Pratique
Fabriquer ses produits ménagers et cosmétiques soi-même

Renforcé par les confinements successifs et le surplus de temps libre qu’ils ont généré, le faire soi-même poursuit sa progression. De nombreux livres ont vu le jour, qui compilent des recettes permettant d’élaborer ses propres produits ménagers et cosmétiques. On en parle avec Régine Quéva, précurseur en la matière et dont une réédition du livre phare sur le sujet vient de paraître.

Fabriquer ses produits ménagers et cosmétiques soi-même
Quelques ingrédients et un peu de temps suffisent à préparer une lessive efficace et écologique.

Après la cuisine et le bricolage, le faire soi-même s’est propagé aux produits ménagers et cosmétiques. « Il y a une progression exponentielle en même temps qu’une prise de conscience, on vit un moment de bascule de notre société », appréciait début 2020 l’auteure et formatrice Régine Quéva. Depuis, la France a traversé trois confinements et le temps libre supplémentaire passé à la maison a accéléré le mouvement, comme l’atteste l’étude publiée cet hiver par Ipsos pour L’Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations.

Régine Quéva a été précurseur en la matière puisqu’elle s’était distinguée il y a déjà trois ans par la publication de l’ouvrage référence Fabriquer sa lessive, ses produits d'entretien, son dentifrice, son shampoing, ses produits d’entretien… (130 pages environ, Larousse, 14,90 euros), dont nous publions une recette dans cette page. Ouvrage qui vient de faire son retour en librairies dans une seconde version enrichie d’une vingtaine de pages et d’une dizaine de recettes, dont celle du gel hydroalcoolique.

« Cette réédition a été motivée par le succès de la première, souligne-t-elle. Je me suis aussi appuyé sur le courrier des lecteurs en décidant de regrouper dans une foire aux questions les réponses aux nombreux mails que j’ai reçus entretemps. On me demandait, par exemple, pourquoi il faut utiliser de l’argile pour faire sa lessive, préparation qui est souvent la porte d’entrée vers cette pratique qui consiste à faire ses propres produits ménagers. On en achète beaucoup, or on se rend vite compte que c’est un poste de dépense dont on peut se passer car la recette est facile et efficace. Une fois que les gens sont convaincus, ils en essaient d’autres. »

Des recettes toutes testées

La première mouture de son ouvrage était quelque part la conséquence d’un autre, sur l’écologie, rédigé il y a une quinzaine d’années : « Ce travail m’avait alertée, déstabilisée en termes d’alerte sanitaire, de santé publique, de pollution de la planète. Constater, c’est une chose, mais ce qui compte ce sont les actes. D’où l’idée de me tourner vers les produits naturels. » Cette Bretonne a commencé par deux produits du quotidien, le dentifrice et la lessive, donc, avant d’expérimenter quantité de recettes.

Celle qui a intégré un ingrédient supplémentaire, la terre de Diatomée, dans la réédition de son livre assure qu’elle teste tout et ne publie rien qu’elle n’ait pas vérifié elle-même. « On trouve tellement de choses sur Internet…, mais beaucoup de sites oublient souvent d’apporter certaines précisions importantes, comme celle d’utiliser un savon (de Marseille à 72 % de matière grasse végétale minimum) et pourquoi, atteste-t-elle. Tout faire me permet ensuite d’apporter des explications techniques et pédagogiques de base. »

Régine Quéva synthétise le crédo de sa méthode par le sigle S3E pour « simple, économique, écologique, efficace ». Ce dernier point est confirmé par les tests en laboratoire auxquels elle a soumis certaines de ses recettes. Des recettes qu’elle s’évertue à rendre accessibles à tous, sans pour autant faire l’économie d’un petit cours de chimie : « Quand on comprend les propriétés des produits, on les utilise mieux. »

Dix produits de base

Entre simplicité et économies budgétaires, elle promeut un kit de base réduit. Il se compose de « dix produits, toujours les mêmes, suffisants pour réaliser toutes les préparations du livre et faciles à trouver dans le commerce : bicarbonate de soude, percarbonate, vinaigre blanc, huiles essentielles, savon de Marseille à 72 % de graisses végétales, savon noir, argile, cera (cire d’abeille), eau de chaux, huile d’olive ». Prudence tout de même sur les huiles essentielles, à manier avec précaution.

Pour rester sur l’aspect financier, Régine Quéva recommande de comparer les prix au kilo car, face à la popularité du faire soi-même, certaines marques augmentent leurs prix. « Rassemblez-vous pour acheter des volumes de produits plus importants et partagez-les afin de faire des économies d’échelle, mais faites aussi vos ateliers de production en commun, c’est plus sympa et très convivial car on passe un bon moment, on discute », conseille-t-elle encore.

Dans son livre, justement, cette spécialiste annonce un coût de revient du litre de lessive liquide maison à 20 centimes d’euro ! Enfin, elle a aussi calculé qu’une famille qui conserve ses flacons et les remplit de produits ménagers et cosmétiques faits maison économise 25 à 30 kg d’emballage en plastique par an…

Franck Talluto

Recette / Lessive liquide maison
Régine Quéva s’est distinguée avec son livre Fabriquer sa lessive, ses produits d'entretien, son dentifrice, son shampoing, ses produits d’entretien…

Avec l’accord de Régine Quéva, retrouvez la recette de lessive liquide publiée dans son livre Fabriquer sa lessive, ses produits d'entretien, son dentifrice, son shampoing, ses produits d’entretien… « La star des ateliers produits ménagers naturels ! Imaginez une lessive naturelle, facile, efficace et rapide à faire, et qui ne coûte que 20 centimes d’euros le litre... Quand vous l’aurez testée, vous n’achèterez plus de bidon... »

Dans un bidon de 3 L, versez : 6 cuillerées à soupe rases de paillettes de savon de Marseille, 2,5 L d’eau chaude.

Laissez refroidir.

Ajoutez 3 cuillerées à soupe de bicarbonate de soude, 1 cuillerée à café́ d’argile colorée, 1 cuillerée à soupe de vinaigre blanc, 10 gouttes d’huile essentielle.

Secouez pour mélanger.

Attention : si vous avez un bébé et/ou de jeunes enfants à la maison, oubliez les huiles essentielles.

Utilisation : « Dosez votre lessive liquide comme une lessive habituelle. Vous verrez, ça lave très bien. Si l’eau de votre commune est dure, ajoutez un peu plus de vinaigre blanc et utilisez l’assouplissant (une autre recette du livre, NDLR). »

Conservation : un mois environ, le temps de vider le bidon.

Conseils : « Pour le linge délicat ou les couches lavables, supprimez le bicarbonate de soude, car il gonfle les tissus et peut les rendre moins perméables. Pour le linge blanc, ajoutez directement dans le tambour – surtout pas dans le bidon de lessive ! – 1/2 cuillerée à soupe de percarbonate de soude par kg de linge ».