Croissance de l’herbe
Pâturage : gérer selon les conditions et anticiper l’été

La Chambre d’agriculture de la Loire et Loire conseil élevage proposent un suivi hebdomadaire de la croissance de l’herbe pour aider les éleveurs ligériens à bien maîtriser le pâturage et la récolte de l’herbe. Voici le bulletin du 29 avril.

Pâturage : gérer selon les conditions et anticiper l’été

A retenir pour cette semaine : en altitude comme en plaine, la chute brutale des températures, combinée à des gelées et des épisodes neigeux ponctuels et localisés, ont fortement freiné la croissance de l’herbe. L’avancement végétatif des graminées a été littéralement stoppé et les légumineuses ont parfois régressé dans le couvert prairial. Dans certains élevages, la consommation d’herbe pâturée a dû être ralentie afin d’éviter une rupture du cycle de pâturage. Le retour de la douceur des températures ces prochains jours et la forte pluviométrie devraient booster le redémarrage des prairies et conforter la durée du pâturage de printemps.

Dans les prochains jours, ces conditions météo vont générer plusieurs écueils pour le pâturage :  

- une portance dégradée (surtout en plaine) : dégradation des prairies en cours de pâturage (piétinements) ou réduction de la surface « pâturable » dans de bonnes conditions ;

- une réduction de la contribution des légumineuses à la biomasse pâturable, préjudiciable à la pérennité du pâturage 2024 ;

- une réduction de la valeur alimentaire et de l’appétence de l’herbe ;

- le blocage des parcelles débrayées, destinées à être introduites dans le circuit de pâturage du fait de conditions météo défavorables à la récolte de ces prairies.

Repères des sommes de températures :

- ensilage RGI classique : 700-750 °C (trop tard dans beaucoup d’exploitations) ;

- ensilage prairies multi-espèces : 750 à 900 °C.

Beaucoup de prairies temporaires arrivent à des stades critiques pour la valeur alimentaire et une fermentescibilité sécurisée. Ne pas hésiter à nous contacter.

Les sommes de températures depuis le 1er février et le cumul pluviométrique sur le mois d’avril dans le département sont les suivantes (source Infoclimat / Météo France) : 

- Bard, 647°C, 57 mm ;

- Noirétable, 671°C, 108 mm ;

- Saint-Sauveur-en-Rue, 668°C, 136 mm ;

- Violay, 665°C, 108 mm ;

- Chazelles-sur-Lyon, 724°C, 82 mm ;

- Fourneaux, 784°C, 89 mm ;

- La Valla-en-Gier, 766°C, 87 mm ;

- Panissières, 733°C, 91 mm ;

- Saint-Georges-en-Couzan, 710°C, 52 mm ;

- Arthun, 777°C, 43 mm ;

- Balbigny, 828°C, 77 mm ;

- Nandax, 815°C, 88 mm ;

- Pélussin, 881°C, 104 mm ;

- Savigneux, 788°C, 51 mm ;

- Veauchette, 816°C, 68 mm.

Suivi de la croissance de l’herbe dans plusieurs exploitations du département :

- Saint-Héand (757 m) : 9,9 cm ; 20,7 kg de MS/ha/jour ;

- Soleymieux (630 m) : 10,1 cm ; 23,3 kg ;

- Périgneux (680 m) : 9,7 cm ; 24,9 kg ;

- Essertines-en-Chatelneuf (800 m) : 8,2 cm ; 15,6 kg ;

- Saint-Bonnet-le-Courreau (1 070 m) : 7,4 cm ; 27,4 kg ;

- Champoly (660 m) : 8,8 cm ; 21,9 kg.

- Saint-Marcel-de-Félines (490 m) : 8,9 cm ; 34,6 kg ;

- Violay (700 m) : 10,1 cm ; 12 kg ;

- Violay (720 m) :8,8 cm ; 24,4 kg.

Du côté de la technique :

- éviter le blocage du circuit de pâturage : la fauche ces deux dernières semaines des prairies débrayées fin mars 2024 va se révéler précieuse. Elle va permettre d’introduire ces parcelles dans les prochains jours dans le circuit de pâturage. Cette souplesse de pâturage permettra d’effectuer des fauches de refus voire de débrayer des parcelles uniquement pâturées depuis le début de printemps (meilleure gestion des refus, du parasitisme et des accumulations de bouses sur ces prairies pâturées) et d’augmenter la surface pâturable totale pour la seconde moitié du printemps. Ces surfaces additionnelles homogènes en hauteur (effet fauche) permettront d’augmenter le niveau d’ingestion en herbe pâturée des animaux avec une offre en herbe pâturable sécurisée. Ces prairies prendront également le relais de certaines prairies pâturées depuis le début de printemps et qui vont voir leur portance se dégrader ces prochains jours ou voir leur potentiel de production limité. Il ne faut pas hésiter à faire pâturer les surfaces de pâturage additionnelles dès les prochains jours (hauteur entrée : 9 cm, dès le lendemain de la récolte) afin de conserver le plus longtemps possible leur appétence, favoriser les légumineuses et réduire le nombre de futurs refus. Dans le cas où ces surfaces additionnelles de pâturage n’ont pas pu être fauchées ces derniers jours, plusieurs leviers peuvent être actionnés (non exhaustifs) : freiner la consommation d’herbe pâturée, quitte à introduire très temporairement des fourrages conservés ; « ététer » certaines parcelles de fauche ou débrayées encore pas trop hautes (13 à 15 cm) par une fauche à plat à 8 - 9cm ; assurer un topping de certaines parcelles avec une biomasse sur pied conséquente (plus de 15-20cm) trop hautes pour le pâturage (prairies de fauche pou débrayées).

- réfléchir à ses futurs stocks sur pied pour juin 2024 : pour le moment, sous conditions de fertilité et de santé des prairies, la météo laisse présager une saison de pâturage prolongée en fin de printemps voire début d’été. La période est idéale pour réfléchir à la constitution de stocks sur pied pour juin/début juillet 2024. Ces prairies de stocks sur pied peuvent très bien être : des prairies de pâturage strict de début de printemps qui vont connaitre une fauche en fin mai - début juin, des prairies de fauche ou de pâturage débrayées en avril et qui feront l’objet d’une seconde fauche en mi-mai, mais aussi des dérobées fourragères pâturables implantées derrière méteil fourrager ou prairie.

Augustin Gravier, Chambre d’agriculture de la Loire

Stéphane Laurent, Loire conseil élevage