Accès au contenu
Mobilisations agricoles

Colère des agriculteurs ligériens à Saint-Étienne : « On ne lâchera rien ! »

Face à une accumulation de dossiers qui plombent le moral des exploitants — DNC, loup, zones protégées, nitrates, gestion de l’eau — une centaine d’agriculteurs ont manifesté vendredi 7 novembre à Saint-Étienne, à l’appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs de la Loire. 

Par Alexandra Blanchard-Pacrot
Colère des agriculteurs ligériens à Saint-Étienne : « On ne lâchera rien ! »
Une centaine d’agriculteurs des syndicats FDSEA et JA Loire se sont regroupés devant la préfecture de la Loire ce vendredi 7 novembre. ©ABP

Vendredi 7 novembre, une vingtaine de tracteurs se regroupent devant le stade Geoffroy-Guichard. Une centaine d’agriculteurs ont répondu à l’appel à la mobilisation lancé par le syndicalisme majoritaire (FDSEA et Jeunes agriculteurs de la Loire). Un mouvement départemental, confirme Jean-Luc Perrin, président de la FDSEA de la Loire. Avec un mot d’ordre : ne pas tout casser mais se faire entendre sur des sujets départementaux qui pèsent lourdement sur le moral des exploitants : la Dermatose nodulaire contagieuse (DNC), les nouvelles zones protégées dans le Roannais et le Pilat, la redéfinition des zones nitrates, l’installation du loup dans la Loire et la gestion de l’eau. Autant de sujets houleux, qu’alimentent aussi les accords du Mercosur. 


Abonnez-vous à Paysans de la Loire


Mathieu Vassel, président de Jeunes agriculteurs Loire, s’est voulu extrêmement clair au moment de motiver les troupes en fin de matinée : « Si on n’est pas entendu, si ce n’est pas un “non” clair sur tous ces sujets, on reviendra ! Nous ne lâcherons rien ! » Peu avant midi, le cortège remonte le boulevard Jules-Janin au son des klaxons avant de s’immobiliser à quelques pas de la préfecture. S’organise alors un ballet de bennes qui viennent déverser branches, branchages, herbe coupée et fumier aux portes des représentants de l’Etat... La préfète de la Loire, Muriel Nguyen, le directeur de la DDPP (Direction départementale de la protection des populations), Sébastien Viennot, et celui de la DDT (Direction départementale des territoires), Pierre Capridenc, sont attendus de pied ferme par les manifestants qui s’impatientent face à leur absence. « Nous étions sur le terrain, à Chavanay, pour faire le point sur l’état des routes et du pont détruits l’an passé par les innondations », détaille la préfète à son arrivée. 

Exaspération 

Les discours s’enchaînent. Jean-Luc Perrin et Mathieu Vassel n’ont de cesse de rappeler que si les troupes sont calmes pour l’heure, une absence de réaction concrète pourrait les faire basculer. Un avis qu’image Hervé Nantas, agriculteur de Saint-Chamond. Alors qu’il prend la parole, il est exaspéré. « On en a ras-le-bol ! Nos bâtiments sont pleins. On va vous amener les veaux ici, vous ferez le boulot ! Nous on fait déjà 75, 80 heures par semaine. C’est sûr, quand on est dans un bureau, ce n’est pas pareil que quand on est dans les fermes ! » tonne-t-il. L’approbation est générale. 


Lire aussi : Tous nos articles sur les mobilisations agricoles sont à retrouver ici 


Un autre exploitant abonde. « Si on n’est pas entendus, bien sûr qu’on reviendra. Mais on se le demande aujourd’hui : qu’est-ce qu’il faut faire pour qu’on le soit ? Nos dirigeants nous demandent d’être respectueux, de ne rien casser... » Il laisse la phrase en suspens ; l’assemblée comprend : pour qu’on soit entendu, il faut tout casser. Muriel Nguyen salue d’ailleurs le respect des manifestants pour les biens et les personnes. Un jeune exploitant dans la foule laisse alors éclater sa colère. « Les préfets, on les voit défiler tous les trois ans, ils tournent. Mais nous... Nous on fait carrière ici ! Les décisions que vous prenez peuvent nous impacter toute notre vie ! » 

Maxime Brun, secrétaire général de la FDSEA soutient : « Au cours des discussions aujourd’hui, on a beaucoup parlé des problèmes de lenteur de l’administration. Mais moi, j’aimerais parler de son problème de mémoire. Il y a presque deux ans, quand on est venu ici, on a eu quelques avancées. Vous pensiez que le feu était éteint. Aujourd’hui, vous ne faites qu’en raviver les braises. » Christelle Seyssiecq, qui occupe la même fonction pour Jeunes agriculteurs Loire complète : « On voit dans d’autres départements qu’avec la volonté d’avancer, eh bien, ils avancent ! Pourquoi on n’y arrive pas, nous ? »

Lassitude

Si le soleil automnale réchauffe les corps en ce milieu de journée, c’est plutôt la situation qui échauffe les esprits. « On en a marre, on veut des vrais signaux. On pratique un métier qu’on aime et il est sali ! Nous ne demandons pas à ce qu’on nous fasse rêver, on veut la réalité et qu’on acte des choses. Nous avons deux projets de retenues d’eau qui n’aboutissent pas depuis des années. Je vous le dis clairement : je veux que, d’ici la fin d’année, nous ayons le feu vert pour les lancer », tempête Mathieu Vassel. Encadrée des directeurs de la DDPP et de la DDT, Muriel Nguyen prend des notes. « Madame la préfète, face à vous aujourd’hui, il y a un public très jeune, qui veut y croire. Mais avec les conditions qui sont les nôtres actuellement, ils se posent beaucoup de questions. Et nous, nous battons tous les jours pour qu’ils aient, pour que nous ayons, encore envie d’y croire », conclut Jean-Luc Perrin.