Filière caprine
Futurs cédants et installés, entre questionnements et expériences

Organisé conjointement par le réseau des chambres d’agriculture du Rhône et de la Loire le lundi 9 mai, un après-midi découverte à Doizieux a permis de dresser un bilan de la filière caprine au niveau régional. Mais aussi de mettre en relation les futurs cédants et installés pour échanger sur les clés de réussite et les points de vigilance.

Futurs cédants et installés, entre questionnements et expériences
Cet après-midi découverte était l’occasion, outre de se s’informer sur le contexte actuel de l’élevage caprin au niveau régional, d’apporter des repères aux jeunes futurs installés.

« Comme toutes les filières, la filière caprine n’échappe pas à la question du renouvellement des générations. Cela fait partie des enjeux prioritaires pour assurer le maintien et/ou la continuité des exploitations déjà en place » : conseillère entreprise/élevage au sein de la chambre d’agriculture du Rhône, Agnès Liard donnait le ton en préambule de l’après-midi découverte de la filière caprine. Une des raisons qui aura d’ailleurs poussé les deux chambres d’agriculture à organiser ce rendez-vous réunissant, entre autres, futurs cédants et futurs installés. 

Placé sous le signe de l’échange, cet après-midi avait également un but informatif, notamment pour contextualiser la situation de l’élevage caprin au niveau régional – et plus particulièrement dans la Loire et le Rhône. Ainsi, on recense 1 380 exploitations caprines sur le territoire, dont 1 000 fromagers et 380 livreurs. La partie livraison de lait représente par ailleurs 7 % de la collecte nationale. « Sans surprise, nous sommes plutôt un bassin fromager, réparti entre Drôme, Ardèche, Rhône, Loire et Isère », expliquait la conseillère du Rhône.

Dans la Loire, pas moins de 117 élevages de plus de 25 chèvres (dont 50 laitiers) sont recensés, pour un total de 14 530 chèvres. À titre de comparaison, dans le Rhône, on dénombre 124 élevages de plus de 25 chèvres (dont 30 laitiers) pour 13 337 chèvres. Si pour le Rhône, comme dans le nord de la Loire, tout est vendu à Agrial, la livraison dans la Loire se fait aussi à la laiterie de Saint-Just-en-Chevalet. Des éleveurs livrent également à des industriels (à Boën, mais aussi en Haute-Loire).

Accompagner les projets 

Depuis 2018/2019, un « frémissement d’augmentation du nombre d’installations dans le Rhône et dans la Loire » se fait ressentir, précisait la conseillère du Rhône. D’ajouter : « Nous avons affaire, soit à des gens qui s’installent, soit à des gens qui convertissent leur exploitation, en passant par exemple de bovins lait à caprins lait. » 

Pour apporter un accompagnement technique, les chambres d’agriculture, les contrôles laitiers, le GDS (Groupement de défense sanitaire) ou encore la coopérative peuvent conseiller les intéressés. « Avec Philippe Allaix (conseiller caprin/ovin de la Chambre d’agriculture de la Loire), nous participons au réseau national Inosys », poursuivait la conseillère. Ce dispositif de production de références technico-économiques permet de suivre une quarantaine de fermes dans la région. « Cela aide à capitaliser et à établir des références pour aider les jeunes qui souhaitent s’installer. Ceci en construisant des cas types, qui sont des fermes optimisées pour donner les éléments de références au moment de l’installation. L’important, c’est que ce soit vraiment adapté aux conditions de productions locales. »

Philippe Allaix présentait alors trois cas types caprins (voir encadré) du réseau régional Inosys – laitier et fromager.

Les conseils pour une bonne installation

Ces cas de figure ont permis d’apporter bon nombre d’indications pour gérer au mieux son exploitation, entre clefs de réussite et points de vigilance. Parmi les directions à prendre lors d’une installation dans un élevage caprin laitier, Philippe Allaix invitait à débuter avec des animaux de bon niveau génétique. Il conseillait par ailleurs d’avoir une certaine rigueur au niveau de l’élevage des chevrettes. Également, il orientait les intéressés à récolter des fourrages de qualité et à rechercher activement une autonomie alimentaire. Enfin, c’est aussi une rigueur technique – qu’il s’agisse de la surveillance, du suivi, du travail par lot ou encore de la réforme des improductives – qu’il faut entretenir.

Toutefois, le conseiller ligérien avertissait les jeunes présents sur les écueils à éviter en se focalisant sur trois axes, à savoir : maitriser les charges opérationnelles ; bien estimer le montant des investissements (bâtiments comme matériel) ; renouveler les prairies et la fertilisation pour assurer le rendement.

Concernant les fromagers fermiers, Philippe Allaix apportait un complément d’informations qui pourrait s’avérer utile aux futurs installés : prendre en compte le temps de travail et la main d’œuvre nécessaire ; estimer l’organisation des différentes tâches ; surveiller le niveau de valorisation (calculer son coût de revient pour adapter son prix de vente) ; et enfin, les investissements liés à la fromagerie.

Deux présentations – AOP Rigotte de Condrieu et Agrial – ont clos ce temps d’échange avant le départ de l’assemblée pour une visite au Gaec du Serpolet, à Doizieux, tenu par Bernard et Véronique Chomienne.

Axel Poulain