FDSEA-JA
De la création en 1945 aux premières divergences de 1975

En 1884, une loi légalise les syndicats professionnels. De novembre 1943 à janvier 1944 sont constitués les comités qui deviendront les syndicats agricoles locaux. Quels événements ont marqué ces 140 ans, et plus spécifiquement ces 80 ans ? Focus, une fois par mois, sur les grandes étapes de l’histoire syndicale départementale. Cette semaine, les dates importantes de février.

De la création en 1945 aux premières divergences de 1975
Lors de l’assemblée générale de la FDSEA de février 1975, deux courants syndicaux s’opposent. Les principaux responsables de la FDSEA sont changés. S’en suivent alors plusieurs années de turbulences et une scission.

1944 : les prémices de la FDSEA

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, tout est à reconstruire : le pays, l’économie, mais aussi l’organisation professionnelle de l’agriculture. Une ordonnance du 12 octobre 1944 prévoit la création d’un Comité national d’action agricole, puis des Comités départementaux d’action agricole (CDAA). Celui de la Loire voit le jour le 26 septembre 1944, sur ordre du préfet. La même année, le CDAA décide la constitution de Comités communaux d’action agricole (CCAA). Au total, sur 338 communes, 321 ont procédé normalement à la constitution de leur comité local à la fin du mois de février 1945. Sur 39 823 électeurs inscrits (listes dressées par les maires des communes), 24 127 ont voté.

Le second temps de la réorganisation syndicale est la constitution des syndicats agricoles, sous réserve de l’autorisation du préfet. Les statuts précisent que seuls les agriculteurs exploitants peuvent y adhérer. La loi prévoit que « chaque syndicat sera affilié à la Fédération départementale des syndicats d’exploitants (FDSEA) ». Dans la pratique, la formation des syndicats s’opère à partir de la conversion des CCAA. Cette opération se réalise dans la plupart des communes en février 1945. En juin de cette année, 290 syndicats étaient formés alors que les élections de Comités communaux d’action agricole avaient eu lieu dans 321 communes.

1945 : le premier président de la FDSEA

En mars 1945, le compte de Neufbourg est élu à la tête de la FDSEA au premier tour. Puis, lors de l’assemblée générale le 22 février 1946, il se retire volontairement de la présidence. Il soutien Pierre Collet, qui était jusqu’alors un des vice-présidents, pour le remplacer. Ce dernier est finalement élu au second tour. Dans les années 50, Pierre Collet a une autorité incontestée dans le département. Il est épaulé par une équipe administrative, tant à la FDSEA qu’à la Chambre d’agriculture, dirigée par François Dubanchet. Dans le même temps, il entreprend une longue carrière dans les organisations agricoles nationales (lire l’encadré).

Années 1970 : des signes de clivage syndical

A la fin des années 1960, apparaissent les premiers signes d’un clivage syndical issu d’une opposition entre conservatisme et modernisme. Au niveau national, des leaders de Loire-Atlantique publient le livre Les paysans et la lutte des classes. Ce courant est rejoint par des membres du CDJA (Centre départemental des jeunes agriculteurs) de la Loire (lire ci-dessous) et se renforce avec les événements de mai 68. Il prône une lutte syndicale pour défendre les prix en fonction des coûts de production et veut faire de la coopération un outil de lutte syndicale.

Dans le département, ce mouvement s’oppose aux partisans de l’unité syndicale, représentée par Claudius Piot et Robert Duclos. L’équipe de la FDSEA en place estime que la division syndicale va à l’encontre des intérêts du monde agricole. Elle pense donc qu’il faut tenir compte de ce nouveau courant mais ne pas lui laisser prendre la majorité. La première cible du courant contestataire, regroupé sous la bannière « Paysans travailleurs », est le CDJA, puis la fédération laitière et enfin la FDSEA, par infiltration progressive. Le bureau du CDJA est remplacé par un collectif en 1972. Les clivages syndicaux apparaissent réellement dans la Loire à partir de 1973. Claudius Piot et Robert Duclos arrivent malgré tout à gérer la situation. Mais, avec les élections de 1975, l’inquiétude grandit quant à l’avenir du syndicalisme dans la Loire.

A l’assemblée générale de la FDSEA de février 1975, les deux courants présentent des positions relativement proches sur les objectifs, mais les divergences se font sur les moyens à mettre en œuvre. Le désaccord porte également sur la place de la coopération dans le syndicalisme. Les principaux responsables de la FDSEA sont changés : Joseph Blanc remplace Claudius Piot à la présidence et Jean-François Denis au poste de secrétaire général remplace Robert Duclos, élu l’année précédente à la présidence de la Chambre d’agriculture.

1982 : la FDSEA suspend son adhésion à la FNSEA

Ce mandat permet au courant « Paysans travailleurs » d’investir totalement la FDSEA et d’élire, en 1981, à la présidence Jean-Claude Ker. En février 1982, lors de l’assemblée générale de la FDSEA, les nouveaux responsables font voter une motion pour suspendre l’adhésion de la FDSEA à la FNSEA.

La suite de cet épisode de scission sera donnée dans l’épisode de mars de cette série dédiée à l’histoire du syndicalisme. Effectivement, le 3 mars 1983, une assemblée générale de la FDSEA se tient pour décider de l’adhésion ou non à la FNSEA. Le oui l’emportera.  

1983 : nouveau bureau du CDJA

Dans la période de scission syndicale (lire au-dessus), le CDJA (Centre départemental des jeunes agriculteurs) décide, en juin 1982, de ne plus adhérer au CNJA en raison de divergences. Il rejoint la FNSP (Fédération nationale des syndicats paysans), qui venait de se constituer et qui deviendra plus tard la Confédération paysanne. Mais, des jeunes, qui se trouvent minoritaires parmi les responsables départementaux  et en accord avec les idées nationales, souhaitent aller à l’encontre de cette décision et prennent les choses en main pour renverser la tendance. Le CNJA, la Chambre d’agriculture et des jeunes agriculteurs du département s’emploient à reconstruire des centres cantonaux.

Le 11 février 1983, un nouveau bureau du CDJA, pro CNJA, est reconstitué, avec Guy Beny comme président, Bernard Villard comme secrétaire général, André Perret comme secrétaire général adjoint, Louis Metton comme trésorier et Catherine Guillaume, Pierre Dessertine, Partick Viricel et Jean-Paul Metton comme vice-présidents. Le CDJA obtient une subvention exceptionnelle de la part du Conseil général de 50 000 F. Le CDJA-FNSP doit abandonner son sigle Centre départemental des jeunes agriculteurs en février 1984 au profit du « vrai » CDJA adhérant au CNJA.

 

Lucie Grolleau Frécon