Divertissement

Loisirs créatifs, la tendance pour petits et grands

Souvent en dents de scie, l’intérêt pour les loisirs créatifs a grimpé en flèche depuis quelques années. Plus précisément, depuis la pandémie de Covid-19 et les confinements qui en ont découlé. Si l’écran était souvent la solution pour contrecarrer l’ennui, d’autres ont préféré avoir recours à ces activités plus diverses et variées les unes que les autres. Consciente du contexte, la psychothérapeute et auteure Françoise Dom explique : « Nous vivons une époque dématérialisée où le virtuel nous accapare de plus en plus et où le temps est morcelé. Nous nous éparpillons entre mille et une tâches. Pratiquer un loisir créatif, c’est se mettre sur “pause”, se recentrer, sur une activité concrète et plaisante, rien que pour soi. »

Faisant appel, comme leur nom l’indique, à la créativité et à l’expression personnelle pour la fabrication artisanale d’objets, les loisirs créatifs renvoient à l’utilisation de matériaux et de techniques multiples : couture, assemblage de papier, décoration, photographie, bricolage, etc. Si leur nombre peut s’étirer pratiquement jusqu’à l’infini, au même titre que ses bienfaits, c’est bien parce qu’ils peuvent s’adresser à tous. Justement, sa diversification a bien été l’un des éléments déclencheurs de son expansion fulgurante. Auparavant destiné aux seniors ou à un public plutôt restreint, avec des activités limitées (cours de macramé, peinture et poterie), les loisirs créatifs savent aujourd’hui séduire toutes tranches d’âges et englober d’autres domaines. Aussi, ces activités se sont progressivement masculinisées, à tel point que nombreux sont désormais les représentants du genre à s’adonner au tricot, par exemple.

D’après une étude OpinionWay menée dans le cadre du salon parisien Créations et savoir-faire, 53 % des Français se disaient créatifs et 93 % considéraient les loisirs créatifs comme source de bien-être. Quant au budget annuel dépensé par les amateurs, il avoisine les 500 euros en moyenne. Des proportions qui en disent long sur l’intérêt accordé à cette discipline.

Le Do it yourself

Les loisirs créatifs sont très souvent reliés à un mouvement qui ”cartonne” : le « Do it yourself » (DIY), traduisez « Faites-le vous-même ». Autrement dit, le concept oriente vers des réalisations manuelles.  Pour remonter à ses origines, c’est en 1968 que Stewart Brand, membre de la communauté hippie de Bay Aera, créa le Whole Earth Catalog, premier journal de DIY, dans lequel se mélangeaient des conseils pratiques en tous genres.  Ce lancement a marqué un acte déterminant pour la culture hippie, en sortant des circuits classiques de l’information commerciale et de l’industrie.

Aujourd’hui intergénérationnel, le concept de DIY permet de développer des aptitudes en tout genre, en plus de son rôle ludique initial. Il est aussi une invitation à passer à l’acte de l’autoréalisation. Parmi ses nombreux rôles et dans la lignée du point précédent, le DIY est aussi une façon de s’impliquer dans des réalisations tout en faisant quelques économies.

Au vu de l’ampleur que prend progressivement le concept, le partage et l’accompagnement des plus chevronnés envers les novices est de plus en plus courant. En témoigne également la multitude de sites dédiés. Lorsque l’on prend l’exemple de la couture, du tricot ou de la cuisine, nombreux sont les cours vidéo, blogs en tous genres ou ateliers collectifs apportant leur lot de conseils aux intéressés. Car le DIY est devenu, outre un concept, une communauté qui se rassemble autour de thématiques et d’envies communes : volonté de cesser de jouer les consommateurs passifs ; opposition à l’obsolescence programmée ; réappropriation de la technologie et des objets ; développement durable et local ; apprentissage et éducation par l’échange, le partage et l’expérimentation.

Des bienfaits multiples

Aussi, les avantages qu’apportent les loisirs créatifs pour le moral comme pour la santé sont légion. Voici donc l’occasion de passer en revue quelques-uns d’entre eux.

À commencer par une forme d’évasion : les loisirs créatifs aident à se vider la tête, mais aussi à se déstresser du quotidien. L’esprit se concentre uniquement sur la tâche qu’il s’est résolu à accomplir. Les pensées négatives ne sont alors plus au cœur des préoccupations lors de la pratique de l’activité souhaitée. Dans cette logique, ils ont cette vertu d’apporter de la positivité, en ce sens qu’ils contribuent au développement personnel de celui qui s’y essaie. L’expérience et le temps ont montré que les loisirs créatifs permettent de découvrir ses propres aptitudes et même des talents insoupçonnés.  

La débrouillardise, ensuite : accomplir des tâches par soi-même et développer son panel de compétences sont toujours des fins bénéfiques en soi. Dans une société hyper consumériste, faire appel à un professionnel pour des services ou jeter un objet lorsque celui-ci est usé sont presque devenus des réflexes pour beaucoup. Apprendre un nouveau savoir-faire pour créer ou réparer est aussi, en plus d’aller à contre-courant, l’adoption d’un comportement économe, écologique et indépendant.

Au vu du large panel de loisirs créatifs existant, la curiosité et la volonté de découverte de l’intéressé est plus que bienvenue. Tantôt le bricolage, tantôt le serviettage ou le collage, il est aisé de s’essayer à tout type d’activité pour savoir si elle nous correspond ou non. Dans le cas concluant, cette découverte peut mener à une passion, voire une vocation ; le cas échéant, était-ce vraiment du temps perdu ?

À défaut de citer tous les bienfaits liés à la pratique occasionnelle comme régulière de ces loisirs créatifs, on pourra encore amener que ces derniers favorisent la concentration, peuvent être l’expression de ses émotions, développent la dextérité ou encore luttent contre la dégénération cérébrale.

Émergence des boutiques malgré le risque d’essoufflement

Pourtant, depuis quelques mois, la tendance du loisir créatif retombe dans ses travers et dans une forme de désintéressement ou de lassitude par ses consommateurs. Sans inquiéter pour autant, cette baisse s’explique notamment par la fin des confinements, l’omniprésence des écrans et le retour à des sorties sous toutes leurs formes.

Mais le loisir créatif est devenu, au fil des années, un marché particulièrement lucratif. Ainsi, les enseignes et marques redoublent d’ingéniosité, souvent aidé par les réseaux sociaux (Instagram, Facebook, YouTube ou encore Pinterest), pour le rebooster. De plus en plus de boutiques ont alors émergé et se sont développées physiquement comme en ligne. Et pour attirer le plus grand nombre, celles-ci ne sont pas exclusivement réservées aux experts des travaux manuels. Bien au contraire, les novices sont les bienvenus pour flâner et trouver le matériel recherché ou tout simplement pour vous donner de nouvelles idées. Car pour se lancer dans les loisirs créatifs, il est le plus souvent indispensable de se procurer a minima du matériel. Souvent, mais pas systématiquement, car dans des activités de récupération ou de réparation, seuls vos matériaux déjà disponibles, des outils et de l’huile de coude seront nécessaires.  

Axel Poulain