Filière caprine
« Le chevreau n’est pas une viande délaissée »

Ce lundi 11 décembre, l’association des chevriers de la Loire tenait son assemblée générale. L’occasion pour les éleveurs et professionnels de ce secteur de faire le point : Fête du lait, engraissement des chevreaux, bien-être animal et chien de protection... 

« Le chevreau n’est pas une viande délaissée »
Les éleveurs dressent un constat : la viande de chevreau est une viande que les consommateurs « n’ont pas délaissée ». © Paysans de la Loire

« L’année n’a pas été facile. » Agnès Chazelle, présidente de l’association des chevriers de la Loire donne le ton dès le début de l’assemblée générale. La chaleur estivale est responsable de ce triste constat. « On a eu des problèmes de reproduction et de gestation pendant l’été », reconnaît-elle. Des voix s’élèvent dans la salle du Campus agronova de Saint-Genest-Malifaux où se tient la réunion. « On a eu des échos de mortalité embryonnaire mi-août... » 

Agnès Chazelle ne laisse pas la démotivation s’abattre sur les troupes présentes ce lundi. « On va faire avec », tranche-t-elle. Des solutions pour le futur émergent. « Il faudra travailler sur les bâtiments : pour le moment, on ne ventile peut-être pas assez et il fait trop chaud. » Un éleveur suggère aussi de planter des haies. 

Fête du lait 

18 producteurs, dont seize Ligériens, ont participé au concours de fromages organisé à l’occasion de la Fête du lait à Saint-Héand en septembre. « Certains éleveurs sont restés pour participer au jury, c’était un plaisir », se réjouit la présidente de l’association. D’anciens exploitants, aujourd’hui retraités, se sont aussi prêtés au jeu. « Une démarche appréciée », poursuit Agnès Chazelle. 

Malgré cet enthousiasme, l’assemblée ne semble pas convaincue. « Les éleveurs de chèvres ne sont pas toujours bien reçus », laisse tomber l’un d’eux. « Les chèvres, c’est trop petit... » raille un autre. La présidente acquiesce et une réflexion quant à la participation des chevriers à la prochaine Fête du lait est lancée. 

Les agriculteurs présentent une alternative : celle de la Fête est dans le pré, organisée le 8 septembre prochain, à Burdignes. Si rien ne paraît acté, les professionnels du secteur ne cachent pas leur emballement autour de ce projet. 

L’engraissement des chevreaux

Les éleveurs ligériens travaillent régulièrement avec l’entreprise Disdier. À sa demande, l’association des chevriers, l’a rencontré. « Il nous a contactés parce qu’il a souffert de l’afflux de chevreaux cette année. Il est d’accord pour absorber le supplément, mais veut être prévenu. Sans oublier qu’il ramasse toute l’année », rappelle Agnès Chazelle. Les éleveurs approuvent. Et en profitent pour dénoncer le manque de transparence de Cabri Production. « Ils annoncent des morts, mais j’aimerais bien voir mes oreilles et mes anneaux », lâche, amer, un éleveur autour de la table. 

Les éleveurs s’accordent sur le fait que la viande de chevreau est encore présente sur les tables des consommateurs puisqu’ils en demandent. « Pendant le Covid, les congélateurs étaient pleins et aujourd’hui, nous n’avons plus de stock. C’est une chair qui n’est pas délaissée », détaille un chevrier. « Le problème, c’est que la viande est vendue trop tôt et donc pas au bon prix », regrette la présidente.  

Bien-être animal 

Dans l’assemblée, Claude Boucher, président du syndicat de défense de l’appellation rigottes-de-condrieu, soulève un autre problème. « La législation va obliger les éleveurs ovins à garder un petit 28 jours sous sa mère. Est-ce que ça va être pareil pour nous ? » Un tollé lui répond : « Un chevreau de 28 jours, il est mort normalement, lâche un jeune éleveur. 

Agnès Chazelle reprend la parole pour apaiser le débat. « Il ne faut pas que le bien-être animal nous oblige à garder les chevreaux sous leur mère. » La viande serait alors plus chère, car la carcasse sera plus lourde. Et pas forcément meilleure. 

Protection des troupeaux 

La Loire n’est pas encore un territoire menacé par le loup. Le département est classé en cercle 3. Ainsi, les éleveurs peuvent être aidés pour l’achat et l’entretien d’un chien de protection. Nicolas Lombard élève des chèvres et des brebis à Riotord en Haute-Loire. Il est membre du réseau technique chiens de protection de l’Institut de l’élevage (Idele). « Quelques événements liés au loup ont été remarqués dans la Loire en 2023 », détaille-t-il. Une brebis a récemment été retrouvée à Chalmazel. Le prédateur a aussi été observé à Pélussin. 

« Le chien de protection sert principalement contre les chiens errants ici », ajoute l’expert qui recommande surtout de se former avant d’en acquérir un. Nicolas Lombard considère qu’un chien sera vraiment efficace à dix-huit mois. « Ils ont surtout un effet dissuasif. Entre un élevage protégé et un qui ne l’est pas, le loup ira vers le second... » 

Alexandra Pacrot