Octobre rose, trente jours pour sensibiliser et agir contre le cancer du sein
En France, une femme sur huit est touchée par le cancer du sein. Si elle est détectée à temps, cette maladie se guérit dans 90 % des cas. Pour sensibiliser au dépistage, un mouvement est né aux États-Unis dans les années 1990 : Octobre rose.

Chaque année, les vitrines, les mairies, les monuments et même les champs s’habillent de rose. Octobre n’est plus seulement synonyme d’automne : depuis plus de trente ans, il est le mois de la mobilisation mondiale contre le cancer du sein. L’initiative, née aux États-Unis, s’est transformée en un mouvement planétaire, porté par des associations, des chercheurs, des collectivités et des milliers de bénévoles. Mais d’où vient ce ruban rose devenu symbole universel de la lutte ?
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Le point de départ remonte à 1992. Cette année-là, la directrice du magazine Self, Alexandra Penney, et l’entreprise Estée Lauder lancent une campagne de sensibilisation en distribuant des rubans roses dans les grands magasins de New York. L’idée était simple : rendre visible la cause, attirer l’attention des médias et rappeler l’importance du dépistage. Très vite, le ruban rose s’impose comme emblème d’une lutte encore largement entourée de tabous.
Le choix de la couleur n’est pas anodin. Le rose évoque la féminité, la douceur et la solidarité. Là où le rouge avait été adopté pour la lutte contre le sida, le rose allait devenir la bannière d’une mobilisation féminine et collective. Dès les années 1990, de grandes entreprises, des célébrités et des institutions s’emparent de cette symbolique, assurant à Octobre rose une visibilité sans précédent.
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En quelques années, la campagne dépasse les frontières américaines. En 1994, la France lance sa propre version grâce à l’association Le Cancer du sein, parlons-en !, fondée par le groupe Estée Lauder France et le magazine Marie Claire. Depuis, chaque automne, le pays se pare de rose : illuminations de la Tour Eiffel (depuis 2014), courses solidaires, collectes de fonds, expositions ou conférences. L’objectif reste le même : informer, dépister, soutenir la recherche.
Aujourd’hui, Octobre rose est célébré dans plus de 70 pays. Les monuments emblématiques – de l’Empire State Building (États-Unis) à la Porte de Brandebourg (Allemagne) – se teintent de rose pour rappeler l’ampleur du combat. Partout, associations, hôpitaux et collectivités multiplient les initiatives pour sensibiliser et lever des fonds.
Un enjeu de santé publique
Si la mobilisation prend une telle ampleur, c’est que le cancer du sein reste le cancer le plus fréquent chez la femme. En France, on estime à 61 000 le nombre de nouveaux cas chaque année, et près de 12 000 décès. Le dépistage précoce est un levier majeur : détecté à un stade initial, le cancer du sein se guérit dans 9 cas sur 10. D’où l’importance de rappeler régulièrement aux femmes de 50 à 74 ans l’existence du dépistage organisé gratuitement, mais aussi de sensibiliser les plus jeunes à l’auto-surveillance et aux consultations médicales régulières.
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La campagne repose sur un tissu dense d’acteurs. Les associations de patients et de proches, comme la Ligue contre le cancer, sont en première ligne. Elles organisent événements sportifs, ventes solidaires et campagnes d’information. Les professionnels de santé – médecins, infirmiers, radiologues – relaient le message auprès de leurs patientes. La caisse de MSA (Mutualité sociale agricole) Ardèche-Drôme-Loire organise aussi des opérations ponctuelles sur son territoire. Les entreprises s’impliquent également, à travers des collectes ou des dons reversés à la recherche. Enfin, les collectivités locales jouent un rôle majeur : nombre de mairies, Départements ou Régions participent aux animations et financent des actions locales.
Cette multiplicité d’acteurs est la force d’Octobre rose : chacun peut s’approprier la campagne, qu’il s’agisse de courir quelques kilomètres en tee-shirt rose ou de participer à une conférence publique.
Une mobilisation qui se renouvelle
Au fil des ans, Octobre rose a su se réinventer pour toucher un public plus large. Les campagnes ne se contentent plus d’afficher un ruban : elles proposent des témoignages de femmes, mettent en avant les progrès de la recherche, parlent aussi de reconstruction après la maladie. Les réseaux sociaux jouent désormais un rôle central, permettant de relayer les initiatives locales et de partager des histoires personnelles, rendant le message plus incarné.
Certaines critiques pointent toutefois le risque de « pinkwashing », lorsque des marques utilisent le ruban rose davantage pour leur image que pour financer la recherche. Mais la vigilance des associations et la transparence des dons tendent à limiter ces dérives.
Trente ans après sa création, Octobre rose reste un rendez-vous incontournable. Plus qu’une simple campagne de communication, c’est un temps fort de solidarité et de partage, où la couleur rose devient synonyme d’espoir. Il rappelle que la lutte contre le cancer du sein ne se gagne pas en un mois, mais qu’elle nécessite un engagement permanent, scientifique, médical et humain.
Les actions menées dans la Loire
Si La Ligue contre le cancer est une association nationale, elle se décline à l’échelle de chaque département. Le comité ligérien, bien qu’il soit actif toute l’année, se mobilise plus largement à l’occasion d’Octobre rose. « Il faut sensibiliser le public à l’importance du dépistage », insiste Nelly Julliard, chargée de communication pour l’association.
Pour cela, plusieurs actions seront menées tout au long du mois d’octobre. « Elles nous permettent de diffuser de l’information et de récolter des fonds pour financer nos missions toute l’année (prévention ; accompagnement des personnes malades et de leurs proches pour mieux vivre les traitements ; financement de la recherche ; accès aux soins et aux médicaments). » Différentes marches sont organisées (la liste est à retrouver sur le site de la Ligue contre le cancer) avec la 7e édition de la Sainté Rose le 5 octobre, mais aussi la 3e édition des Vignes en Rose à Chavanay le 12 octobre. Différentes animations sportives (yoga, zumba, pétanque, tournoi de football ou de handball...) devraient allier transmission d’informations et activité sympa.
Pour ceux qui craignent les caprices météo, un spectacle de danse et de chant sera proposé au cinéma Le Quarto à Unieux le 8 novembre. Et pour celles qui veulent se retrouver entre filles tout en soutenant la recherche contre le cancer, La Nuit en rose, soirée 100% féminine, est prévue le vendredi 10 octobre à La Fouillouse.
La Ligue contre le cancer se déplace aussi au sein des entreprises, dans les écoles et sur les lieux de santé (hôpitaux, maisons de santé et pharmacies) toujours dans ce même but, détecter un cancer le plus tôt possible pour optimiser les chances de guérison.