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Sanitaire

DNC : respecter les règles et se serrer les coudes pour endiguer la maladie

À la suite de la confirmation d’un cas de Dermatose nodulaire contagieuse (DNC) à Saint-Laurent-de-Chamousset, dans le Rhône, les autorités et la profession agricole se mobilisent pour mettre en œuvre les mesures réglementaires, accompagner les éleveurs et répondre à leurs interrogation. La Chambre d’agriculture de la Loire appelle à l’unité et à la rigueur pour enrayer l’épidémie.

Par Lucie Grolleau-Frécon
DNC : respecter les règles et se serrer les coudes pour endiguer la maladie
L'arrêté préfectoral du vendredi 19 septembre concernant la DNC instaure des zones réglementées concernant la quasi totalité de la Loire et interdit tout déplacement de bovins. Crédit : AdobeStock

« Notre objectif principal est d’endiguer la maladie » : c’est en ces termes que Rémi Jousserand, président de la Chambre d’agriculture de la Loire, commençait la visioconférence organisée vendredi soir avec les responsables des organisations professionnelles du département. Elle faisait suite à la confirmation du cas de Dermatose nodulaire contagieuse  le matin même dans le Rhône, à Saint-Laurent-de-Chamousset, ainsi qu’à l’installation de la cellule de crise en milieu de journée et aux multiples rencontres faites toute la journée : profession, DGAL, préfecture, GDS, syndicats agricoles.

« Il était important de nous réunir afin de nous préparer ensemble à relever les nombreux défis qui nous attendent : sanitaire, techniques, financiers, poursuivait Rémi Jouserand. Les prochaines heures et les prochains jours vont être préoccupants. Ne cédons pas au pessimisme. J’espère que l’élevage ligérien ne paiera pas les conséquences du non respect des règles. Nous devons être intransigeants : les mouvements d’animaux doivent stopper. Je ne cautionnerai pas les dérapages individuels. » Et d’insister : « Je souhaite gérer la crise plutôt que les polémiques. » Le président de la Chambre d’agriculture assurait que « nous ferons tout pour sortir la tête haute de cette situation. Nous devons nous serrer les coudes et jouer collectif. Il n’y a pas d’autres solutions. » 

Plus concrètement, l’arrêté préfectoral pris vendredi après-midi définit les zones réglementées et régit les règles à respecter. Le directeur de la DDPP, Pierre Cabridenc, rappelait que le foyer de DNC étant à Saint-Laurent-de-Chamousset, dans le Rhône mais à la frontière avec la Loire, « notre département est fortement impacté par la zone réglementée ». La liste des communes et la carte sont à retrouver ici.

Les mouvements des bovins interdits

Aussi, une zone de protection est instaurée dans un rayon de 20 km autour du foyer et une zone de surveillance dans un périmètre de 50 km. « Tous les mouvements de bovins y sont interdits, tout comme les rassemblements d’animaux, expliquait le représentant de l’État. » Certains mouvements sont tolérés dans la zone, mais ils doivent faire l’objet d’une dérogation accordée par la DDPP. Elle seule est en mesure d’apprécier dans quelles conditions peuvent se faire les déplacements. 

Les mouvements vers les abattoirs sont autorisés au sein de la zone, sous laisser-passer. Les animaux peuvent entrer dans la zone réglementée en direction de l’abattoir. Ludovic Paccard, directeur de Sicarev, expliquait que l’organisation des outils d’abattage a été modifiée de manière à traiter séparément les animaux venant de zones différentes. Il prévenait : « Il y aura forcément des files d’attentes pour accéder à l’abattoir et pour laver les camions et bétaillères. Les gens devront comprendre que la situation doit être gérée dans le calme. »

Arrêté préfectoral du 19 septembre 2025

L’arrêté préfectoral précise toutes les mesures déployées dans la zone réglementée : recensement, mesures de biosécurité, mesures de surveillance en élevage, mouvements des bovins, sous-produits des animaux, alimentation animale, liste des communes en zone de protection et de surveillance.

Il est à consulter ici.

Adrien Sperry, sous-préfet directeur de cabinet du préfet de la Loire, annonçait que « les forces de police et de gendarmerie sont en alerte pour mettre en place des contrôles » afin de vérifier qu’aucun mouvement d’animaux n’est effectué. « Ces contrôles se veulent fermes et pas du tout pédagogiques. Ils commenceront ce week-end et se poursuivront ensuite. » Des moyens aériens ont été obtenus pour détecter toute bétaillère qui ne respecterait pas la réglementation. Ils ont été présentés à la presse samedi après-midi dans le secteur de Montrond-les-Bains. Les habitants ont pu découvrir dans le ciel l'hélicoptère.

Des visites sanitaires dans les élevages

Dans la zone de protection, « tous les élevages feront l’objet d’une visite sanitaire par le vétérinaire de l’exploitation », indiquait le directeur de la DDPP. La coordination de ces visites a commencé dès vendredi après-midi et elles devaient débuter dans le week-end. « Les élevages des communes en zone de surveillance ne seront pas systématiquement visitées. Cependant, un échantillonnage sera réalisé à partir d’une étude de risques. »

La zone réglementée relative au cas du Rhône est contiguë à celle des cas des Savoie et de l’Ain. « La DGAL a décidé de ne pas fusionner ces deux périmètres dans l’objectif de lever les restrictions de la première zone au plus tôt », dans le respect du calendrier réglementaire s’il aucun cas de DNC n’est décelé.

300 000 bovins à vacciner

En complément de ces mesures, la vaccination de tous les bovins de la zone réglementée va se mettre en place. « Elle pourrait commencer dès la semaine prochaine, annonçait Pierre Cabridenc. La DGAL assure que le nombre de doses est suffisant pour l’ensemble des animaux présents dans la zone. Dans la Loire, nous avons plus de 300 000 bovins à vacciner et 80 000 dans le Rhône. » Il insistait sur la nécessité d’avoir un taux de vaccination le plus élevé possible. « Nous avons l’ambition d’être rapides et efficaces, et d’accompagner les vétérinaires et les éleveurs », ajoutait Rémi Jousserand.

Bertrand Escot, président de la FDCuma, expliquait que les couloirs et les parcs de contention prêtés aux éleveurs des Savoie ont été rapatriés dans la Loire et pourront être utilisés pour la vaccination. De plus, « la FDCuma se tient à la disposition de la profession su besoin. » Le président d ela Chambre d'agriculture précisait que les départements de Haute-Loire et du Puy-de-Dôme ont été sollicités pour des prêts de matériels de contention.

Avoir une communication unifiée

Le président de la Chambre d’agriculture estime que l’un des défis réside dans le fait d’avoir « une communication claire afin de stopper la circulation des mauvaises informations ». Pour cela, « il est important que l’ensemble des personnes intervenant dans les élevages ait le même niveau d’information et le même discours ». Il indiquait que les éleveurs peuvent se référer au site internet du GDS, qui est régulièrement mis à jour. Des SMS ont été envoyés samedi aux éleveurs pour les informer de la situation. Des réunions d’information à leur destination devraient se tenir dans les prochains jours. « Elles devraient contribuer à faire retomber la pression. Les aspects humains ne doivent pas être négligés. »

Nombreuses questions

Même si l’arrêté préfectoral fixe un cadre, de nombreuses questions sont encore en suspens. « Les sujets et les problématiques tombent les uns après les autres. Nous faisons tout pour avoir une bonne coordination entre les acteurs et pour apporter des réponses aux interrogations. » Le directeur de la DDPP expliquait par exemple que les investigations se poursuivent pour connaître la raison du cas de DNC à Saint-Laurent-de-Chamousset. « Plusieurs pistes sont suivies. »

Parmi les nombreux sujets de préoccupation figurent l’arrêt de la collecte des veaux laitiers, les vêlages dans les élevages allaitants, l’interdiction d’épandage des lisiers et fumiers, l’accueil du public dans les fermes (points de vente, ferme pédagogique) ou encore nettoyage des cabines des camions entrant dans les fermes. L’objectif est d’avoir des mesures harmonisées avec le Rhône et inspirées de celles instaurées en Savoie. Rémi Jousserand insistait sur la nécessité de respecter les règles de biosécurité dans les élevages. 

Il a été rappelé que la DNC n’est pas transmissible aux autres espèces animales et à l’homme. Les ovins et les caprins n’ont donc pas besoin de justificatif pour leurs déplacements. Quant aux chevaux « ils ne sont pas porteurs, mais il n’est pas exclu qu’ils puissent transporter les vecteurs de la maladie [insectes hématophages = mouches piqueuses ou taons qui se nourrissent du sang des bovins, NDLR]», indiquait le directeur de la DDPP. Leurs propriétaires sont encouragés à limiter le déplacement de ces animaux et à les désinsectiser.

Notez qu’une foire aux questions est consultable sur le site internet du ministère de l'Agriculture (à consulter ici).