Pêche
Le 11 mars, c’est l’ouverture du festival de cannes

L’ouverture de la pêche à la truite en 1re catégorie, le 11 mars, constitue une bonne occasion de s’intéresser à ce sport. Un sport en plein renouvellement grâce à l’arrivée de pratiquants plus jeunes et de nouvelles techniques qui font fureur sur les réseaux sociaux.

Le 11 mars, c’est l’ouverture du festival de cannes
La pêche attire beaucoup de nouveaux adeptes. Il suffit d’ailleurs de scruter les contenus liés à la discipline sur des plateformes comme Facebook, TikTok, Instagram ou YouTube pour constater sa popularité.

Préparer et vérifier son matériel, acheter sa carte si ce n’est pas déjà fait (lire l’encadré), régler le réveil aux aurores… Les amateurs de pêche vont bientôt pouvoir reprendre les bonnes habitudes. Ils devraient être nombreux, un peu partout en France, à converger vers les cours d’eau dans quinze jours. Le deuxième samedi du mois de mars correspond effectivement à l’ouverture de la pêche à la truite en 1re catégorie, dont la saison se refermera au soir du 17 septembre.

Tout le monde ne le sait pas, mais ses 1,5 million de pratiquants (dont 20 000 environ dans le département) en font le deuxième sport de France, derrière le football, mais devant le tennis, l’équitation ou encore le basket-ball. « Avec une moyenne d’âge légèrement inférieure à 40 ans, le cliché du papy assis sur sa boîte de pêche est révolu », assure Sylver Biscarat, chargé de développement à la Fédération de la Loire pour la pêche et la protection du milieu aquatique. La FDAAPPMA fédère les 33 associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA) implantées localement.

Si l’on constate une érosion lente mais continue des effectifs depuis les années 1990, ils semblent néanmoins se renouveler : « La crise sanitaire a donné envie à beaucoup de personnes de se (re)mettre au vert et on voit arriver énormément de jeunes, attirés par les techniques venues des États-Unis avec des gros bateaux, les leurres en plastique, le no-kill (qui consiste à relâcher sa prise, NDLR)… » Cela se ressent sur les pratiques. D’après les observateurs, la traque des carpes (seule espèce dont la pêche est autorisée de nuit sur certains secteurs) et des carnassiers comme le brochet semble ainsi prendre le pas sur la pêche à la mouche. 

Un constat qu’étaye le professionnel en évoquant le Carrefour national de la pêche et des loisirs (CNPL), organisé en janvier à la Grande halle d’Auvergne de Clermont-Ferrand. « Une très large majorité de stands étaient axés sur la pêche de carnassiers au leurre, un poisson artificiel, ajoute-t-il. Pour caricaturer, deux générations se côtoient désormais : l’ancienne, qui va à la pêche pour manger ; la nouvelle, qui vient prendre l’air et ne fait pas ou peu de prélèvement. » 

Le mythe du poisson rouge

Sous l’impulsion de la seconde, la technique prend de plus en plus de place, contribuant à l’augmentation du panier moyen selon notre témoin : « Un pêcheur doit savoir se mettre à la page car, contrairement au mythe, un poisson relâché a de la mémoire, s’éduque et devient méfiant, donc plus difficile à sortir de l’eau. » Les études menées par pêche électrique montrent en effet des données plutôt stables dans le temps. Il y a toutefois une légère baisse due à la sécheresse, « notamment chez la truite fario ou les écrevisses à pied blanc, deux espèces en danger que l’on doit protéger ».

Le no-kill, donc. Au-delà des convictions personnelles et de la réglementation, la remise à l’eau des poissons s’inscrit dans cette quête de trophées. « Ce sont les pêcheurs de carpes qui ont impulsé ce mouvement car les plus grosses sont aussi les plus vieilles, recontextualise Sylver Biscarat. Beaucoup de pratiquants sont en quête de records, aussi la logique consiste-t-elle à relâcher ses prises. » Elle a certes mis en place 17 parcours no-kill dans le département, mais la FDAAPPMA n’impose pas de ligne de conduite. À titre personnel, son chargé de développement pense que la maille-fenêtre est plus dans l’air du temps. Il s’agit, par exemple pour le brochet, d’autoriser uniquement la capture de spécimens mesurant 60 à 80 cm, « ce qui permet à la fois de protéger les jeunes, qui ne sont pas encore reproduits, et les meilleurs “trophées”, qui sont également les meilleurs reproducteurs ».

À défaut de conserver le poisson pour s’en nourrir, l’essor des smartphones a permis d’immortaliser le combat victorieux. Il suffit d’ailleurs de scruter les contenus liés à la pêche sur des plateformes comme Facebook, TikTok, Instagram ou YouTube pour constater l’attrait qu’elle exerce. Et si l’initiation avec les parents et/ou grands-parents reste encore d’actualité, nombre de jeunes se prennent de passion pour la discipline sans avoir de “modèle” sous les yeux. La FDAAPPMA l’a bien compris et essaie de surfer sur cette dynamique. Site internet, newsletter, websérie, présence sur les réseaux sociaux et même collaborations avec les influenceurs : tous les moyens sont bons pour recruter et fidéliser de nouveaux adeptes. 

Mieux accueillir le grand public

En témoignent les multiples déclinaisons de la carte de pêche – très attractives pour les jeunes et les femmes –, la Fédération départementale est proactive mais aussi très sollicitée. Dans la Loire, les équipes essaient de répondre à la demande en musclant son offre. La création de stages pour adolescents et d’une école de pêche il y a respectivement trois et deux ans contribue à faire découvrir les techniques et former les futurs pêcheurs : « Dès l’ouverture des inscriptions, les sessions affichent vite complet et les retours sont excellents. »

Très active aussi auprès des centres de loisirs, elle concrétisera cette année son projet d’animations pour le grand public. Le calendrier devrait comporter une douzaine de dates pour ces prestations incluant le prêt du matériel et la carte de pêche. Le déménagement vers la maison départementale de la pêche et nature, inaugurée en mai à l’étang David à Saint-Just-Saint-Rambert et qui abritera également son siège, constituera une étape supplémentaire.

Les outils de communication numérique l’aident également à faire connaître ses actions en faveur des milieux et des populations piscicoles ainsi que le cadre juridique défini par arrêté préfectoral. « Le pêcheur est râleur par nature, s’amuse Sylver Biscarat, qui pratique lui-même. Il faut donc faire savoir ce que l’on fait pour lui et pour la pêche, à l’image de la nouvelle mise à l'eau sur le fleuve Loire à Feurs. » Idem avec la réglementation, complexe et mouvante – le quota de truites est par exemple passé de six à trois par jour par pêcheur.

Outre les 20 000 exemplaires du guide de pêche annuel, « la FDAAPPMA a une multitude de cordes à son arc et il est impossible aujourd’hui pour un pêcheur de ne pas savoir ». Il semble d’ailleurs y avoir assez peu de dérives. L’an dernier, ses garde-pêche ont mené 3 000 heures de contrôle auprès de 6 000 à 7 000 pêcheurs pour seulement 60 procès-verbaux dressés. « Le civisme reste la base et il y a un certain respect de la part des pêcheurs. Il y a quelques contrevenants, mais ce sont quand même à la base des amateurs de la nature », conclut Sylver Biscarat.

Franck Talluto

Carte de pêche

Réglementation et geste citoyen

La carte de pêche est le sésame indispensable pour pouvoir s’adonner à cette activité dans le domaine public et sur les lots gérés par les Associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA). On peut l’acquérir chez les dépositaires de proximité ou sur le site internet www.cartedepeche.fr. Cette deuxième solution a l’avantage de permettre au pêcheur de choisir l’association locale à laquelle il souhaite adhérer, qu’elle se trouve près de chez lui ou à l’autre bout de la France. « La sécheresse et le changement climatique nous impactent énormément, note Sylver Biscarat, chargé de développement à la Fédération de la Loire pour la pêche et la protection du milieu aquatique (FDAAPPMA). À la Fédération, nous ne sommes pas magiciens, nous ne pouvons pas faire pleuvoir plus ou changer la température du soleil, mais nous travaillons à développer de nouveaux aménagements pour maintenir une qualité de pêche. On va, par exemple, tester cette année des aérateurs dans des plans d’eau. Sans la cotisation des cartes de pêche, on ne peut rien faire… Chaque pêcheur doit être conscient qu’avec cet engagement il soutient ces actions. »