Covid-19
Du couvre-feu au confinement

C’est sans surprise que le président de la République, mercredi soir, a annoncé un nouveau confinement pour les Françaises et les Français de métropole à partir de jeudi minuit. Un confinement basé sur les même fondamentaux que celui du printemps, mais cependant avec quelques aménagements : les écoles resteront ouvertes, le travail pourra continuer, les Ehpad et maisons de retraite pourront être visités.

Du couvre-feu au confinement
Avec ce nouveau confinement, même si le télétravail est à nouveau généralisé, le président de la République souhaite que l’activité économique puisse se poursuivre.

« Les exploitations agricoles continueront de fonctionner », voici ce qui a sûrement le plus interpellé les agriculteurs lors de l’allocution du président de la République mercredi soir au sujet des mesures visant à freiner la propagation du virus Covid-19. Il suffisait de consulter les réseaux sociaux les heures qui ont suivi cette intervention pour le constater. Une petite phrase incomprise par les agriculteurs, eux qui n’ont pas cessé de travailler pendant le premier confinement, eux qui n’ont pas le choix de continuer à poursuivre leur activité puisqu’ils travaillent avec du vivant. Que voulait dire le président de la République par ces quelques mots ? Peut-être un message à l’attention des Français pour les rassurer sur le fait qu’ils peuvent compter sur les agriculteurs de notre pays pour les nourrir, pour les inciter à se rendre sur les points de vente directe mis en place par les agriculteurs pour acheter des produits alimentaires locaux ? …

Car effectivement, les médias s’en faisaient l’échos dès mercredi midi : les rayons de pâtes des grandes surfaces commençaient à être vides mercredi en milieu de journée. La preuve que le confinement était plus que pressenti en France. 

Une situation qui se dégrade

C’est donc sans surprise qu’Emmanuel Macron a annoncé mercredi soir un re-confinement de la France métropole jusqu’au 1er décembre, après avoir fait le point sur l’évolution de l’épidémie : « Le virus circule en France à une vitesse que même les prévisions les plus pessimistes n’avaient pas anticipée. Le nombre de contaminations rapporté à la population a doublé en moins de deux semaines. Hier (ndlr, mardi 27 octobre), 527 de nos compatriotes sont décédées du Covid-19. Hier, nous avons dénombré près de 3 000 personnes en réanimation, soit plus de la moitié des capacités nationales. A la différence de la première vague, l’ensemble des régions se trouvent aujourd’hui au seuil d’alerte. Dans de nombreux endroits, pour prendre en charge les patients Covid-19, nous avons commencé à déprogrammer des opérations du cœur ou du cancer – parfois les mêmes qui avaient dû être décalées au printemps. (…) Il faut reconnaître que, comme tous nos voisins, nous sommes submergés par l’accélération soudaine de l’épidémie, par un virus qui semble gagner en force à mesure que l’hiver approche, que les températures baissent. »

Face à cette situation qui se dégrade rapidement en France, et malheureusement la Loire en tête, le président de la République estime que «si nous ne donnons pas aujourd’hui un coup de frein brutal aux contaminations, nos hôpitaux seront très vite saturés sans que nous ayons, cette fois, la possibilité de transférer beaucoup de patients d’une région à une autre parce que le virus est partout. Si nous ne donnons pas aujourd’hui un coup de frein brutal aux contaminations, les médecins devront alors choisir, ici entre un patient atteint du Covid et une personne victime d’un accident de la route, là entre deux malades du Covid. Ce qui, compte tenu des valeurs qui sont le nôtres, de ce qu’est la France, de ce que nous sommes, est inacceptable. Dans ce contexte, ma responsabilité est de protéger tous les Français. Et, en dépit des polémiques, en dépit de la difficulté des décisions à prendre, je l’assume pleinement devant vous ce soir.»

Un confinement adapté

Après avoir énoncé les possibilités qui s’offraient au gouvernement pour freiner l’épidémie, Emmanuel Macron a finalement prononcé le mot « confinement ». « Après avoir consulté les scientifiques, dialogué avec les forces politiques, économiques et sociales, après avoir échangé aussi avec nos partenaires européens, et pesé le pour et le contre, j’ai décidé qu’il fallait retrouver à partir de vendredi le confinement qui a stoppé le virus. Tout le territoire national est concerné, avec des adaptations pour les seuls départements et territoires d’outre-mer. » De préciser : « Mais parce que nous avons appris des événements du printemps, ce confinement sera adapté sur trois points principaux : les écoles resteront ouvertes, le travail pourra continuer, les Ehpad et maisons de retraite pourront être visités. »

Plus précisément, comme au printemps :

- les déplacements seront limités, avec une attestation, uniquement pour travailler, se rendre à un rendez-vous médical, porter assistance à un proche, faire ses courses ou prendre l’air à proximité de son domicile ;

- les réunions privées en dehors du noyau familial, les rassemblements publics et les déplacements entre régions seront exclus, à l’exception des retours de vacances de la Toussaint, c’est-à-dire jusqu’à dimanche ;

- les commerces définis comme non essentiels et les établissements recevant du public, comme les bars et restaurants, seront fermés ;

- l’Etat continuera à apporter une aide massive aux petites entreprises impactées avec la prise en charge jusqu’à 10 000 euros par mois de leurs pertes en chiffres d’affaires. Les salariés et les employeurs continueront à bénéficier du chômage partiel. Des mesures de trésorerie pour les charges et pour les loyers seront prévues. Un plan spécial sera annoncé pour les indépendants, les commerçants, les très petites et moyennes entreprises.

Mais certaines règles évoluent : 

- les crèches, écoles, collèges et lycées resteront ouverts avec des protocoles sanitaires renforcés ;

- les universités et établissements d’enseignement supérieur assureront à l’inverse des cours en ligne ;

- le travail pourra continuer : partout où cela est possible, le télétravail sera généralisé mais les activités économiques doivent se poursuivre ; 

- les visites en Ehpad et en maisons de retraite seront autorisées ;

- en cette période marquée par la Toussaint, les cimetières demeureront ouverts.

Les écoles restent ouvertes.

Emmanuel Macron justifiait l’évolution de certaines règles : « Nos enfants ne sauraient être durablement privés d’instruction, d’éducation, de contact avec le système scolaire. Trop de conséquences, trop de dégâts, en particulier pour les plus modestes. » De plus, même si le télétravail sera à nouveau généralisé « l’activité continuera avec plus d’intensité. Les guichets des services publics resteront ouverts. Les usines, les exploitations agricoles, les Bâtiments et travaux publics continueront de fonctionner. » Pour le président de la République, « l’économie ne doit ni s’arrêter, ni s’effondrer ! Je vous invite donc, dans la mesure des possibilités de chacun, à participer de cet effort en travaillant, en soutenant les entreprises qui, proches de chez vous, ont innové à travers des commandes à distance, la vente à emporter ou la livraison à domicile. Le Gouvernement accompagnera les TPE/PME comme les artisans qui entreprendront des démarches de numérisation. » Enfin, « pour éviter que ne se nouent des drames humains où des personnes en fin de vie se retrouvent totalement isolées, les visites en maison de retraite ou en Ehpad seront cette fois autorisées dans le strict respect des règles sanitaires. Je souhaite aussi que les personnes en situation de handicap puissent bénéficier des souplesses dont elles sont besoin. »

L’ensemble de ces mesures doivent être précisées par le Premier ministre ce jeudi en fin de journée.

Vigilance également dans les fermes

Bien évidemment, alors que le confinement se met à nouveau en place, les gestes barrières sont toujours de rigueur, que ce soit au travail ou avec les proches. Et même si les agriculteurs peuvent (ou doivent…) continuer à travailler, eux aussi doivent être vigilants quant au respect des mesures barrières avec leurs associés, avec leurs salariés, avec les personnes intervenant sur leur exploitation (inséminateur, vétérinaire, livreur…). Ces dernières semaines, les cas de Covid-19 se sont également multipliés chez les agriculteurs, laissant parfois un seul associé du Gaec assumer seul le travail sur l’exploitation, alors que les autres étaient positifs au Covid-19, voir au fond de leur lit…

« Ce nouveau confinement ne réussira que par la mobilisation de tous et chacun à son rôle à jouer », insistait mercredi soir le président de la République. S’adressant plus particulièrement aux personnes à risque, aux plus vulnérables, aux personnes âgées de plus de 70 ans : « je demande une vigilance accrue. Moins de réunions avec la famille, avec les amis, même si c’est un crève-cœur. Et le respect de la distanciation physique, y compris au domicile, le port du masque systématique lorsqu’on se trouve à l’intérieur en présence d’une autre personne, même un proche, un enfant ou un petit enfant. C’est très important pour vous. »

Lucie Grolleau Frécon