Chambre d’agriculture
Des équipements pour favoriser une agriculture performante et durable

Le projet agricole départemental insiste sur les notions de viabilité et vivabilité pour favoriser une agriculture performante et durable. Comment les équipements en élevages peuvent contribuer à cet objectif ? Eléments de réponse avec Stéphane Babe, responsable de l’élevage au sein du bureau de la Chambre d’agriculture de la Loire.

Des équipements pour favoriser une agriculture performante et durable
Pour Stéphane Babe, en matière d’équipements en élevage, les maîtres mots sont « simplicité et efficacité ». « Mais simplifier ne veut pas dire négliger. »

Comment les équipements dans les élevages peuvent-ils contribuer à rendre les exploitations viables et vivables ?

Stéphane Babe : « Pour moi, vivabilité et viabilité d’une exploitation ne peuvent pas être dissociées. Des Gaec ont du mal à remplacer des associés sortants. Peut-être parce que le métier n’est pas assez attractif, en raison notamment des conditions de vie : équipements pas assez performants, équipements pas adaptés pour limiter la pénibilité et faire gagner du temps. Heureusement, beaucoup d’équipements enlèvent désormais de la pénibilité au travail d’éleveur. Je pense qu’il y a un équipement minimum à avoir et ne pas trop vouloir aller à l’économie. Il faut trouver le bon compromis entre la vivabilité et la viabilité. Un bâtiment simple et économe peut tout à fait être fonctionnel et efficace. »

Quels sont pour vous les maîtres-mots en matière d’équipement ?

SB : « Simplicité et efficacité. Mais simplifier ne veut pas dire négliger. Ce n’est pas parce que certaines tâches sont simplifiées que les vaches produisent moins de lait ! Rationaliser son organisation demande de vraiment se pencher sur la question, en participant par exemple à des formations ou des journées techniques. Si on est efficace un jour pour ensuite aller à une réunion ou vendre sur un marché, on peut l’être tous les jours. L’organisation et la rationalisation de certaines tâches permettent d’être gagnant tous les jours. Il me semble plus important de gagner 15 minutes au quotidien plutôt que d’ajouter un cor à sa charrue. »

Avez-vous des exemples concrets ?

SB : « Organisation ne rime pas avec onéreux et compliqué. Un bâtiment simple et bien pensé, dans lequel il est par exemple facile de manœuvrer avec un tracteur, permet de gagner du temps, de la pénibilité, et de prendre plus de plaisir à travailler. C’est aussi comme cela que l’on peut gagner en attractivité pour un futur associé. Avoir un jeu de barrières efficace pour les IA, la vente d’un animal, la pose d’une boucle… permet de se simplifier la vie au quotidien et de gagner du temps, mais aussi d’être plus serein vis-à-vis de la sécurité. On peut aussi réfléchir à des installations plus conséquentes pour sécuriser la manipulation des animaux, comme un couloir de contention au fond du bâtiment d’engraissement. Avec l’allongement des carrières, un jeune qui s’installe doit vraiment avoir conscience qu’il devra travailler jusqu’à sa retraite, donc autant s’économiser dès le départ et éviter toute pénibilité : éviter de porter des charges lourdes ; avoir des passages d’homme plutôt qu’avoir à passer par-dessus des barrières ; avoir des fourches à chaque angle des bâtiments pour économiser des pas et du temps.»

Qu’en est-il pour les nouvelles technologies ?

SB : « Les robots de traite peuvent être équipés d’un détecteur de chaleurs des vaches. Les dispositifs sont au point. Personnellement, c’est une bonne aide pour inséminer au bon moment. Les robots assurent aussi la détection cellulaire. C’est intéressant pour la prévention des mammites, que l’on peut traiter plus rapidement. Les matériels de détection des vêlages sont désormais performants et peuvent être rapidement amortis s’ils évitent de perdre des veaux au moment du vêlage. »

Existe-t-il un risque de sur-investissement ?

SB : « Il faut veiller à ne pas non plus se sur-équiper, pour un bâtiment par exemple, car il s’amortit sur 12 ou 15 ans. Pour un jeune qui s’installe, ça peut paraître court, mais il doit avoir en tête que sa vie peut évoluer dans les années à venir, qu’il peut avoir d’autres investissements et prêts bancaires à envisager, que ce soit pour sa vie professionnelle ou sa vie privée. »

Avez-vous des conseils à dispenser avant tout investissement ?

SB : « Il ne faut pas hésiter à aller voir ailleurs des équipements pour avoir des exemples et se rendre compte de ce qui est le plus adapté pour son cas. Il faut échanger avec d’autres éleveurs, prendre des renseignements partout où c’est possible. Avant d’investir dans un nouvel équipement, l’éleveur doit bien mesurer l’intérêt de cet outil. Et avant de raisonner un investissement privé, il faut se demander s’il serait plus approprié de l’acquérir ou de l’utiliser collectivement : co-propriété, Cuma, entraide. On peut aussi penser prestataire extérieur. C’est toujours dommage de retrouver les mêmes outils chez des voisins agriculteurs alors qu’ils ne servent que très peu. L’aspect social qui va avec la Cuma ou l’entraide ne doit pas être négligé. Il assure la cohésion entre agriculteurs et rend plus attractif le métier. Et il ne faut pas oublier de solliciter les structures qui peuvent apporter une aide financière, comme par exemple la MSA, la Région, le Département… »

 

Lucie Grolleau Frécon