Alors que des agriculteurs ligériens, dont les prairies ne sont pas assurées pour les risques climatiques, peuvent solliciter une indemnisation de l’Etat au titre de la sécheresse 2023, la FDSEA dénonce un système d’analyse des données satellitaires qui minimise la réalité du terrain.

Sécheresse 2023 : des images satellitaires imprécises
La FDSEA encourage vivement les agriculteurs concernés à procéder à la demande d’indemnisation au titre de la sécheresse 2023.

Le système des calamités agricoles a été remplacé par un dispositif de couverture des risques, qui repose sur le partage du risque entre l’État, les agriculteurs et les assureurs et sur la solidarité nationale. Il comprend trois étages de couverture de risques : les aléas de faible intensité sont assumés par les agriculteurs ; les aléas significatifs sont pris en charge par l’assureur, si l’agriculteur a souscrit un contrat d’assurance récolte subventionnable ; les aléas exceptionnels (à partir de 30 ou 50 % de pertes selon la production) déclenchent une intervention de l’État, via la solidarité nationale, avec des taux d’aides dépendant de la situation de l’agriculteur. S’il est assuré, l’État indemnise 90 % des pertes d’ampleur exceptionnelle et l’assureur 10 %. S’il ne l’est pas, l’État indemnise (pour 2023), 45 % des pertes d’ampleur exceptionnelle, le reste étant à la charge de l’agriculteur.

Dans le journal de la semaine dernière, la Direction départementale des territoires (DDT) de la Loire expliquait que des communes de la Loire avaient été reconnues comme sinistrées au titre de la sécheresse de 2023. Elle invitait les agriculteurs non assurés pour les prairies vis-à-vis du risque climatique de ces territoires à télédéclarer une demande d’aide auprès de l’Etat. « J’encourage vivement les agriculteurs concernés à faire la démarche pour demander une indemnisation », insistait Jean-Luc Perrin, président de la FDSEA de la Loire.

Néanmoins, il conteste ce nouveau dispositif, expliquant que « le moyen utilisé pour mesurer la sécheresse ou le manque de production d’herbe est le satellite, à l’inverse des cultures pour lesquelles une expertise sur le terrain est réalisée. » Depuis l’été, la profession fait remonter à l’administration que le secteur de la plaine et des coteaux du Forez est concerné par le manque de pluviométrie, avec des conséquences sur les stocks de nourriture pour les animaux. « Il a fallu attendre la fin du cycle végétatif, c’est-à-dire la fin de la pousse de l’herbe, pour obtenir les premiers résultats. Le satellite a finalement décelé une sécheresse sur plusieurs communes du département. »

Plusieurs nuances de vert

La FDSEA dénonce le fait que, sur certaines communes, « le satellite ne détecte pas de taux de perte, ou un taux de perte faible, alors que la sécheresse est bien réelle, avec ses conséquences visibles dans les exploitations ». Jean-Luc Perrin rapporte que « l’analyse des données du satellite s’appuie sur la couleur : vert, l’herbe pousse ; jaune, elle ne pousse pas. Les pentes et les boisements, qui font de l’ombre sur l’herbe, biaisent les mesures et donc les résultats. La gelée printanière donne aussi une couleur sombre à l’herbe, qui ne croît pas, mais le satellite voit du vert et donc interprète le contraire. » La FDSEA affirme que ces problèmes d’analyse ont été transmis au ministère de l’Agriculture.

Des procédures de recours peuvent être mises en place si des incohérences sont relevées. « Les agriculteurs concernés doivent se manifester pour que nous puissions les recenser, annonce le président de la FDSEA de la Loire. Nous ferons ce que nous pourrons pour aller jusqu’au recours, mais nous ne pouvons pas certifier aux agriculteurs que la procédure aboutira. » D’autres départements sont concernés par la même problématique et en feront autant.

Affiner le dispositif

La FDSEA se tourne également vers l’avenir et de potentielles nouvelles sécheresses en incitant les services de l’Etat à revenir à la réalité du terrain plutôt qu’utiliser le satellite : « Les mesures sur place sont plus fiables que des images satellites », estime Jean-Luc Perrin. « C’est pour cela que nous poussons pour avoir des fermes de référence » où des techniciens réaliseraient des mesures régulièrement. Utilisées en parallèle des images satellites, ces mesures permettraient de mettre en évidence les incohérences des données satellitaires, mais aussi d’enrichir le système pour en améliorer la fiabilité.

Jean-Luc Perrin rappelle que, à terme, « les agriculteurs qui ne seront pas assurés ne seront pas indemnisés en cas de sécheresse ». Il encourage donc ceux qui ne l’ont pas encore fait, à contracter une assurance pour les pertes en cas d’aléas  climatiques.

Lucie Grolleau Frécon