Concours de nouvelles
"J'aime l'idée d'une littérature à portée de tous"

Fin 2016, Alexandra Charroin-Spangenberg est devenue copropriétaire, avec Rémi Boute, de l’historique – 60 ans cette année - Librairie de Paris de Saint-Etienne. Cette passionnée de littérature n’a pas hésité à apporter son soutien à notre concours de nouvelles « Ecrits ruraux ». Présentation.

"J'aime l'idée d'une littérature à portée de tous"
Alexandra Charroin-Spangenberg se réjouit de constater que le confinement a relancé l’intérêt pour la lecture.

Que représente la Librairie de Paris aujourd’hui ? 

Alexandra Charroin-Spangenberg : « Avec 30 employés, 850 m2 de surface, la Librairie de Paris est le second établissement du genre en Auvergne-Rhône-Alpes après Les Volcans (Clermont-Ferrand). Nous avons aussi une activité de grossiste pour fournir les petites maisons de la presse en livres, notamment en milieu rural. »

Comment avez-vous vécu cette année 2020 si particulière ? 

A.C-S : « C’est une année compliquée bien sûr. Le premier confinement a été très dur. Mais les médias ont parlé de nous et nos clients sont venus nous apporter leur soutien. Ils ont montré qu’ils tenaient à nous. C’est grâce à eux que nous nous en sommes sortis. On peut continuer notre activité sans avoir eu à licencier.»

Le confinement a-t-il relancé la lecture ? 

A.C-S : « Oui, c’est une certitude. Nous avons plein de nouveaux clients. Les principaux rayons qui ont bénéficié de cet engouement sont la littérature, la BD et les sciences humaines car les gens se sont posés beaucoup de questions et sont venus trouver des réponses dans les livres. »

Les habitudes de consommation ont-elles changé ? 

A.C-S : « Clairement. La vente en ligne a explosé durant le second confinement et nous avons sauvé les deux tiers de notre chiffre d’affaires grâce à ça. Mais le click and collect, c’est beaucoup plus de travail. Il faut quasiment deux temps pleins pour préparer les commandes. En décembre, nous en recevions quotidiennement environ 70. C’est énorme ! On craignait qu’avec Amazon ou les supermarchés, nous soyons un peu délaissés mais les gens ont tout fait pour nous faire travailler. En plus, ils nous ont témoigné des marques de sympathie. Ils ont pris l’habitude de réserver et de passer récupérer leurs commandes, tout en passant du temps dans les rayons. Nous sommes contents, car nous voulons voir des gens ici ! »

Vous apportez votre soutien à notre concours de nouvelles. Que pensez-vous de ce genre littéraire ? 

A.C-S : « « La nouvelle n’est pas un genre mis en avant. Il n’y a plus trop de clients même si on parle beaucoup de formats courts. La poésie que l’on croyait sur le déclin a su se renouveler. On espère qu’il se passera la même chose pour la nouvelle. A voir comment les éditeurs pourraient la rendre attractive.

Les dernières nouvelles que j’ai lues ? « Rebelles, un peu » de Claire Castillon. Il s’agit d’un recueil de nouvelles sur l’adolescence et « 10 rêves de pierre » de Blandine Le Callet.  Ce sont des nouvelles écrites à partir d’épitaphes réelles sur des pierres tombales. Parmi les classiques, je citerais bien sûr Guy de Maupassant. J ’adore sa capacité à vous dresser en 20 pages un portrait de la société. »

Comme son nom l’indique, notre concours de nouvelles sera marqué par la ruralité. La littérature terroir a-t-elle sa place en plein centre-ville de Sant Etienne ? 

A.C-S : « Complètement. Ça a toujours beaucoup plu et ça continue à bien fonctionner. Elle n’explose pas, mais elle se maintient. Ce n’est pas si mal pour un genre que l’on disait condamné… A la Fête du livre de Saint-Etienne par exemple, il y a beaucoup d’écrivains régionaux et ils sont très demandés.  Il y a des éditeurs qui renouvellent le genre.  Nous avons une table spéciale « terroir » où nous mettons en avant toutes les nouveautés.

Nous avions essayé de mélanger le terroir à la littérature générale mais cela n’a pas fonctionné. Le roman de terroir est identifié par les lecteurs comme un genre à part. »

Vous nous avez apporté votre soutien (1) sans hésitation. Pourquoi ?  

A.C-S : « On a envie de soutenir toutes les initiatives par rapport à l’écriture, la littérature, surtout quand ça concerne notre département de la Loire. J’aime l’idée que l’écriture ne soit pas institutionnalisée, qu’elle soit à la portée de tous, accessible à tous les publics, qu’un renouvellement peut émerger.

Et puis l’an passé, toutes les manifestations ou presque sont tombées à l’eau. Alors quand on peut soutenir des événements organisés par d’autres, on ne s’en prive pas. Ainsi, on montre qu’on ne meurt pas, qu’on garde des projets. »

 

Propos recueillis par David Bessenay

 

(1)    : un bon d’achat de 100 euros.