pas être négligé ?

DD : « En ce moment, c’est l’IBR qui préoccupe, mais il ne faut pas oublier les autres maladies. L’achat d’un animal représente un risque d’introduction d’une maladie. Tout animal acheté doit être isolé du reste du troupeau. Je sais que c’est contraignant, mais la quarantaine doit être respectée. C’est encore plus vrai cette année avec la circulation de l’IBR et l’imminence de l’application de la LSA. Aucun risque ne doit être pris. C’est aussi pour cela que depuis plusieurs années le GDS de la Loire encourage les éleveurs à utiliser le « kit intro », c’est-à-dire à rechercher plusieurs maladies à partir d’un même tube de sang. Un problème sanitaire peut très rapidement mettre une exploitation en danger économiquement. »

De quel accompagnement peuvent bénéficier les éleveurs dont le cheptel a été déqualifié pour l’IBR ?

DD : « Les conséquences de la déqualification de leur cheptel sera lourde pour les éleveurs concernés. Aucun texte dit que les éleveurs doivent éliminer les animaux positifs. Par contre, le GDS de la Loire les encourage vivement à le faire sur 2021 dans l’objectif de retrouver leur qualification en 2022 et pouvoir commercialiser leurs animaux normalement. A l’avenir, avec la LSA, avoir des animaux positifs dans son troupeau sera une réelle contrainte. C’est pour cela que le GDS va aider financièrement les éleveurs éliminant les animaux du cheptel de souche, à condition que tous les dispositifs aient été respectés. Nous savons que cette aide n’arrivera jamais à la hauteur des pertes. C’est pour cela que des partenaires de l’élevage ligérien, comme la MSA ou les banques, ont été sollicités pour voir comment ils pourraient accompagner ces éleveurs pour qu’ils soient encore là demain. Je ne voudrais pas que des éleveurs arrêtent le métier pour des raisons sanitaires. »

 

Propos recueillis par Lucie Grolleau Frécon