FDSEA-JA
Histoire du syndicalisme : ça s'est passé en novembre

En 1884, une loi légalise les syndicats professionnels. Quels événements ont marqué ces 140 ans, et plus spécifiquement ces 80 ans ? Focus, une fois par mois, sur les grandes étapes de l’histoire syndicale départementale. Aujourd'hui, les dates importantes de novembre.

Histoire du syndicalisme : ça s'est passé en novembre
Dans son livre De la pioche à internet, Robert Duclos, ancien président de la Chambre d’agriculture de la Loire, aborde largement la Jeunesse agricole catholique et sa méthode « voir-juger-agir ».

La JAC à l’origine du développement agricole et du syndicalisme

La Jeunesse agricole catholique (JAC) rappelle des souvenirs aux plus anciens, mais est sûrement inconnue pour les plus jeunes. Ce mouvement a évolué aux côtés du syndicalisme et lui a fourni de nombreux responsables, à l’échelle départementale comme nationale. La JAC a officiellement été constituée en novembre 1929 par l'abbé Jacques Charles du diocèse de Nancy-Toul (Meurthe-et-Moselle). Elle est un des mouvements français d’Action catholique. Au départ, elle a un but essentiellement religieux et éducatif, visant à évangéliser les campagnes et à améliorer les conditions de vie des habitants, dans un contexte où il est difficile de reconstruire la France après la Première guerre mondiale et où les paysans de sentent méprisés des villes. Elle organise également des activités de loisirs.

Après la Seconde guerre mondiale, la JAC se développe rapidement dans les campagnes, où les habitants sont encore très pratiquants. Lors des réunions, au cours desquelles il est question d’organisation de formations et d’activités d’animation, les membres traitent aussi de la nécessité de la mécanisation et des progrès techniques pour augmenter la production agricole afin de nourrir la population française. Dans les années 1950, pour les “Jacistes“, la modernisation des exploitations et de l’habitat est indispensable pour améliorer les conditions de travail et de vie des agriculteurs.

Au début des années 1960, les agriculteurs sont moins nombreux dans les campagnes. L’essor de la télévision dans le milieu rural aurait également eu un rôle sur le moindre intérêt pour la JAC. Celle-ci doit se réorganiser et intègre, en 1965, le MRJC (Mouvement rural de jeunesse chrétienne) qui voit le jour. Elle aura fait émerger les grands responsables agricoles de l’époque, ceux qui sont notamment à l’origine du syndicalisme jeune, à l’image de Michel Debatisse, Forézien mais côté Puy-de-Dôme, qui deviendra président de la FNSEA. Elle aura aussi incité les agriculteurs à s’engager dans les organisations agricoles et dans les mouvements de développement de l’agriculture (par exemple les Ceta, Centres d’études des techniques agricoles). Les propositions des anciens Jacistes sont au cœur des lois d’orientation agricole de 1960 et 1962, qui ont contribué à l’organisation et la modernisation de l’agriculture française.

La naissance de la JAC dans la Loire

Dans la Loire, la JAC s’implante dès le début des années 1930, avec un premier foyer dans la vallée du Gier (autour de Saint-Paul-en-Jarez) et un second dans le Roannais (secteur de Charlieu). Dans le nord du département, Pierre Collet et François Petit sont particulièrement moteurs. Le premier deviendra président de la FDSEA et de la Chambre d’agriculture de la Loire, mais aussi président de l’APCA (Assemblée permanente des chambres d’agriculture). Le second endossera le rôle de secrétaire général de la Chambre d’agriculture de la Loire.

Ce n’est qu’en 1936 que la JAC se développe vraiment dans l’ensemble du département. Jean Vercherand, dans son livre Un siècle de syndicalisme agricole, rapporte qu’ « en août 1938, une “fête de la terre“ réunit 2 000 participants à Grézolles. Certes, ce ne sont probablement pas tous des adhérents jacistes, mais cela prouve la capacité du mouvement à mobiliser la jeunesse agricole ». Il complète : « A la veille de la guerre, la Loire fait partie des trois zones françaises où la JAC est la plus développée. »


Retrouvez l'histoire du syndicalisme de la Loire mois par mois : janvier, février, mars, avril, mai, juin, juillet, août, septembre et octobre.


Après la Seconde guerre mondiale, le mouvement s’étend massivement, avec une implantation certaine dans les zones de montagnes et plus compliquée en plaine, probablement en raison des différences de structures agricoles. Jean Vercherand écrit : « De manière générale, la vie villageoise est beaucoup plus intense en montagne, où petite et moyenne paysannerie sont massivement présentes », correspondant ainsi plus aux valeurs et aux activités de la JAC. […] Celle-ci « a su offrir à cette jeunesse un lieu de réflexion basé sur sa propre expérience, sur son vécu, un lieu d’échange et d’épanouissement intellectuel, mais aussi un lieu de rencontre et de distraction. » Pour redonner confiance en leur métier aux agriculteurs et aux aides familiaux, la JAC s’appuie sur une pédagogie : "voir-juger-agir".

La JAC et le syndicalisme

La Jeunesse agricole catholique tient un rôle non négligeable dans la constitution de la première équipe de Fédération des syndicats d’exploitants agricoles de la Loire, en mars 1945 lors du Congrès d’unité paysanne. Tous ses candidats sont élus. Une des vice-présidences revient à Pierre Collet et le poste de secrétaire général à François Petit. Puis, au milieu des années 1950, les Jacistes s’engagent dans le Cercle national des jeunes agriculteurs, mouvement jeune de la FNSEA.

Après l’âge d’or des années 1950-1955, les effectifs des membres de la JAC diminuent alors que l’exode rural se poursuit, à l’image de ce qu’il se passe en France. « Surtout, le vide qu’elle avait su opportunément combler l’est désormais par d’autres structures ou, d’une autre façon, ne serait-ce que par l’allongement de la scolarité, analyse Jean Vercherand. La JAC, elle-même, est victime de son propre succès dans la mesure où ses militants, une fois engagés dans la vie professionnelle, créent des structures dont les fonctions se substituent, partiellement, à celles qu’elle remplissait. »

Lucie Grolleau Frécon

 

La naissance du syndicalisme jeune
Les membres du premier bureau de la Fédération départementale des jeunes syndicaliste agricoles (FDJSA), constituée en 1957, qui deviendra CDJA puis JA Archive Paysans de la Loire.

La naissance du syndicalisme jeune

C’est en 1954 que la première organisation du syndicalisme jeune voit le jour. Dans les journaux Paysans de la Loire de novembre de cette année, plusieurs articles annoncent la création du Cercle départemental des jeunes et invitent chaque canton à fournir le nom de deux délégués. Ils sont conviés à l’assemblée générale de l’Organisation départementale des jeunes agriculteurs, qui se tient le 29 novembre 1954 à Saint-Etienne. Effectivement, la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) a décidé de constituer une équipe départementale de jeunes agriculteurs, exploitants ou fils d’exploitants. Au cours de cette assemblée constitutive, il a été décidé des activités dont elle aurait la charge (loisirs et voyages, stages, formation et enseignement, presse et publications ou encore voyages d’études) et de leurs responsables. Ceux-ci constituent le premier noyau du conseil d’administration.

En mai 1957 est officiellement créée la Fédération départementale des jeunes syndicaliste agricoles (FDJSA), portée par la FDSEA. L’assemblée constitutive se tient en présence de Michel Debatisse, vice-président de la Fédération nationale des jeunes agriculteurs. Une soixantaine de jeunes, élus à l’échelle de leur canton, sont réunis, dont deux femmes (précise Paysans de la Loire du 10 juin 1957), et élisent les délégués d’arrondissement, constituant le conseil d’administration. Le 8 juin 1957, celui-ci se réunit pour élire les membres du bureau, André Moulard devient le premier président de ce qui deviendra Jeunes agriculteurs Loire. Pendant plusieurs années, les jeunes syndicalistes poursuivent leurs actions de formation technique, souvent au plus près des adhérents, en organisant des rencontres cantonales. Elles constituent le cœur de son activité. La FDSJA prend également en charge l’organisation des concours de labour, jusqu’alors pilotés par les services de l’Etat et la Chambre d’agriculture.

De FDSJA à CDJA, puis JA

Début 1962, la FDJSA constitue des Centres cantonaux de jeunes agriculteurs. Ses statuts sont modifiés. Elle prend le nom de Centre départemental des jeunes agriculteurs (CDJA). Jusqu’alors, le syndicalisme jeune départemental regroupait des jeunes à titre individuel. Il rassemble désormais des centres cantonaux auxquels adhèrent les agriculteurs.

En 2002, le réseau CNJA et CDJA prend sa dénomination actuelle de Jeunes agriculteurs (JA).

LGF