Journée technique
S’intéresser au réchauffement climatique, au sol et aux méteils

En amont de la journée technique intitulée « Sol et méteils : mes alliés face au réchauffement climatique », qui se déroulera jeudi 15 juin à Briennon, Nicolas Charretier et Bertrand Palais, tous les deux membres du bureau de la Chambre d’agriculture de la Loire, présentent la raison d’être d’un tel rendez-vous.

S’intéresser au réchauffement climatique, au sol et aux méteils
Nicolas Charretier (à gauche) et Bertrand Palais, membres du bureau de la Chambre d’agriculture de la Loire.

Le programme de la journée technique du 15 juin intutlée « Sol et méteils : mes alliés face au réchauffement climatique » est à consulter en cliquant ici.

Pourquoi la Chambre d’agriculture s’est-elle intéressée à l’adaptation de l’agriculture au changement climatique ?

Nicolas Charretier : « Depuis 2015, la Loire connait des sécheresses à répétition. Bien sûr, il y en avait auparavant, mais moins fréquentes et moins intenses. Cette situation nous avait conduits à entreprendre un travail sur l’adaptation de l’agriculture au changement climatique, qui s’appuie notamment sur le projet de recherche et développement AP3C (Adaptations des pratiques culturales au changement climatique dans le Massif central) et sur ClimFourEl (Adaptation des systèmes fourragers et d'élevage péri-méditerranéens aux changements et aléas climatiques). Notre travail départemental a abouti à un protocole signé par une large majorité d’organisations professionnelles agricoles lors d’une session extraordinaire de la Chambre d’agriculture à l’automne 2019. L’objectif était de sensibiliser les agriculteurs à la problématique du changement climatique. Mais le Covid est passé par là et a ralenti notre démarche. »

Bertrand Palais : « Malheureusement, pendant ce temps, les sécheresses n’ont pas épargné l’agriculture. Il nous faut donc tous ensemble poursuivre ce travail. »

Pourquoi les agriculteurs doivent-ils se saisir de ce sujet ?

BP : « Le changement climatique est à la fois intéressant et compliqué. Nous, agriculteurs, avons un défi : continuer à produire pour nourrir la population malgré les conditions climatiques. Le changement climatique est à la fois un défi et une motivation pour notre métier. Face au changement climatique, nous devons être opportunistes, dans le bon sens du terme : nous devons savoir tirer parti de chaque situation. Après une période de sécheresse estivale peut suivre un automne pluvieux, qui permettra de reconstituer des stocks de fourrages. Les aléas sont de plus en plus nombreux ; il faut donc sécuriser son système sans pour autant le figer. Chacun doit tenter des essais sur son exploitation. Quand ça ne marche pas, il ne faut pas baisser les bras et essayer autre chose. »

Pourquoi organiser une journée qui aborde à la fois le sol, le climat et le fourrage ?

BP : « La Loire est un département d’élevage. Notre agriculture repose donc sur le triptyque : sol - fourrage - climat. Le sol permet de produire l’alimentation pour les animaux et les productions végétales dépendent du climat. Il était donc logique d’imaginer une journée sur ces thèmes. Le Roannais était la zone toute trouvée, au cœur de la production de bovins allaitants et après être allés dans d’autres secteurs du département pour les journées sol précédentes. De plus en plus d’agriculteurs font des tests de cultures chez eux, notamment de méteils. Les comités de développement agricole aussi conduisent des réflexions sur ce sujet. Une telle journée est l’occasion de réaliser des essais et de présenter les résultats aux agriculteurs. »

NC : « La journée sol du 15 juin s’inscrit dans la continuité des journées techniques de ces dernières années, sur des thématiques différentes : eau, érosion et cultiver sans glyphosate. Nous sommes pleinement dans le rôle d’une Chambre d’agriculture de mettre en place des essais, de créer des références et de les diffuser au plus grand nombre d’agriculteurs. Avec les sécheresses successives, les prairies ont tendance à se dégrader. Un des buts de la journée est aussi d’aborder le sujet de l’amélioration de la productivité de ces prairies. »

Pourquoi s’intéresser au sol ?

NC : « Les agriculteurs font rarement des profils de leurs sols, donc ils ne savent pas forcément dans quel état ils sont : est-ce qu’il y a de la vie ? quelle est la capacité de stockage de l’eau ? Nous sommes un département d’élevage, mais les éleveurs ont tous des cultures. Nous ne faisons peut-être pas assez attention à nos sols et leur santé est difficile à appréhender. »

BP : « On n’a pas toujours conscience que le sol est un support pour nos activités agricoles. Quand il fonctionne bien, nous avons plus de chances d’avoir de meilleurs rendements. A l’inverse, même si la pluie est abondante, rien ne poussera sur un mauvais sol. Je pense qu’il fait partie des solutions pour que l’agriculture s’adapte au changement climatique. Mais les actions sont longues à porter leurs fruits, d’où l’intérêt de se préoccuper du sol et d’actionner les leviers le plus tôt possible. On peut aussi s’interroger sur la manière dont on traite nos sols, en particulier en matière de tassement avec nos engins. Une telle journée est l’occasion de, par exemple, se poser des questions sur les pneumatiques. »

Comment a été pensée cette journée dédiée au sol et aux méteils ?

NC : « En fait, cette journée est l’aboutissement de toute une démarche. Elle a demandé de l’anticipation. Depuis un an, les équipes de la Chambre d’agriculture et les comités de développement agricole travaillent sur ce projet. Ces derniers ont conduit des essais sur leur territoire, les ont suivis, ont proposé des réunions bout de champ pour présenter les résultats aux agriculteurs. Pour cette journée, il a fallu trouver les thématiques, les essais à conduire, les exploitations support, implanter les cultures…, mais aussi joindre des intervenants. Même si les équipes de la Chambre d’agriculture sont tout à fait compétentes pour animer une telle journée, le choix a été fait d’inviter des intervenants extérieurs pour apporter des éléments complémentaires et une vision autre, mais aussi assurer des échanges différents avec les agriculteurs. 

BP : « C’est important d’avoir des exploitations supports, qui jouent le jeu pour accueillir les essais et la journée, et qui investissent du temps pour le collectif. Merci au notamment au Gaec de la Teyssonne pour avoir accepté que la journée se déroule sur son exploitation. »

Que peut apporter cette journée aux agriculteurs qui s’y rendront ?

BP : « Cette journée doit permettre aux agriculteurs de se poser les bonnes questions dans l’objectif de réussir leurs productions fourragères. La journée n’apportera pas forcément une réponse à chaque question. C’est ensuite à chacun de se questionner et de trouver sa propre solution pour son exploitation. Cette journée permet d’échanger avec les techniciens, mais aussi avec les autres agriculteurs présents. »

NC : « Il y a encore quelques semaines, nous craignions une nouvelle sécheresse. La pluie est tombée ; les inquiétudes s’éloignent. Ce n’est pas pour autant que les agriculteurs doivent relâcher leurs efforts en matière de conduite des cultures ou de qualité du fourrage. Je les invite donc à participer à ce rendez-vous. Le membre de bureau de la Chambre d’agriculture que je suis souhaite que cette journée soit optimiste. Nous devons apporter des solutions, mais de manière positive. C’est inutile de se lamenter sur le changement climatique car il existe des solutions. Elles ne seront pas les mêmes pour tous dans le département. Il revient donc aux agriculteurs de s’informer et d’essayer. Cet événement est ouvert à tous. Le programme est prévu sur toute la journée. Nous avons bien conscience qu’à cette période de l’année les agriculteurs sont bien occupés et qu’il est compliqué pour certains de se libérer. Un agriculteur qui restera toute la journée aura toutes les informations. Celui qui aura moins de temps pourra venir un petit moment, selon ses centres d’intérêts. »

 

Propos recueillis par Lucie Grolleau Frécon