Elevage
Race Aubrac : deux veaux de la Loire à la station d’évaluation

Chaque année, la station de la Borie de l’Aubrac, située dans l’Aveyron, évalue sur performances propres 140 mâles de race Aubrac. Outil de pilotage de la race, elle constitue une source de reproducteurs mâles et donc de diffusion de haute génétique.

Race Aubrac : deux veaux de la Loire à la station d’évaluation
La race Aubrac gagne du terrain sur le territoire français. C’est également le cas dans la Loire, où les effectifs sont en croissance ces dernières années.

Les effectifs d’animaux de race Aubrac progressent dans le département de la Loire. « Ils connaissent actuellement une croissance à deux chiffres », indique Jean-Pierre Monier, technicien à la Chambre d’agriculture de la Loire en charge de l’animation de l’association Loire Rhône Aubrac. « La Loire est proche du berceau d’origine de la race, le plateau de l’Aubrac, argumente Marion Vernoux, responsable de la communication pour l’Union et l’Upra aubrac. L’Aubrac est une bonne alternative à l’élevage laitier ou à d’autres races allaitantes. Elle s’élève très bien dans des territoires plus difficiles que la Loire, donc elle ne peut que s’adapter à la Loire. » Autres raisons évoquées par Marion Vernoux pour lesquelles les éleveurs de la Loire se tournent vers la race Aubrac : l’argument économique et la facilité de travail. « La vache aubrac se contente de nourriture grossière. Elle n’a pas besoin de concentrés. Les éleveurs ont peu de frais vétérinaires, notamment au moment du vêlage. La race Aubrac est rentable dans les territoires difficiles, elle l’est encore plus dans des territoires plus faciles.»

Les objectifs de sélection de l’Upra sont simples : « conserver la race avec ses caractéristiques acquises historiquement dans le berceau d’origine » : rusticité, facilités de reproduction, longévité, qualités maternelles.

Choix des mâles à l’entrée

La station d’évaluation de la race, appelée station de la Borie de l’Aubrac, située à Saint-Chély d’Aubrac (Aveyron), est gérée par l’Upra. « Elle a un rôle clé dans le schéma de sélection de la race Aubrac. Y sont admis les animaux qui correspondent à l’idéal d’un animal de race Aubrac. Sont sélectionnés les meilleurs animaux dans les élevages adhérant à l’Union, puis les meilleurs des meilleurs sont retenus dans le but de commercialiser des reproducteurs ayant des garanties génétiques et sanitaires. Ces mâles sont utilisés pour améliorer les troupeaux. » 

Pour cela, l’Union aubrac envoie un courrier à l’ensemble de ses adhérents listant les mâles pré-sélectionnés dans leur troupeau. Le choix du ou des animaux dans chaque élevage se fait en général en concertation entre l’éleveur et le technicien.

Deux bandes de 70 mâles sont testées chaque année. L’entrée en station se fait à deux semaines d’intervalle, en octobre (entre 8 et 10 mois d’âge des veaux). Des animaux peuvent être éliminés en cours de route, pour un défaut d’aplombs ou pour un problème de caractère

Données recueillies

Le contrôle se fait sur une période de 5 mois, le premier mois étant assimilé à une phase d’adaptation pour gommer l’effet d’élevage. Les mâles sont pesés une fois par mois pour déterminer le GMQ (Gain moyen quotidien) et pointés pour avoir une appréciation morphologique. Un index de synthèse morphologie croissance est calculé (IMOCRste) sur la base de ces données : potentiel de croissance (du veau et de ses parents), développements musculaire et squelettique (du veau et de ses parents), qualités de race et aptitudes fonctionnelles (du veau et de ses parents). Les animaux peuvent alors être classés, en intégrant également la facilité de naissance et la pelvimétrie.

Deux ou trois taureaux parmi les meilleurs de chaque bande sont retenus pour devenir de futurs taureaux d’insémination. « Tous les taureaux d’IA en race Aubrac sont issus de la station. » Puis, les 35 meilleurs mâles sont proposés à la vente aux enchères. Les autres (une quinzaine) sont également proposés à la vente, mais à l’amiable. En mars, des portes ouvertes sont organisées en amont des ventes aux enchères, qui se déroulent en général le samedi. Les portes ouvertes sont aussi synonymes de vente amiable. C’est l’Upra qui vend les mâles pour le compte des éleveurs. Un quart des veaux vendus le sont à des éleveurs hors du berceau de la race.

Deux mâles ligériens sortent du lot

Aurélie Côte et Fabrice Pardin (Gaec Côte-Pardin), installés à Saint-Marcel-de-Félines, ont sélectionné, à l’automne dernier, deux mâles pour la station d’évaluation de la race Aubrac, qui se sont particulièrement bien illustrés. Le mâle nommé Revelli a été classé troisième de la bande 2 parmi les mâles retenus pour la vente aux enchères. Il est issu d’une mère ayant la meilleure qualification possible en race Aubrac. Le second, Rocheteau, de la bande 1, est issu d’un père reconnu au niveau de la race. Il s’est classé 13è de la bande. « Nous ne nous attendions pas à ce que nos animaux sortent aussi bien», avouent Aurélie et Fabrice. Présentation de l’élevage et des motivations pour prendre part à cet outil de sélection à découvrir dans l’édition papier du 28 mai de Paysans de la Loire.

 

Lucie Grolleau Frécon

 

Union et Upra : quelle différence ?

Créée en 1996 (association Loi 1901), l’Upra Aubrac réunit l’ensemble des organismes intéressés par la sélection, la promotion et la diffusion de la race Aubrac : Union aubrac (herd book de la race, lire plus loin), les coopératives d’insémination (production de semence et mise en place), les organisations de producteurs, le négoce, les établissements de l’élevage et les filières qualité. L’Upra aubrac a été reconnue Organisme de sélection (OS) de la race en 2008.

L'Union aubrac est le herd book de la race bovine Aubrac. Il s’agit d’une association Loi 1901, à laquelle adhèrent plus de 600 éleveurs. Elle assure, par délégation de l’Upra aubrac la tenue du livre généalogique et le recueil de la morphologie adulte. L’Union aubrac constitue le membre le plus important en termes de nombre de voix de l’Upra Aubrac.

Les éleveurs adhèrent à l’Union aubrac « tout d’abord parce qu’ils apprécient le passage d’un technicien qui les conseille sur la morphologie des animaux, le tri des animaux à mettre à la reproduction, les accouplements, leur système d’élevage, rapporte la responsable de la communication pour l’Union et l’Upra aubrac, Marion Vernoux. C’est complémentaire de ce que peut apporter la Chambre d’agriculture», par exemple avec le contrôle de performances. Les éleveurs rejoignent aussi l’Union « pour participer à un élan collectif, lors de grands rassemblements que sont le Salon de l’agriculture, le Sommet de l’élevage, le concours national, mais aussi lors de concours plus locaux » (concours départemental par exemple). Ils y viennent également « pour valoriser la génétique de leur troupeau grâce à la certification officielle », qui apporte une « fiabilité » lors de la vente d’animaux reproducteurs. Pour Marion Vernoux, « ce sont les éleveurs adhérant à l’Union qui portent la race dans leur département. Ils jouent un rôle d’expansion de la race. »