Crise sanitaire
La Région accompagne l’agritourisme

La conférence de presse organisée par la Région pour annoncer une aide aux fermes pédagogiques et centres équestres a rapidement dévié du sujet initial pour aller vers les doléances du milieu agricole pour l’après-Covid-19 (lire l’encadré).
La Région accompagne l’agritourisme

Lundi après-midi, sur l'exploitation de Bertrand Lapalus à Mably, le vice-président de la Région en charge de l'agriculture, Jean-Pierre Taite, présentait à la presse l'aide de la collectivité en faveur de l'agritourisme. « Le secteur agricole a subi un impact de la crise sanitaire plus amorti que certains secteurs, mais des activités agricoles doivent être aidées. C'est pour cela que nous venons de décider d'une aide spécifique forfaitaire de 2 000 euros pour soutenir les fermes en agritourisme» (fermes pédagogiques, fermes auberges, hébergement), annonçait Jean-Pierre Taite. La délibération devrait être prise lors de la commission permanente de juillet. Les activités d'agritourisme n'ont pas pu accueillir de visiteurs pendant le confinement, et même souvent au-delà, mettant à mal le chiffre d'affaire de ces exploitations agricoles.
Deux données simples définies par la Région permettront aux exploitants et exploitantes (affiliation à la MSA) d'accéder à l'aide : une attestation sur l'honneur d'un remboursement d'emprunt et la perte du chiffre d'affaire. En Auvergne-Rhône-Alpes, ce sont potentiellement 2 000 exploitations qui peuvent être concernées, dont environ 150 dans la Loire.
Les activités équestres ont elles aussi connu une baisse d'activité et devraient pouvoir bénéficier d'une aide similaire, avec les mêmes critères pour y émarger.

 

Baisse du chiffre d'affaire

Valérie Laleuf, agricultrice à Cordelle (vaches laitières et accueil à la ferme) et responsable du réseau des fermes pédagogiques Bienvenue à la ferme dans la Loire, apportait son témoignage. « Les fermes pédagogiques ont été fermées par décision préfectorale. Elles ont pu rouvrir également sur décision préfectorale », après que chaque ferme pédagogique en ait fait la demande. «Pour notre part, nous avons fait le choix d'accueillir à nouveau des visiteurs, notamment pour les structures fidèles telles que les Adapei, explique la responsable de la Ferme du Bessy. Nous accueillons quelques familles, mais avec un nombre limité de personnes. Toutes les visites scolaires ont été annulées. La grosse période des visites va de mars à juillet... » Une forte baisse du chiffre d'affaires est donc à prévoir.
« Diverses aides a été annoncées en France, mais l'agritourisme n'entre pas forcément dedans. C'est pour cela qu'il fallait une aide spécifique pour cette activité, argumente Raymond Vial, président de la Chambre d'agriculture de la Loire, également conseiller régional. Nous savons que les 2 000 euros ne vont pas régler tous les problèmes, mais ils permettent de redémarrer l'activité », comme par exemple acheter les produits désinfectants, et « d'aider les exploitations à passer le cap. »
Valérie Laleuf précisait que les fermes pédagogiques pouvaient espérer bénéficier d'autres aides de l'État mises en place pour accompagner les entreprises. « C'est le cumul de ces aides qui va nous soulager ponctuellement, car je pense que nos structures porteront pendant plusieurs années les conséquences du Covid. » D'ajouter : « L'aide de la Région est aussi une forme de reconnaissance de notre activité ». Pour le président de la Chambre d'agriculture, c'est notamment dans les fermes pédagogiques que sont dispensés les messages positifs sur l'agriculture. « C'est donc logique de les aider. »

 

Lucie Grolleau Frécon

 

 

L'agriculture française après la crise sanitaire

 
La conférence de presse de lundi menée par la Région a été l'occasion pour les responsables professionnels de la Loire de s'exprimer sur leurs craintes pour l'agriculture au sortir de la crise sanitaire.
Raymond Vial, président de la Chambre d'agriculture de la Loire, estime que «la France est encore un grand pays agricole. Mais si la politique agricole française est menée comme l'industrie de la production des masques », avec une forte proportion d'importations, « il n'y aura plus d'agriculture française dans dix ans ». Jean-Luc Perrin, secrétaire général de la FDSEA, complétait : « Il faut un plan de relance de l'agriculture, un plan économique, mais pas social ou environnemental, car il faut arrêter de mettre des entraves à la production agricole. Plus il y aura d'entraves, plus la production française diminuera, et plus les importations augmenteront, des importations de produits qui ne répondront pas aux attentes des consommateurs. »
« La Région a en charge les lycées, mais pas les achats pour la restauration de ces établissements», intervenait le vice-président de la Région en charge de l'agriculture. Néanmoins, « nous avons impulsé l'idée de privilégier les achats français. Nous pouvons qu'impulser, pas imposer. C'est désormais à l'État de montrer l'exemple» dans les hôpitaux, les prisons... « C'est bien que la Région impulse, mais il faut arriver à des faits », rétorquait Gérard Gallot, président de la FDSEA de la Loire. Comme le président de la République l'a dit, « l'agriculture a été en deuxième ligne pendant le confinement. Si les rayons des supermarchés étaient approvisionnés, c'est grâce à l'industrie agro-alimentaire, mais surtout grâce aux agriculteurs où elle se fournit. » Malheureusement, « le bilan à court terme de cette période de confinement met en évidence une dégradation du prix des produits agricoles ». Les Français « doivent se rappeler que les agriculteurs les ont nourrie. La restauration hors foyer également. Si nos concitoyens ne favorisent pas les achats alimentaires français au juste prix, nous irons inévitablement vers un prix de vente encore plus dégradé», estime Gérard Gallot.
Pour Bertrand Lapalus, « les agriculteurs ne pourront s'en sortir que par des prix de vente de leurs produits plus élevés. Le prix est notre assurance pour passer les crises. » Ainsi, à l'image de Bertrand Lapalus, les responsables professionnels agricoles et les agriculteurs locaux présents à cette conférence de presse estiment tous qu'il faut redonner des perspectives aux agriculteurs et aux futurs agriculteurs, qui passent inévitablement par des prix de vente rémunérateurs des produits. Ainsi, la loi Alimentation issue des EGA « doit réellement s'appliquer. Si nous voulons demain des installations en agriculture, les prix doivent être rémunérateurs », intervenait Nicolas Lenoir, président de Jeunes agriculteurs Loire. De plus, « à travers nos structures, nous devrons défendre haut et fort la future Pac. Si les moyens de la politique agricole commune baissent, le nombre d'installations baissera aussi », prévient-il. « J'espère que les élus nationaux défendront le budget de la Pac, insistait Jean-Pierre Taite. Si le budget baisse à hauteur de ce qui est annoncé, nous pourrons continuer à mettre des moyens pour la DJA, mais il nous faudra abandonner toutes les autres aides, comme par exemple le PCAE. »
 
LGF