Maurice Berne
Sainte Catherine : l’histoire de la foire et ses petites histoires

A plus de 90 ans, Maurice Berne, agriculteur retraité et ancien adjoint à la ville de Saint-Galmier, livre quelques-uns de ses souvenirs au sujet de la foire de la Sainte Catherine, dont les premiers remontent à ses 14 ans.

Sainte Catherine : l’histoire de la foire et ses petites histoires
Progressivement, avec l’essor de la mécanisation, les chevaux de trait ont été moins nombreux à la foire de la Sainte Catherine. Le nombre de bovins présentés a pu atteindre 1 500, mais il est désormais en baisse.

Maurice Berne se souvient « avoir fait la foire » avec son père à l’âge de 14 ans, en 1944. « Mon père avait acheté un poulain. C’est moi qui l’avais ramené à la maison. » A cette période, « les poulains arrivaient de la gare de Veauche et rejoignaient Saint-Galmier à pied, raconte le retraité baldomérien. Ils passaient la nuit dans des écuries avant d’être exposés sur le foirail. Ils étaient vendus par des particuliers, mais surtout par des marchands. Je me souviens que certains présentaient des rangées entières de poulains de 6 mois, c’était impressionnant. »

 

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A plus de 90 ans, Maurice Berne est intarissable sur l’histoire de la foire de la Sainte Catherine.

A cette époque, « même s’il y avait un cirque place de la Devise, la foire était beaucoup plus agricole qu’aujourd’hui. » Elle était synonyme de commerce de bœufs et de chevaux de trait. « Quand les bœufs avaient travaillé quelques années dans une ferme, il fallait les changer. Les paysans les achetaient avant l’hiver, pour avoir le temps de les dresser avant les travaux de printemps dans les champs. » La foire était aussi « un jour de fête pour les servantes et les valets de ferme. Leurs partons leur donnaient congés. C’est souvent à ce moment de l’année qu’ils changeaient de patron, avant l’hiver. »

Après la seconde guerre mondiale, sur la foire, « les vendeurs attachaient les animaux comme ils pouvaient. » Puis, au début des années 1960, le maire, Camille Passot, a entrepris des travaux : des réservations ont été faites dans le sol afin d’y glisser des poteaux soutenant des chaines pour y attacher les animaux. A cette époque, les bœufs ont progressivement été remplacés par des animaux d’élevage, en raison de la mécanisation dans les fermes.

Elu maire en 1971, Maurice André a contribué à l’essor de la manifestation. « Il a fait venir un concessionnaire des droits de place, qui a fait beaucoup de publicité pour la foire. Les exposants sont venus plus nombreux. » Les manèges de la vogue ont été supprimés et une place plus grande a été laissée au matériel agricole, qui se développait dans les exploitations. L’espace dédié aux volailles a également été agrandi, avenue Ravel.

Le bétail, la force de la foire

Maurice Berne est entré au conseil municipal de Saint-Galmier en 1977. Joannès Moulard était alors maire. « Il y avait toujours plus d’exposants, venant de toute la France, et donc toujours plus de visiteurs. C’était l’euphorie. » Le matériel était exposé route de Bellegarde, ainsi que sur l’esplanade du parc. Sur le foiral, dans les années 80 et jusqu’au début des années 2000, « nous avons eu jusqu’à 1 500 animaux : des vaches laitières, des génisses pour le renouvellement des troupeaux, des jeunes taureaux. Certains marchands arrivaient avant minuit pour s’assurer d’avoir un bon emplacement. » L’essor de l’IA a fait qu’il y a eu moins besoin de taureaux. Les éleveurs laitiers ont aussi de plus en plus élevé leurs femelles de renouvellement. « Le commerce d’animaux a diminué et les marchands en bestiaux sont devenus de moins en moins nombreux. Le nombre d’animaux à la Sainte Catherine a donc baissé. »  Néanmoins, Maurice Berne estime que « c’est le bétail qui fait la valeur de la foire ».

Quelques anecdotes

Le retraité se souvient que l’année de la sortie sur le marché de la DS, en 1955, une voiture sillonnait la foire : « Elle avait tourné toute la journée dans les rues périphériques pour faire la promotion de ce nouveau modèle. La foire s’étendait beaucoup moins que maintenant. » L’ancien agriculteur fait part d’un autre souvenir : « après la guerre et jusque dans les années 1960, il y avait beaucoup de nomades qui arrivaient avec leurs roulottes à Saint-Galmier plusieurs jours avant la foire. Ils couraient les fermes et demandaient du foin pour nourrir leurs animaux. Ils étaient souvent à l’origine de bagarres le jour de la foire. »

Maurice Berne estime que « les habitants tiennent à cette foire, qui fait fonctionner le commerce local. Les visiteurs sont contents de s’y retrouver. Ils viennent majoritairement pour la convivialité. Certains apprécient manger le pot au feu en famille. » Selon l’ancien élu de la ville, il existe trois vagues d’arrivées à la foire : les visiteurs qui viennent tôt pour faire du commerce ; ceux qui arrivent en fin de matinée et qui repartent vers 15 heures ; enfin, la troisième vague, qui arrive à 15 heures et repart en fin de journée.

 

LGF