Finales régionale et départementale
Concours de labour : mode d’emploi

Dans le cadre de En plaine terre se dérouleront les finales départementale et régionale de labour. Mais en quoi consiste un concours de labour. Explications de Jean-Baptiste Moine, expert ligérien en la matière.

Concours de labour : mode d’emploi
Selon Jean-Baptiste Moine, le plus important est d’être rectiligne pour l’ouverture, pour les bandes de labour et pour la dérayure finale. L’apparence générale du labour est aussi un facteur important pour faire la différence.

Des tracteurs avec une charrue qui traversent une parcelle dans sa longueur, des conducteurs qui descendent régulièrement de leur tracteur pour régler leur charrue ou faire des mesures…, pas toujours facile de décrypter ce ballet si spécifique d’un concours de labour. Il faut tout d’abord savoir qu’il existe deux catégories : le labour à plat et le labour en planche.

Le labour à plat se pratique avec une charrue réversible. Les parcelles à labourer sont en forme de trapèze et d’une superficie de 10 à 16 ares pour les charrues bisocs, de 15 à 24 ares pour les charrues trisocs, de 20 à 32 ares pour les charrues quadrisocs. La longueur des sillons est comprise entre 60 mètres et 100 mètres et les largeurs des parcelles varient de 12 à 40 mètres selon le nombre de socs de la charrue. Le labour en planche se pratique avec une charrue simple. Les parcelles sont de forme rectangulaire. Leur longueur est comprise entre 60 mètres et 100 mètres et la largeur entre 20 et 40 mètres selon le nombre de socs.

Alors que les charrues autorisées peuvent avoir deux, trois ou quatre socs, Jean-Baptiste Moine conseille « une charrue bi-socs, qui est plus adaptée pour les entrées et sorties et qui aura un rendu visuel plus intéressant ». Et on peut croire sur parole cet expert du labour, lui qui s’est longtemps occupé du concours de labour départemental dans la Loire avec les Jeunes agriculteurs, qui a formé de nombreux jeunes, qui est membre de France labour (structure qui organise les sélections pour les épreuves internationales de labour, qui auront lieu cette année les 10 et 11 septembre à Corbières).

La notation

Les participants à un concours de labour doivent être installés, salariés ou étudiants dans le milieu agricole et avoir entre 16 et 35 ans. Les épreuves de sélection commencent à l’échelle cantonale, lors des concours organisés par Jeunes agriculteurs, pour se terminer au niveau national.

Pour le labour en planche, huit critères sont notés pour arriver à un total de 100 points : l’ouverture (droite, propre) sur 10 points ; les bandes de terre refermant le tracé (droites, uniformes, absence d’herbe) sur 10 points ; l’aspect de la raie de labour (propre, net, profondeur) sur 10 points ; les bandes de terre (rectiligne, uniforme) sur 10 points ; l’apparence générale du labour sur 20 points ; l’enfouissement des chaumes et de l’herbe sur 10 points ; la dérayure finale (droite, propre, étroite…) sur 20 points ; le terrage et déterrage (toute la parcelle est-elle labourée) sur 10 points.

Pour le labour à plat, l’apparence du labour n’est notée que sur 10 points et un critère vient s’ajouter aux huit précédents : la jonction des courts-tours et de la fourrière (régularité, rectiligne, propre...) sur 10 points.

Selon Jean-Baptiste Moine, le plus important est d’être rectiligne pour l’ouverture, pour les bandes de labour et pour la dérayure finale. L’apparence générale du labour est aussi un facteur important pour faire la différence.

Les candidats doivent respecter la profondeur définie par le président du jury, généralement autour des 20 centimètres. Si ce n’est pas le cas, des pénalités sont appliquées.

« Les candidats ont un temps d’essai, d’environ deux heures, pour s’adapter au terrain, régler leur charrue, indique Jean-Baptiste Moine. Ensuite, a lieu le tirage au sort de la parcelle, puis les commissaires rappellent le règlement aux candidats. Le concours commence par l’ouverture : 15 minutes pour le labour à plat et 20 minutes pour le labour en planche. Une fois l’ouverture effectuée, le candidat s’arrête et la raie est notée. Le candidat peut ensuite poursuivre son travail.»

Des rôles bien définis

Afin d’uniformiser sur l’ensemble du territoire le jugement des épreuves régionales, un membre du jury national, désigné par le comité national d’organisation, en accord avec le président de la structure régionale Jeunes agriculteurs, fait obligatoirement partie du jury et en assure la présidence. Le jury d’une épreuve régionale doit comprendre au minimum six personnes par catégorie, plus le président.

Le président du jury ne participe pas à la notation, mais a plusieurs missions : approuver le choix du terrain ou le faire approuver par une personne accréditée par lui ; vérifier le piquetage des parcelles préalablement à l’épreuve ; vérifier la conformité du matériel avec le règlement et la fiche d’inscription du compétiteur ; décider de la durée de l’épreuve et de la profondeur du travail ; approuver la composition du jury et répartir ses membres dans les deux catégories ; tirer au sort les parcelles et commissaires de chaque compétiteur ; lors de la délibération du jury, procéder, s’il le juge nécessaire, à l’écrêtement des notes en supprimant, dans chaque rubrique, la note la plus haute et la note la plus basse donnée à chaque compétiteur ; prendre toute décision nécessaire au bon déroulement de la compétition.

Le déroulement des épreuves départementales, régionales et de la finale nationale nécessitent la nomination de commissaires. Le commissaire a pour rôle de : placer ou de déplacer, sous la responsabilité du compétiteur auquel il est affecté, les jalons pour le tracé d’ouverture et pour le tracé de marquage des courts-tours ; aider le compétiteur à prendre les diverses mesures dont il a besoin (hormis les mesures de profondeur) ; veiller à ce que personne n’apporte aucune aide quelconque au compétiteur durant la compétition ; ne laisser pénétrer personne dans l’enceinte du terrain de compétition, sauf autorisation spéciale du président du jury ; faire la liaison entre le compétiteur et le président du jury, en particulier pour signaler à celui-ci un retard ou un incident.

S’entrainer

Jean-Baptiste Moine estime que « les concours de labour deviennent surtout des animations. L’esprit de compétition se perd avec le temps. Et puis, il faut être réaliste, le labour n’est plus à la mode ». Cependant, « tout n’est pas perdu ». Pour Jean-Baptiste Moine, « il faudrait recréer une dynamique autour du labour, mettre en place des formations avec des gens volontaires et compétents pour intéresser les plus jeunes. Il faut aussi prendre en compte le grand public qui vient sur les concours : vu d’un œil novice et sans explications, le concours n’est pas intéressant pour lui. Il faudrait donner des éléments d’informations via des panneaux lors des concours et expliquer les grilles de notations ».

Pour espérer un jour imiter Fabien Landré ou Yves Thiévon, tous deux champions du monde de labour à plat (respectivement en 2010 et 2012), «il n’y a pas de secret, assure Jean-Baptiste Moine : il faut s’entrainer, comprendre tous les aspects du labour. Il n’y a pas de miracle, quelqu’un comme Yves Thiévon s’entraînait énormément ». D’ajouter : « Mis à part l’entrainement, pour passer un cap, il faut du matériel plus précis, mais cela implique une prise en main plus difficile et des réglages moins simples à faire».

 

Thomas Ribeyron