Prédation
Le loup étend son territoire

Véritable fléau pour les éleveurs, le loup fait chaque année de nombreux ravages dans les cheptels. S’il reste difficile d’évaluer le nombre exact d’individus, un suivi des victimes permet de mesurer l’extension progressive de la prédation du loup sur le territoire.
Le loup étend son territoire

Après avoir disparu du territoire français en 1937, le loup a officiellement fait son retour en France en 1992 dans le Parc national du Mercantour. Depuis, un jeu de cache-cache s'est engagé avec l'homme ce qui rend son recensement difficile. D'après le bilan du suivi hivernal 2019 - 2020 publié par l'Office français pour la biodiversité (OFB), notre pays compte aujourd'hui environ 580 individus. En hausse régulière ces dernières années, la population de loups en France a plus que doublé depuis 2015.
Effectué sur le terrain par des correspondants bénévoles, chasseurs ou encore agriculteurs, ce suivi est mené sur la base d'un faisceau d'indices attestant de la présence du loup. En 2019, 2 534 indices ont été relevés. « Les personnes en charge du suivi des populations sont formées pendant deux jours pour reconnaître les indices laissés par le loup. Il y a d'abord les observations visuelles comme les témoignages, les photos et les vidéos prises sur le terrain. Il y a également toutes les traces, les carcasses de proies sauvages et les indices biologiques comme les excréments, l'urine, les poils, le sang et bien sûr les dépouilles. Des hurlements spontanés ou provoqués représentent aussi des indices fiables », détaille Florie Bazireau, chargée de mission loup-lynx à l'Office français pour la biodiversité. Un peu partout sur le territoire, ces estimations sont régulièrement complétées par des partenaires de l'OFB comme les réserves naturelles.
Le 24 août dernier, des observations conduites par la Réserve naturelle nationale de la Haute Chaîne du Jura ont par exemple permis d'identifier une meute de cinq loups arrivés dans cette zone en provenance de la frontière entre le Jura et l'Ain.

 

12 451 victimes indemnisées en 2019

En France, c'est la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) qui a en charge le suivi des attaques de loup. Aujourd'hui achevé, l'exercice 2019 met en évidence quarante départements concernés par le loup. Au total, 12 451 victimes ont été indemnisées en France l'an dernier. C'est 393 de plus que sur l'ensemble de l'année 2018, soit une hausse de 3,3 %. Le montant global des indemnisations aux éleveurs s'élevait l'an dernier à quelque 3,07 millions d'euros.
En région Auvergne-Rhône-Alpes, 3 734 victimes ont été indemnisées en 2019 soit 688 de plus que sur l'exercice 2018 et une hausse de 22,6 %. Dans cette région, la Savoie a été le département le plus touché avec 1 586 victimes indemnisées, un chiffre en baisse de 23 % par rapport à l'année dernière. La Savoie est talonnée par l'Isère qui avec 1 114 victimes indemnisées en 2019 s'inscrit dans une dynamique inverse avec une hausse de 22,6 % par rapport à 2018.
En Bourgogne-Franche-Comté, 115 victimes ont été indemnisées en 2019. C'est 29 de plus qu'en 2018 soit une hausse de près de 34 % en un an. L'Yonne, 74 victimes (contre 30 en 2018) et le Jura, 19 victimes (contre 51 en 2018) concentrent l'essentiel des dommages. «Pour 2020, les premières données sont à prendre avec des pincettes mais nous nous dirigeons vers une stabilisation des chiffres. Le loup semble aujourd'hui coloniser de nouveaux territoires comme la Haute-Savoie mais délaisse des zones de présence historiques comme les Alpes-Maritimes », explique Juliette Bligny, cheffe unité loup à la Dreal Auvergne-Rhône-Alpes. « Il est difficile de définir un profil type d'exploitation vulnérable au loup même si on remarque que les exploitations situées à proximité d'un couvert forestier sont plus exposées car le tir de défense y est rendu plus compliqué. En revanche, la taille de l'exploitation importe peu car si un grand cheptel est par nature plus exposé, un petit cheptel sans berger pour le surveiller peut également être vulnérable. »

 

Pierre Garcia