Politique
Le Département augmente son soutien à l’agriculture

Le Département a voté son budget consacré à l’agriculture, 5,4 millions d’euros, lors de la session du 5 février, en hausse de 330 000 euros. La vice-présidente, Chantal Brosse, dresse un tour d’horizon des principales actions.

Le Département augmente son soutien à l’agriculture
Chantal Brosse, vice-présidente du Département en charge de l'agriculture, est satisfaite des montants consacrés par la collectivité au monde agricole et sylvestre.


Le budget dédié à l’agriculture va-t-il évoluer en 2021 ? 
Chantal Brosse : « Oui, le budget a augmenté en termes d’investissement. Grâce au plan de relance du Département, nous allons bénéficier de 330 000 euros supplémentaires qui seront utilisés dans la cadre du PCAE (Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles). Cela répond aux besoins : soutenir nos agriculteurs tout en faisant travailler nos entreprises locales. »
 
Le budget agricole représente 4,6 % du budget global de votre collectivité. Est-ce suffisant ? 
C.B :« : On aimerait toujours plus. C’est un budget significatif qui permet d’aider pas mal d’exploitants et de répondre aux attentes.  Bien sûr, quand on voit l’impact économique et en termes d’emplois de l’agriculture sur le territoire, l’occupation de l’espace, on se dit que ça pourrait être plus. Mais avec les aides de la Région et de l’UE qui viennent en complément, il y a un véritable effet levier. »
 
Le budget européen est en période transitoire, est-ce que cela a un impact pour les agriculteurs sur leurs demandes au Département ? 
C.B : « Non, il n’y a pas de changements. Les agriculteurs pourront continuer à faire des demandes. L’an passé, il y a eu un afflux de projets car nous étions en fin de programme mais tous ceux qui rentraient dans les clous ont pu obtenir des subventions. On a pu récupérer des crédits non-utilisés (650 000 euros) dans d’autres secteurs d’activités à cause de la Covid. »
 
L’eau est un enjeu majeur pour l’agriculture du territoire. Quelles actions sont-elles menées par le Département en la matière ? 
C.B : « Nous intervenons d’abord sur les projets d’irrigation. La Chambre d’agriculture a mis en place un protocole d’instruction des dossiers. Parfois, les agriculteurs se découragent car ça peut paraitre long. Mais au final, on a quand même financé l’an passé 14 projets, six individuels et huit collectifs, pour un montant de 600 000 euros. Ce n’est pas rien !
Nous avons mis 200 000 euros sur les économies d’eau potable à hauteur de 40 % par projet plafonnés à 4 000 euros. L’objectif est d’éviter que les agriculteurs utilisent l’eau du réseau pour abreuver le troupeau.  Si on ajoute les travaux d’entretien du Canal du Forez qui est notre propriété, on met presque un million d’euros sur l’eau au total. »
 
Où en est-on de l’introduction de produits bios et/ou locaux dans les établissements publics ? 
C.B :« Concernant les collèges, le travail a été fait. Aujourd’hui, nous œuvrons surlesétablissements sociaux et médico-sociaux (Ehpad, etc.). Avec l’Ardab et la Chambre d’agriculture, nous accompagnons 28 établissements. Notre objectif est d’intégrer des produits locaux et bios sans leur faire dépenser plus. On fait une étude de leurs factures puis une mise en relation avec des agriculteurs. Nous organisons aussi des visites de fermes, des journées de formation pour les cuisiniers. »
 
Vous aidez aussi la pisciculture. Est-ce une filière importante ? 
C.B : « Ce ne sont pas des gros budgets (création de bassins, protection contre le cormoran), mais c’est une activité emblématique de la plaine du Forez. On tient à garder cette particularité qui fait partie de notre patrimoine y compris gastronomique. Il ne faut pas perdre ce savoir-faire. Les étangs forment aussi un milieu riche en biodiversité. »
 

 
En ces temps de pandémie, comment intervenez-vous sur la santé animale ?
C.B : «Elle représente presque la moitié du budget de fonctionnement. Nous avons une convention avec le GDS (Groupement de défense sanitaire) ; nous aidons aussi les agriculteurs pour leurs mesures de prophylaxie. Enfin nous contribuons au GIP Terana. A noter que l’an passé, le laboratoire a contribué à l’effort collectif en réalisant 120 000 tests Covid. Il continue d’en faire cette année. »
 
Quels sont les outils mis en place pour la préservation du foncier agricole ? 
C.B : « Aujourd’hui, nous perdons 250 ha de terres agricoles par an contre 800 ha quelques années en arrière ! Les mesures portent leurs fruits et notamment notre politique de PAEN (Protection des espaces agricoles périurbains). Nous allons commencer une étude autour de Montbrison sur 13 communes, une zone très viticole, en partenariat avec Loire Forez Agglo. C’est un travail de longue haleine mais essentiel. Dans la vallée du Gier où ont été mis en place les premiers PAEN, les agriculteurs nous disent que, sans ce dispositif, ils ne seraient plus là. Il y a eu aussi la signature de la charte du foncier avec la Chambre d’agriculture en 2018. Il y a une vraie prise de conscience. »
 
Y aura -t-il des actions nouvelles cette année ? 
C.B : « Oui, deux actions. Nous allons expérimenter une action de remise en valeur de terres incultes sur trois communes : Villemontais, Saint-Alban-les-Eaux et Saint-André-d’Apchon. C’est une zone à la fois d’élevage et de viticulture. Et certains terrains ont été abandonnés mais ils ne seront jamais constructibles alors on veut contraindre les propriétaires à les faire cultiver.
Enfin, nous allons tester une règlementation de boisement en altitude pour que les forêts restent sur les massifs dédiés et pas façon timbre-poste au milieu des cultures où elles font de l’ombre. »
 

 
Propos recueillis par David Bessenay
 

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