Élevage allaitant
L’Aubrac, une race « qui tire son épingle du jeu »

Rendez-vous était donné jeudi 15 novembre à Balbigny pour la traditionnelle assemblée générale de l’Association Loire Rhône Aubrac (Alra). Outre les chiffres de présentation de la race, les différents rapports statutaires ont été passés en revue devant les éleveurs venus nombreux.

L’Aubrac, une race « qui tire son épingle du jeu »
La Fête du lait 2023 à Saint-Héand a accueilli le concours départemental de la race Aubrac à Saint-Héand. Pas moins de 38 animaux issus de sept élevages, répartis dans huit sections ont été présentés.

Depuis 2009, date de création de l’Association Loire Rhône Aubrac (Alra), les éleveurs passionnés de la race se rassemblent tous les ans pour le compte de leur assemblée générale. Jeudi 15 novembre, la coutume a une nouvelle fois été respectée à Balbigny : la salle comble accueillait une petite trentaine d’éleveurs. Après un mot de bienvenue du président de l’association Loire Rhône Aubrac, Thierry Pallandre, Jean-Pierre Monier, conseiller élevage à la Chambre d’agriculture de la Loire, dressait un état des lieux de la race Aubrac dans les deux départements.

Il introduisait ses propos par quelques chiffres à l’échelle nationale, sachant qu’un bilan annuel de toutes les races de France est effectué, lequel traduit leur évolution sur dix ans (2013-2023) : « Pratiquement 10 % d’effectifs ont été perdus sur une décennie, c’est du jamais vu ! De grandes races comme la Charolaise diminuent de près de 20 %. C’est un constat alarmant de voir perdurer cette baisse. À l’inverse, l’Aubrac en gagne 45 % sur ce même intervalle de temps. Elle tire son épingle du jeu. »

Les effectifs de la race en constante progression

Dans le département, la race Aubrac représentait 5 % des effectifs allaitants en 2017 pour finalement atteindre 8 % à la fin 2022, soit un passage de 4 032 à 5 803 vaches. La variation sur quatre ans est de +28,2 %. À titre de comparaison, elle est la seule des races à subir une augmentation, les autres se stabilisant ou diminuant lors des cinq dernières années (-11,5 % pour la Charolaise, -3,4 % pour la Salers, etc.). « Ce qui se passe au niveau national, on le retrouve quand même assez bien pour le département et ce, sur un temps plus court », précisait le conseiller de la Chambre d’agriculture.


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En France, la baisse des effectifs bovins va se poursuivre, selon les pronostics, pour plusieurs raisons : la main d’œuvre dans les fermes, les départs en retraite, le réchauffement climatique… « Le problème, c’est que cela peut ouvrir la porte aux importations si l’on n’a pas assez de viande ou de lait sur nos territoires, ajoutait Jean-Pierre Monier. La bonne nouvelle, c’est que depuis 2009, la progression du nombre de vêlages Aubrac dans le département est linéaire : d’environ 1 800 vaches ayant vêlé lors de l’année de création du syndicat, on en compte désormais 6 000. »

La Chambre d’agriculture présentait par ailleurs quelques données chiffrées de la race dans la Loire et le Rhône. En 2022, 18 381 bovins étaient présents sur les deux départements, dont 14 594 dans la Loire ; en 2023, l’effectif grimpe à 19 583, soit 15 529 sur le département ligérien. Même son de cloche pour l’évolution du nombre de vêlages : en 2022, 7 022 vêlages étaient comptabilisés (5647 dans la Loire) contre 7 435 (5974) en 2023.

La répartition par taille d’élevage dans la Loire venait clore la présentation du conseiller. Si en 2020, 357 élevages avaient un animal de race Aubrac dans leur exploitation, le nombre s’est hissé à 385, trois ans plus tard. Une augmentation de 1 % avait donc été remarquée entre 2020 et 2022, mais surtout de 7 % entre 2022 et 2023. Les troupeaux étaient et restent majoritairement de petite taille : cette année, 40 % d’entre eux sont compris entre 0 et 5 vaches, même pourcentage que trois ans plus tôt.

« On a beau être la seule race qui progresse encore, on n’a pas de quoi s’en réjouir. À mon sens, c’est une catastrophe annoncée de l’élevage. Si on continue ainsi, à ne pas encourager nos jeunes par exemple, je ne sais pas où on va aller », s’inquiétait Thierry Pallandre, également éleveur à Saint-Christo-en-Jarez.

Bilan et perspectives 

S’en est suivi le rapport financier de l’Alra, qui présentait un bénéfice de 1 624, 26 euros (5 787,62 euros de recettes ; 4 163,36 euros de dépenses) : « Aujourd’hui, les comptes vont mieux que durant la période Covid par exemple, mais il est toujours difficile de faire vivre l’association », poursuivait le président.

Une rétrospective de l’année a également été partagée devant l’auditoire. Fin mars, éleveurs de Rhône et de Loire se sont déplacés dans l’Aveyron pour visiter la station d’évaluation de La Borie, puis en Lozère pour découvrir le Gaec Reversat. Le 20 juillet, une quinzaine d’entre eux ont participé à un pique-nique organisé dans le Haut-Forez, chez Elie et Élodie Chambonny. Mais le point d’orgue de cette année était le concours départemental de la race Aubrac, organisé lors de la Fête du lait de Saint-Héand, les 10 et 11 septembre. Pas moins de 20 000 visiteurs étaient présents ; la race, quant à elle, était représentée par 38 animaux issus de sept élevages, répartis dans huit sections. D’autres informations ont été évoquées pêle-mêle : un élevage était présent au Sommet de l’élevage, avec une 2e place à la clé pour Pixel ; trois veaux ont été rentrés et un veau a été vendu à l’amiable à la station d’évaluation de La Borie ; un élevage a été retenu pour l’édition 2024 du Salon d’agriculture.

À l’heure de se projeter pour l’année prochaine plusieurs évènements et projets ont été annoncés : une visite d’élevage entre février et mars, un pique-nique en juillet, la participation au prochain concours départemental qui aura lieu en août à Pomeys (69), le week-end interdépartemental prévu en septembre et le mois suivant, la présence au concours interrégional.

Au terme de l’assemblée générale statutaire, le technicien de l’OS Aubrac Adrien Bigot traitait de la thématique « Comment trier ses génisses », avec une partie théorique en matinée, suivi d’un déplacement sur l’exploitation du Gaec Côte Pardin, basée à Saint-Marcel de Félines, pour aborder des cas concrets.

Axel Poulain