Société
Alors, on avance ou on recule d’une heure ?

De plus en plus contesté par les citoyens, le changement d’heure n’a de cesse de lancer les débats, sans pour autant les faire évoluer. En famille, entre amis ou au travail, les interrogations sont souvent nombreuses à quelques jours de la date fatidique. Cette année, il aura lieu ce dimanche 31 mars. Éléments de réponses.

 Alors, on avance ou on recule d’une heure ?
Cette année, le changement d’heure d’été se fera le dimanche 31 mars. À deux heures du matin, il sera en fait trois heures. ©AdobeStock

« Du coup, on dort une heure de moins ou une heure de plus ? », « Qui a eu l’idée de mettre ça en place ? », « Ça n’avait pas été arrêté ? » … Si les interrogations sont légion en matière de changement d’heure, c’est bien parce qu’un certain flou a régné durant des décennies (et règne encore) quant à son intérêt.

Commençons par le commencement ! Le changement d’heure s’opère deux fois par an. Celui d’été aura lieu ce dimanche 31 mars, tandis que celui d’hiver, le 27 octobre. À compter de ce week-end, les jours seront rallongés et les nuits seront plus courtes. On perdra donc une heure de sommeil et on prend le réflexe d’avancer nos montres. Nul besoin de le faire en revanche pour nos smartphones et ordinateurs qui s’en chargeront automatiquement. En guise d’exemple, à 2 heures du matin, il sera en fait 3 heures.

Pour ne pas se tromper, car les habitudes reviennent au galop, il existe un moyen mnémotechnique : pour le passage à l’heure d’hiver, au mois d’octobRE, on REcule les aiguilles ; pour celui d’été, un peu avant le mois d’AVril, on les AVance.

On remonte dans le temps

Appliqué pour la première fois en France en 1916, après l’Allemagne et le Royaume Uni, le changement d’heure résulte d’une volonté clairement assumée d’économiser de manière conséquente des ressources énergétiques comme le charbon. A son origine, le député André Honnorat, qui s’est toutefois fortement inspiré de Benjamin Franklin, célèbre homme de sciences et de lettres américain, véritable « créateur » de ce changement d’heure. Mais lors de la Libération en 1944, ce système est abandonné et un décret du 14 août 1945 fixe l’heure légale avec une heure de décalage par rapport à celle de son fuseau horaire.

30 ans plus tard, une heure d’été en France hexagonale est introduite par un nouveau décret, afin d’économiser l’énergie en réduisant les temps d’éclairage artificiel le soir. Le changement d’heure est principalement instauré à la suite du choc pétrolier de 1973-1974 et de l’envolée des prix du pétrole. Valéry Giscard d’Estaing, alors Président, tenait ce discours : « Il est sage de renforcer notre marge de sécurité collective en modérant dès à présent nos consommations individuelles. J'indique par exemple que nous serons conduits à fixer une heure de printemps, une heure d'été, pour mieux faire coïncider le jour et la journée. » Il s’agissait ainsi d’économiser l’électricité produite à l’époque principalement par le fioul, grâce à une heure d’ensoleillement naturel supplémentaire le soir. Si la mesure se voulait initialement provisoire, elle est toujours appliquée aujourd’hui.

En 1998, l’ensemble des pays de l’Union européenne a instauré ce système dans le but de faciliter les échanges. D’ailleurs, une directive a été prise en 2001 afin de l’harmoniser pleinement. Pour autant, en Europe, plusieurs pays ont fait le choix de ne pas y adhérer, comme par exemple la Russie, la Biélorussie, la Géorgie, l’Arménie ou encore l’Islande. Plus largement, dans le monde, environ 70 pays appliquent ce changement d’heure.

La fin du changement d’heure, « plus à l’ordre du jour » ?

En 2019, les députés de l’Union européenne (UE) avaient voté en faveur de la suppression du changement d’heure dans tous les pays membres, à 410 voix pour et 192 contre. En septembre 2018, la Commission européenne avait proposé de suspendre ce système applicable à partir de 2021. Chaque État membre devait alors rendre sa décision avant le 1er avril 2020. Mais la pandémie de Covid-19 et les négociations sur le Brexit sont passées par là, laissant de côté la fin du changement d’heure. Pire encore, peut-on lire sur le site service-public : « Ce texte n’est plus à l’ordre du jour et ne devrait pas être discuté dans un avenir proche. »

Si la fin de ce système avait été actée, la proposition de la Commission européenne aurait ainsi supprimé les règles nationales existantes, qui impliquent un changement d’heure tous les six mois. Elle aurait ainsi laissé aux États membres le choix de l’heure qui leur conviendrait le mieux, même si dans les faits et pour des raisons pratiques, chaque État se serait vu contraint dans ce choix. En effet, un décalage entre les pays autrefois alignés sur le même fuseau horaire aurait pu créer des perturbations conséquentes dans les transports ou encore, les systèmes d’informations.

Axel Poulain