Madeleine Chaut
Loup et lynx : la profession force de proposition

La présidente de la Commission dégâts de gibiers de la FDSEA assistait à la réunion du comité loup du 11 octobre (lire encadré ci-dessous). Madeleine Chaut apporte des précisions sur la position de la profession agricole face à la conquête du territoire par le loup.

Loup et lynx : la profession force de proposition
Dans la Loire en 2023, 16 indices de présence du loup ou du lynx ont été relevés, dont 5 ont été reconnus (2 du loup et 3 du lynx). ©Pixabay

M. Le préfet a réuni le comité départemental loup le 11 octobre dernier. Le loup est-il présent dans la Loire ?

Madeleine Chaut : « Régulièrement, des passages de loup dans le département sont identifiés par le biais de relevés d’indices ou par des prédations. Si le loup n’est, à priori, pour l’heure pas installé, la Loire se situe sur un front de colonisation. »

Quelle position porte la profession agricole vis-à-vis de l’arrivée probable du loup ?

MC : « Compte tenu de l’expérience vécue par les collègues éleveurs d’autres départements, nous nous inquiétons fortement des conséquences de la présence de ce prédateur. Le Caf (1) loup (FNSEA/JA/FNO/FNB/FNPL/FNC/FNEC/Chambres d’agriculture France) a fait une série de propositions pour améliorer la situation de l’élevage et du pastoralisme face à la prédation, dans le cadre du Plan national action loup 2024/2029. Notre objectif est le suivant : zéro attaque de loup sur les troupeaux. »

Pouvez-vous nous parler de ces propositions ?

MC : « Elles sont nombreuses, de l’évolution du statut du chien de protection à la révision du classement d’espèce protégée du loup dans la directive Habitats et la Convention de Berne. La profession agricole demande aussi de simplifier les tirs de défense et leur mise en oeuvre, de supprimer le plafond de destruction de 19 % et de permettre aux éleveurs et aux chasseurs formés de disposer d’armes équipées de lunettes à visée nocturne. »

Que peuvent faire les éleveurs dans le contexte actuel ?

MC : « Malheureusement pas grand-chose, notamment lors de la saison du pâturage, puisque le loup s’attaque potentiellement aussi bien aux ovins qu’aux bovins. Cependant, les éleveurs d’ovins et de caprins ont accès au dispositif d’aide mis en place pour s’équiper de chiens de défense des troupeaux. En cas de suspicion d’attaque, c’est l’OFB qui réalise le constat. »

 

FDSEA de la Loire

 

(1) Caf : Conseil de l’agriculture française

 

 

Comité loup : « La Loire, front de colonisation »

Un communiqué de presse a été publié par la préfecture à l’issue du comité loup du 11 octobre. Le préfet de la Loire, Alexandre Rochatte, tenait à partager avec les acteurs concernés les informations objectives sur les indices de présence et suspicions de prédations par des grands prédateurs (loup et lynx) sur notre territoire. « Le département de la Loire est concerné par des passages du loup, particulièrement à la sortie de l’hiver avec le phénomène de dispersion. Le département de la Loire est considéré comme en front de colonisation », indique le communiqué.

Il faut savoir que pour caractériser la présence du loup et du lynx, l’Office français de la biodiversité, avec le Réseau Loup-Lynx, a mis en place un réseau inter-professionnels (« correspondants d’indices »). Celui-ci est chargé de « faire remonter, par l’intermédiaire d’une fiche indice, toute observation ou suspicion de présence. Chaque indice fait ensuite l’objet d’une analyse par un expert du réseau et est utile afin de mieux connaître et caractériser les passages potentiels de grands prédateurs ».

Ainsi, en 2023, ont été relevés 16 indices de présence, dont 5 ont été reconnus, 2 indices de présence du loup et 3 indices de présence du lynx. 10 constats de dommage ont été réalisés, dont 2 n’écartent pas la responsabilité du loup, et 2 sont encore en analyse.

La préfecture précise que « toute personne peut faire remonter toute observation dans le cadre du réseau des correspondants d’indices. Les éleveurs sont invités à faire remonter toute suspicion de prédation sur troupeau domestique ». Et d’ajouter : « L’attention et la vigilance de chacun permettront de poursuivre la préparation du département à une possible évolution de la situation. Dans ce cadre, le préfet appelle les organisations et professionnels agricoles à mobiliser les dispositions prévues par le plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage. »

Pour tout signalement, les numéros suivants sont disponibles : Direction départementale des territoires au 04.77.43.80.76 (en dehors des heures d’ouverture, astreinte au 04.77.43.81.55) ou Service départemental de l’OFB au 04.77.97.06.50.

 

LGF