DNC : la FNB demande des mesures d’urgence pour les broutards et les veaux
Réunis dans la Loire, en amont du Sommet de l’élevage, les responsables de la Fédération nationale bovine (FNB) ont présenté les demandes faites à l’État face aux blocages des bovins liés à la Dermatose nodulaire contagieuse (DNC) : mesure de retrait d’abattage compensé et exportation des animaux vaccinés.

Dans un système allaitant naisseur, comment faire pour repousser et engraisser les broutards qu’il est impossible de vendre pour l’instant en raison de la réglementation relative à la DNC (Dermatose nodulaire contagieuse) ? Que faire des petits veaux dans un élevage laitier ? Comment payer ses factures alors que l’automne est habituellement synonyme d’entrée d’argent avec la vente des broutards ? Autant de sujets qui ont été abordés par les éleveurs roannais venus à la rencontre de Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine (FNB), ce jeudi matin sur la ferme du Gaec de Bussières à Notre-Dame-de-Boisset (Loire).
En amont du Sommet de l’élevage, les responsables de cette association spécialisée de la FNSEA, ainsi que ceux des syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs de la Loire et du Rhône et de leur structures régionales respectives organisaient une conférence de presse jeudi 2 octobre pour expliciter les mesures soumises à l’État visant à accompagner les éleveurs dont les animaux (broutards et veaux laitiers) ne peuvent pas être commercialisés en raison de la DNC, mesures visant à soulager les éleveurs et à fluidifier les marchés.
Deux mesures claires
« En août, nous avons posé sur le bureau de la ministre de l’Agriculture un dossier lui demandant de prendre des mesures pour les animaux bloqués dans la zone réglementée 1 », indiquait Patrick Bénézit, président de la FNB. Elles sont toujours d’actualité avec la mise en place de la 2e zone consécutive au cas de DNC dans le Rhône confirmé le 19 septembre. Dans un premier temps, une intervention financière de l’État est sollicitée dans le cadre « d’une mesure de retrait d’abattage compensé ». C’est à dire que la possibilité serait laissée aux éleveurs qui le souhaitent de faire abattre des broutards, avec une compensation de prix en lien avec le manque à gagner par rapport à une vente dans un circuits commercial habituel.
Au-delà, la FNB demande des solutions pour les bovins dûment vaccinés. « Nous considérons que rien n’empêche qu’ils soient commercialisés en France et dans les pays européens. Le délai des quatorze mois après vaccination est une règle fixée entre les pays européens. Pourquoi ne pas la faire évoluer ? Nous attendons que la ministre de l’Agriculture prenne des engagements et commence dès maintenant les négociations. »
Pour Jean-Luc Perrin, président de la FDSEA de la Loire, « cela passe bien évidemment par une vaccination efficace : elle doit être maximale et rapide. Les agriculteurs sont pleinement engagés dedans, mais ils n’oublient pas la commercialisation de leurs animaux, broutards et veaux laitiers. Nous devons trouver des solutions politiques. » Et d’ajouter : « Au Sommet de l’élevage, notre objectif est de porter des messages concrets et précis. Si les réponses ne sont pas à la hauteur des attentes, nous n’hésiterons pas mobiliser les agriculteurs.»
Que les opérateurs ne profitent pas la situation
La situation est d’autant plus ubuesque que le contexte est plutôt favorable, avec des cours en augmentation depuis plusieurs mois. Aussi, « notre rôle est de faire en sorte que les opérateurs ne profitent pas de la situation, intervenait Jonathan Janichon, président de la FDSEA de l’Ain et membre du bureau de la FNB. Il ne faut pas passer d’un problème sanitaire à un problème commercial, alors même que les flux sont tendus. Les opérateurs ont besoin de viande, les frigos sont vides. Les Italiens ont également besoin de nos broutards. »
En parallèle, « les éleveurs ne doivent pas paniquer. Certes, ce délai de 45 jours avant de pouvoir vendre des animaux peut paraître long, mais il doivent avoir conscience que leurs animaux n’ont jamais été autant recherchés et eu autant de valeur », assurait le président de la FNB. C’est à dire qu’ils sont encouragés à ne pas brader leurs animaux à la levée des restrictions.
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Et les veaux laitiers ?
Mickaël Gonon, membre de la section régionale laitière et responsable syndical dans le Rhône, abordait la problématique des veaux laitiers qui ne peuvent pas être commercialisés. « Cela entraîne une surcharge de travail pour les éleveurs, une concentration d’animaux dans les bâtiments, avec une augmentation du risque sanitaire. » Sans oublier que la hausse du chargement peut avoir des conséquences sur l’ICHN (Indemnité compensatoire de handicap naturel). « Est-ce que l’État va les pénaliser ? », interrogeait-il. Et d’ajouter : « Les éleveurs sont prêts à prendre le risque de ne pas brader leurs veaux à condition qu’ils aient des garanties de l’État sur la levée des contraintes de chargement. » Et d’insister : « Nous voulons bien être des boucliers, mais pas des martyrs. Il nous faudra des compensations. » Pour Patrick Bénézit, la DNC peut être considéré comme un cas de force majeure dans le cadre de la Pac qui permettrait d’assouplir la réglementation.