Concours général agricole
Concours : de la Loire à Paris, du producteur au juré

Chaque année, le Salon international de l’agriculture se tient à Paris (lire ici). Depuis 60 ans, il accueille le Concours général agricole, un rassemblement, notamment de denrées venues des quatre coins de l’Hexagone, qui récompense les meilleurs producteurs. 

Concours : de la Loire à Paris, du producteur au juré
Jusqu’à six jurés se retrouvent autour d’une table pour goûter, tester, regarder les différents produits avant de les juger.

Confitures, vins, fromages ou encore charcuterie, de multiples produits, tout comme des animaux, sont jugés lors du Concours général agricole dans le cadre du Salon international de l’agriculture à Paris. Depuis les années 1980, Jean-Baptiste Moine, ancien professeur au lycée de Précieux (Campus agronova), s’y rend tous les ans. Le retraité ligérien y exerce la fonction de commissaire et se charge du prélèvement des produits venant de la Loire.   

N'importe quel producteur professionnel peut inscrire ses produits au concours, « il faut juste un minimum de trois producteurs différents pour présenter un produit » dans une catégorie, précise le commissaire. Sur son site internet, le concours explique qu’il a pour mission « d’encourager les producteurs, de soutenir le développement économique de leurs filières de production […] et plus généralement, de promouvoir, auprès des consommateurs, une alimentation de qualité issue de l’agriculture et de l’élevage français ». Le jugement des catégories de produits, des viandes au jus de fruits en passant par les bières, s’organise sur plusieurs jours. Les produits laitiers, par exemple, sont jugés le lundi matin, un planning qui ne change jamais.   

Le Concours général agricole se présente comme une manière de « récompenser la richesse et la diversité des goûts ». Alors que beaucoup souhaitent recevoir une médaille, de nombreux producteurs attendent surtout les avis des goûteurs. Pour chacun des mets jugés, des remarques sont laissées pour aiguiller le producteur sur les voies possibles d’amélioration. « Les commentaires que fait le jury permettent d’ajuster le tir », complète Jean-Baptiste Moine. Mais recevoir une médaille apporte aussi une plus-value à un produit. « Le concours donne une indication au consommateur, c’est un label de qualité. »  

Cette année, la Loire voit une centaine de produits différents de son terroir monter à Paris. Une quantité deux fois plus importante qu’en 2020. « J’ai prévu quatre jours pour tout prélever », indique le retraité, en détaillant son mode d’organisation qui le fait passer dans tous les territoires ligériens. Sur tout l’événement, 18 commissaires s’occupent des denrées alimentaires qui seront présentées aux différents jurés.   

Lors de la précédente édition, le Concours général agricole avait médaillé 5 479 produits et vins parmi les 22 256 présents, 7 034 jurés étaient présents et 5 535 producteurs se sont retrouvés distingués.  

Concourir ou juger, inscription par internet

Pour faire participer un produit ou pour prendre part aux décisions, les inscriptions se font sur le site internet du concours. Pour l’édition 2022, ces dernières se sont clôturées en janvier. Ceux qui ont décidé de présenter leur production ont créé un compte sur l’espace qui leur est dédié. Après avoir sélectionné la catégorie de produits dans laquelle l’échantillon sera inscrit, il leur reste à faire parvenir le produit à Paris pour le début du concours. Parmi toutes les denrées, seuls les vins sont contraints d’être présélectionnés afin d’éviter une trop grosse concentration lors du concours. Avec un très grand nombre d’échantillons participant, le Concours général agricole est défini, sur son site internet, comme « sans équivalent dans le monde, […] en diversité de produits en compétition ». 

Des consommateurs avertis peuvent participer à la dégustation qui sélectionne les meilleurs produits. Le Concours général agricole propose des formations pour être juré. « Vous vous inscrivez en décembre, vous choisissiez la catégorie de produit pour laquelle vous voulez déguster », complète Jean-Baptiste Moine. Les formations sont faites pour apporter des connaissances sur le produit et informer sur les critères d’évaluation. Elles aident aussi à la reconnaissance des différentes sensations lors de la dégustation ou encore enrichissent les futurs jurés avec un vocabulaire spécifique. 

En 2020, 7 000 dégustateurs étaient présents pour les finales du concours. « Dans les années 1980, des tables étaient installées sur le ring des animaux pour faire le concours », se remémore Jean-Baptiste Moine. Maintenant, c’est un hall qui leur est dédié. Les jurés, au nombre de six par table, testent de nombreux produits durant les cinq jours de concours. Avec eux, des petits accompagnements sont disponibles, notamment des morceaux de pain, qui aident les gouteurs à neutraliser les goûts des précédentes gorgées de vins avant les prochaines. 

Avant de passer devant le jury, chaque échantillon doit être identifié. « À l’arrivée des produits à Paris, je vais les réidentifier avec un numéro d’anonymat », explique le commissaire. Ensuite, ils se retrouvent sur les tables pour être évalués. Les jurés donnent alors leur avis sur des fiches d’appréciations. Avant de délibérer, « ils discutent, dégustent, testent », commente Jean-Baptiste Moine, en faisant une reconstitution d’un de ces moments. « Ils n’ont pas le droit de médailler plus de 30% de produits, donc trois produits sur dix présentés, par exemple. » 

Selon les produits, l’échange et la décision ne se font pas de la même manière. « Avec les vins, les jurés se font leur avis avant de le confronter à celui des autres », raconte le commissaire. Quant aux fromages, les jurés se concertent et font leurs commentaires directement. Il précise : « La dégustation est une leçon de modestie ». 

Une évolution continuelle 

En 150 ans d’existence, les concours se sont diversifiés et sont devenus plus nombreux. Ils ont intégré les animaux, d’autres produits, puis les jeunes professionnels et enfin les pratiques agro-écologiques. Effectivement, le Concours général agricole révèle les jeunes talents par le biais de cinq concours dédiés. Ils récompensent des élèves de l'enseignement agricole, hôtelier ou commercial, et des futurs jeunes professionnels, agriculteurs récemment installés ou jeunes producteurs de vins. Le dernier concours ayant intégré le dispositif concerne les prairies françaises, celles qui ont « le meilleur équilibre agro-écologique ». 

A noter aussi que le prix d’excellence décerne une récompense aux producteurs qui ont reçu de très bons résultats sur les trois dernières années. 

Arthur Bonglet