Agriculteurs de la Loire
Objectif : participer au blocage des axes routiers vers Lyon

Asphyxier Lyon. C’était l’objectif des agriculteurs ligériens partis à l’assaut de la capitale des Gaules hier en fin de journée. Certains y ont passé la nuit, d’autres ont pris le relais ce matin. Explications avec Jérémy Louat, responsable cantonal chez Jeunes agriculteurs Loire, et Nicolas Lenoir, président départemental.

Objectif : participer au blocage des axes routiers vers Lyon
Des agriculteurs du sud du département de la Loire sont à Pierre-Bénite pour bloquer un des axes routiers conduisant à Lyon.

Jérémy Louat est vice-président des Jeunes agriculteurs du canton de la vallée du Gier. Comme certains de ses collègues, en fin de journée mardi 30 janvier, l’exploitant s’est rendu à Pierre-Bénite pour bloquer l’autoroute menant à Lyon. « Un convoi est parti à 19 heures de La Fouillouse. Avec les agriculteurs du Gier, on les a rejoints au pied de la vallée. » Les manifestants sont arrivés aux alentours de 21h30 sur le point de blocage, au niveau de l’autoroute A7-M7. « Les collègues du Rhône étaient contents de nous voir arriver, on était peut-être 25. C’est une action qui nous concerne tous », lance Jérémy Louat.

Bien déterminé à poursuivre le blocage pour se faire entendre, le jeune homme a dormi dans son tracteur. « Certains sont partis se coucher tôt et sont revenus à trois heures, d’autres ont fait l’inverse », relate-t-il. Le but ? Ne pas lâcher la pression, qu’il y ait du monde en permanence.

Jérémy Louat travaille en Gaec avec son père. Ce dernier est venu le remplacer ce jeudi matin. « Je rentre avec la voiture pour m’occuper des tâches de l’après-midi sur l’exploitation, notamment la traite », explique l’agriculteur, exploitant en vaches laitières. Si les mobilisations commencent à peser, il est, pour l’heure, hors de question de faire machine arrière. « On attend les annonces du Premier ministre et elles ont intérêt à être bonnes », avertit-il, prévoyant déjà d’être présent sur le blocage jusqu’à jeudi soir.

Bloquer les accès à Lyon

Solidaires, les agriculteurs du Rhône, de la Loire et de l’Ain ont bloqué les trois axes principaux menant à Lyon. Alors qu’il s’apprête à retourner manifester. Jérémy Louat le sait, la nuit va être longue. Le président des Jeunes agriculteurs de la Loire, Nicolas Lenoir, le confirme : « L’objectif est de tenir jusqu’à jeudi soir, voir vendredi. Tout dépendra des annonces faites par le gouvernement. L’objectif est de paralyser Lyon en bloquant les principales voies d’accès. »

Les agriculteurs de la Loire présents à Pierre-Bénite devraient revenir aux portes de la Loire, au niveau de Givors, ce mercredi soir. Ceux partis de Mably mardi soir ont rallié La Tour-de-Salvagny, dans le Rhône, par l’A89. Ils étaient même prêts à aller plus loin… La FDSEA et les JA ont en charge la logistique de ce point de blocage et le renouvellement des troupes. Une trentaine de tracteurs sont présents sur place. Les tours de garde s’organisent donc depuis 24 heures maintenant et devraient se poursuivre pour encore 24 à 48 heures.

Nicolas Lenoir a rejoint ses collègues en ce début d’après-midi et devrait rester sur place jusqu’à demain, en milieu de journée. Ces derniers jours, entre le travail de la ferme, la famille, le téléphone qui sonne sans cesse et les visio avec le réseau, il a quand même réussi à s’organiser pour être présent aux différents points de rassemblement.

Des revendications, pas d’annonces satisfaisantes

A la question « Que pensez-vous des annonces de Gabriel Attal », Nicolas Lenoir répond du tac au tac : « Il n’a pas fait d’annonce ! » Et de poursuivre : « Nous ne pouvons pas nous contenter de cela. Nous attendons du concret, notamment sur l’élevage. » Bien sûr, il y a eu des annonces sur la MHE, mais « il faut aller plus loin. Le paiement des aides Pac avant le 15 mars, c’est bien, mais c’est un dû. L’Etat doit aller plus vite. » Quant à Egalim, « il ne faut pas s’arrêter aux contrôles. Tout doit être fait pour que la grande distribution ne contourne pas la loi. » Sur ces revendications, JA et FDSEA sont sur la même longueur d’ondes. « Nous demandons en plus que les prêts bonifiés soient remis en place, poursuit le président Loire des Jeunes agriculteurs. Avec les taux actuels, c’est compliqué pour les jeunes de s’installer. Le renouvellement des générations en agriculture s’en trouve impacté. »

 

Alexandra Pacrot et Lucie Grolleau Frécon