Formation
Une formation inédite pour développer des inséminateurs

Pour sa première année d’exercice, la formation CGRepro (Conseiller en génétique et reproduction animale) vise à préparer des techniciens d’insémination spécialisés. Une initiative qui découle d’un besoin bien présent : celui de pallier aux difficultés de recruter dans ce secteur

Une formation inédite pour développer des inséminateurs
Guy Pegoud, directeur de Coopel : "Je ne sais pas si on a une mauvaise image, mais je pense plutôt que l’on souffre d’une méconnaissance du métier vu de l’extérieur." ©Coopel

Afin de répondre au manque flagrant d’inséminateurs , une année de spécialisation intitulée « Conseiller en génétique et reproduction animale » (CGRepro) a vu le jour l’an dernier. Dispensée en alternance avec douze semaines de formation en centre et 40 semaines en entreprise, elle vise à former des techniciens d’insémination spécialisés disposant a minima d’un Bac+2. Et ce, en répondant à deux objectifs : la préparation du Cafti (Certificat d’aptitude aux fonctions de technicien d’insémination) en partenariat avec l’ANFEIA (Centre de formation à l’insémination animale) ; et la possibilité d’acquérir à la fois une spécialisation dans la reproduction et l'amélioration génétique, ainsi que de conseiller les éleveurs dans les choix et la conduite de l’atelier de reproduction.

Une féminisation du métier

Directeur de la coopérative Coopel basée à Chalain-le-Comtal, Guy Pegoud évoquait la « difficulté de recruter des inséminateurs ». Avant de développer : « Force est de constater que l’on reçoit peu de CV et encore moins de garçons. On découvre une réelle féminisation que l’on a dû mal à expliquer. Le métier d’inséminateur est pourtant un métier assez physique, où il y a un contact régulier avec les animaux. On s’attend alors à une certaine morphologie. »

Cette tendance de féminisation n’est d’ailleurs pas seulement théorique. Pour sa première année, la formation CGRepro, débutée en septembre dernier, réunit neuf apprenantes qui constituent l’intégralité de la promotion. Pour cette année-test, le facteur limitant était le passage du Cafti, où seules neuf places ont pu être attribuées. « Des financeurs nous ont suivi à titre expérimental pendant deux ans, dont cette année. Après, il faudra trouver un moyen pour faire reconnaître cette année de spécialisation en tant que titre ou diplôme certifié. »

Formatrice depuis une quinzaine d’années à la MFR de Mornand-en-Forez, Annabelle Mazet est directrice de l’établissement depuis quelques mois. « Cette idée de formation a germé par le fruit du hasard en janvier 2020 », expliquait-elle. La fédération territoriale partageant les locaux avec Coopel, à Chalain-le-Comtal, c’est lors d’une discussion entre les deux structures autour d’un évènement commun qu’ont été évoquées les difficultés de recruter des inséminateurs. « Le hasard a fait que les bonnes personnes se sont retrouvées au même moment pour bâtir un groupe de travail et tenter de répondre à cette problématique », confiait Annabelle Mazet.

Un tremplin vers l’embauche

Inscrite au sein du groupement d’employeurs Axia reprogen (avec Ain génétique service, Eleveurs des Savoie, Elva novia et XR Repro), la coopérative Coopel a permis à ce projet de formation de prendre une toute autre dimension. Car Axia reprogen recrute les nouveaux techniciens en contrat de professionnalisation et les forme au Cafti pendant six mois à un an, leur permettant, à l’issue de celui-ci, d’intégrer l’une des cinq coopératives. « Cela aide à mutualiser les recrutements et à s’organiser. On embauche des techniciens et on les forme. », précisait Guy Pegoud. Un tremplin vers l’emploi non négligeable pour une formation que « nous sommes les premiers et seuls à dispenser », ajoutait fièrement Annabelle Mazet.

Pour intégrer cette formation en alternance, c’est un double entretien qui attend les candidats. D’un côté, avec Axia reprogen, pour convaincre à la signature du contrat, c’est à la fois un entretien et une journée test qui attend les candidats ; de l’autre, c’est un entretien avec la MFR de Mornand-en-Forez qu’ils doivent passer afin de démontrer leurs acquis scolaires et donc théoriques. Quant à la phase de recrutement, « rien n’est encore définitivement acté pour le moment, mais nous pensons programmer la période d’entretiens entre juin et juillet, pour que la formation débute en septembre », détaillait la directrice.

« Avec cette formation, il y a donc un vrai enjeu. Car des gens arrivent à la retraite, mais aussi parce que l’on a besoin d’un certain renouvellement. Le monde agricole a un peu subi de l’agro-bashing : je ne sais pas si on a une mauvaise image, mais je pense plutôt que l’on souffre d’une méconnaissance du métier vu de l’extérieur alors que l’on dispose d’une technicité et que l’on s’inscrit dans une véritable modernité », développait le directeur de Coopel. Avant d’ajouter : « nous avons sans doute besoin d’une valorisation à la fois technique et commerciale, parce que l’on souhaite vraiment développer les effectifs et nous avons les moyens techniques pour le faire ».

Si le souhait commun est « d’atteindre un groupe de douze à quinze personnes pour l’année prochaine, l’objectif sur le long terme serait ensuite de faire évoluer la formation vers d’autres inséminations, et pas uniquement bovine », concluait alors Annabelle Mazet.

Axel Poulain
Pour plus d’informations sur la formation CGRepro, rendez-vous sur le site de la MFR du Forez (www.mfrduforez.fr), onglet « Formations ».